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Cette plante vivace (Pl. V), herbacée, est très-commune dans tous les lieux incultes. On la rencontre partout, le long des chemins, sur les bords des champs, dans les lieux secs, arides, sur les masures.
'''Description'''. — Racine à peu près de la grosseur du doigt, longue, ligneuse, fibreuse, rampante. — Tiges de 1 mètre et plus, droites, fermes, cylindriques, cannelées, rameuses supérieurement, d'un vert blanchâtre, quelquefois rougeâtre, légèrement pubescentes. — Feuilles d'un vert sombre en dessus, blanches et cotonneuses en dessous, alternes, pinnatifides, à folioles lancéolées en haut de la tige, les florales linéaires, pointues. — Fleurs en capitules ovoïdes disposées en épis axillaires, formant une panicule terminale longue et étroite (juillet-septembre) ; chaque capitule se composant d'un involucre oblong à folioles ovales et lomenteuses, imbriquées, et de petits fleurons pâles ou rougeâtres, tubuleux, ceux du centre hermaphrodites, à cinq dents au limbe, ceux de la circonférence presque filiformes ; réceptacle nu. Le reste offrant les caractères de l'absinthe. Les fruits sont des akènes cylindriques, obovales, lisses, terminés par un disque très-étroit.
'''Parties usitées'''. — La racine, les feuilles et les sommités.
L'armoise est tonique, stimulante, antispasmodique, emménagogue. On l'a employée dans l'hystérie, la chlorose, l'aménorrhée, la chorée, les vomissements spasmodiques, les convulsions des enfants, les névralgies, l'épilepsie, etc.
Les propriétés emménagogues de cette plante ont été préconisées par les médecins de l'antiquité et constatées depuis par tous les praticiens. Hippocrate (1) la regarde comme un remède propre à expulser l'arrière-faix. Dioscoride la prescrit pour provoquer les règles et accélérer l'accouchement. Zacatus Lusitanus a rétabli, au moyen de l'infusion d'armoise, un flux menstruel arrêté depuis dix ans. Demésa (2) a obtenu dans un cas semblable un égal succès.
La décoction d'armoise, dont on dirige la vapeur sur la vulve, est mise en usage pour rappeler les règles et favoriser l'écoulement des lochies. On lui associe quelquefois, dans ce mode d'application, l'absinthe, la matricaire, le souci, le cerfeuil. On administre aussi l'armoise en lavement pour remplir la même indication. J'ai vu des femmes de la campagne appliquer des cataplasmes de feuilles et sommités de cette plante sur le bas-ventre des nouvelles accouchées pour favoriser l'expulsion des caillots sanguins et de l'arrière-faix.
Fernel conseille comme emménagogue un pessaire composé de suc d'armoise et de myrrhe. Nous négligeons trop les pessaires médicamenteux; les anciens les employaient fréquemment et avec avantage.
J'ai employé le suc d'armoise avec succès dans l'aménorrhée ; j'en fais prendre 30 à 80 gram. à jeun pendant les dix jours qui précèdent le molimen utérin ou l'époque habituelle des règles. — Lorsque les malades répugnent à prendre le suc, je leur donne une forte décoction des sommités, tiède, le matin, pendant le même espace de temps. Je pourrais citer un grand nombre d'observations qui constatent l'effet emménagogue de l'armoise ainsi administrée : les limites qui me sont tracées par la nature de mon travail ne me permettent, le plus souvent, qu'une simple mention. — Lorsqu'il y a chlorose, je joins au suc d'armoise la teinture de Mars tartarisée, et je fais prendre ce mélange dans un verre de vin blanc. Ce moyen m'a surtout réussi lorsque la chlorose était accompagnée d'un état d'inertie de la matrice, ce qui a le plus ordinairement lieu. Il serait nuisible si cet organe, comme cela se rencontre quelquefois, était surexcité.
Lorsque par atonie les lochies languissent, je fais prendre l'infusion chaude d'armoise, surtout chez les femmes qui n'allaitent pas. J'ai remarqué que l'écoulement muqueux utérin est plus abondant par l'effet de l'armoise, et que cette dérivation contribue à la diminution de l'afflux du lait dans les mamelles. Une longue pratique comme médecin-accoucheur m'a mis à même de vérifier ce fait un grand nombre de fois. Il est d'ailleurs expliqué par les relations sympathiques qui existent entre deux appareils d'organes qui concourent au même but. C'est par un effet inverse, et en vertu de ces mêmes relations, que les ventouses appliquées aux mamelles font cesser
Home a obtenu des résultats avantageux de l'emploi de l'armoise contre l'hystérie ; il donnait des feuilles en poudre à la dose de 4 gram. répétée quatre fois par jour.
Biermann (1) administre contre les convulsions, pendant la première dentition, 2 centigr. et demi de poudre de racine d'armoise mêlée à 25 centigr. de sucre pulvérisé. Cette dose est donnée d'heure en heure. On l'augmente graduellement jusqu'à 10 centigrammes.
L'armoise a été mise en usage dans la chorée, les névralgies, les vomissements nerveux chroniques. A une certaine dose, le suc d'armoise peut lui-même provoquer le vomissement. Je l'ai vu produire cet effet à la dose de 60 gram. chez une femme délicate et nerveuse. Lorsqu'on veut le donner comme altérant, il est bon de commencer par une moindre dose, et de n'augmenter que graduellement.
Matthiole, Tragus, Fernel, Simon Pauli, Joel, Schroeder, Ettmuller, etc. ont recommandé la racine d'armoise comme un remède antiépileptique très- efficace.
Nous trouvons dans Joel :
« ''« Experientia comprobatum est, pridie D. Johannis Baptistæ, sub radicibus artemisiæ evulsæ carbones reperiri, quorum 31. Si in pulvisculum redigatur, et cum aqua stillatitia florum tiliæ aut florum lilior. Convallium ebibenda offeratur, protinus ægrum ab epilepsia liberatum iri. »'' »
Et dans Ettmuller :
Burdach (2) cite cinq cas où ce médicament a produit les plus heureux effets ; il a remarqué que ce moyen s'était surtout montré efficace chez des sujets atteintsd'épilepsie pendant une élongation trop rapide. Schoenbeck(3), Graefe (4), Brocx(5), Lœvenhœck (6), Hufeland, Bresler et plusieurs médecins allemands ont publié plusieurs faits tendant à prouver l'utililé de son usage contre les accès épileptiques. Dans la plupart de ces cas, lorsque le remède agissait, il produisait une diaphorèse abondante.
Delwart a obtenu des résultats assez satisfaisants de l'administration de cette plante dans l'épilepsie des animaux domestiques.
Ainsi que l'absinthe, l'armoise a été vantée comme vermifuge. Je ne puis passer sous silence l'opinion de Parkinson qui assure que l'armoise fraîche ou son suc combat les effets de l'opium pris à trop forte dose ??
Wurtzer (7) a obtenu de très-bons effets de la racine d'armoise dans les fièvres intermittentes et les affections spasmodiques des enfants. Le Journal de médecine de la Gironde rapporte que le même moyen a réussi chez un individu qui était affecté à la fois d'épilepsie et de chorée.