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Laminaire (Cazin 1868)

Lamier
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Lampourde
PLANCHE XXIII : 1. Laiche des sables. 2. Laitue vireuse. 3. Lierre terrestre. 4. Lin cathartique. 5. Laminaire digitée.


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Nom accepté : Laminaria digitata


LAMINAIRE DIGITÉE. Fucus digitatus. L.

Fucus hyperboreus. Fl. Norv. — Fucus arboreus polyschides edulis. Rou syn. - Fucus maximus polyschides. Park. — Ulva digitata. Fl. Fr. - Laminaria digitata.

Baudrier de Neptune.

PHYCÉES. — LAMINARIÉES (Lamouroux). Fam. nat. — CRYPTOGAMIE ; ALGUES. L.


(Cette algue vivace (Pl. XXIII) est très-commune sur les côtes de l'Océan, et notamment sur les rochers des rivages de Normandie. Si l'on en croit Gunner, il existe chez les Lapons une tradition rapportant que les bacchantes se couvraient d'algues et dansaient dans la mer en agitant des tiges de laminaire, en guise de thyrses.

Description. — Racines fibreuses, circonscrivant une cavité conique centrale ; fronde stipitée, solide, comme ligneuse, se dilatant en une ou plusieurs expansions membraneuses planes, foliiformes, digitées, d'un vert olive pâle chez les jeunes sujets, plus foncé chez ies plus âgés, plus ou moins taché de brun, opaque, luisantes. — La tige et les racines sont souvent couvertes d'une profusion de petits fucus et de conferves. — La cavité formée par les racines est souvent obstruée par la délicate Patella lucida. — Spores amphigènes, dressées, agrégées en sores plus ou moins étendus. Zoospores.

Parties usitées. — La plante entière, la tige.

Propriétés playsiques et chimiques ; usages économiques. — A l'état cru, la laminaire est salée ; cuite, comme le fucus esculentus qui s'en rapproche beaucoup, elle a une saveur fade, légèrement jaunâtre. Lorsqu'on la laisse sécher au soleil, elle blanchit et il se montre à sa surface, sous forme d'efflorescence, une poussière salino-sucrée, moins abondante cependant que celle du F. saccharinus. Comme toutes les thalassiophytes, elle contient de l'iode en quantité sept fois plus grande que le F. vesiculosus, à l'état d'iodure alcalin, au milieu de la matière amylacée qui, avec une trame celluleuse, constitue son parenchyme. L'industrie en extrait de la soude. En Bretagne les diverses espèces de laminaires servent de combustible ; on les utilise aussi comme engrais. — En Irlande, cette plante est alimentaire, on l'accommode au lait, au beurre, etc. C'est une nourriture peu agréable, mais nourrissante, répandue sous le nom de Tangle.

A l'état frais, la laminaire entière peut être appliquée comme réfrigérant et après coction dans Q. S. d'eau comme cataplasme émollient. Calcinée, elle fournit des cendres qui, à l'exemple de celles du varech vésiculeux, sont prescrites dans tous les cas où le traitement iodé est indiqué. Mais, sans contredit, son usage le plus remarquable est celui qu'on en a fait dans ces dernières années comme corps dilatant. Sloan, d'Ayr[1], a remplacé l'éponge préparée, les racines de gentiane, de guimauve, etc., par des fragment des frondes de cette algue desséchée. Ils sont alors cylindriques, de la grosseur d'une plume d'oie, fermes, élastiques et tenaces ; ils sont noirs extérieurement ; ceux qu'on met en usage ont une longueur de 20 à 25 centimètres : de structure celluleuse, la laminaire quadruple et même sextuple de volume par le contact des liquides, et des expériencee comparatives ont prouvé que le gonflement se produit lentement et progressivement, mais d'une façon uniforme dans tous les points du cylindre, ce qui n'arrive pas

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  1. Glasgow med. Journ. et British medic. Journ., 28 février 1863.


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avec les autres corps. Cette plante a l'avantage de ne pas donner lieu à la fétidité comme l'éponge.

On s'en sert pour dilater le col de l'utérus, le canal de l'urèthre, les canaux lacrymaux, la trompe d'Eustache et toute espèce de trajets fistuleux. Elle a été employée pour agrandir la plaie sinueuse du général Garibaldi.

Avant d'introduire les cylindres de laminaire, il est nécessaire de les racler pour les dépouiller de leur couche extérieure noire ; puis de les faire macérer quelques minutes dans l'eau tiède. On peut les diviser, les employer entiers, et même au nombre de deux, trois et plus, suivant l'indication. Ils ont un inconvénient, c'est que, une fois dilatés dans une fistule, ils forment piston, c'est-à-dire qu'en voulant les retirer on éprouve la même sensation que produirait une ventouse sur laquelle on exercerait des tractions sans faire rentrer de l'air dans son intérieur. On peut obvier à cette petite difficulté amenant souvent de vives douleurs, en glissant une sonde cannelée le long de l'agent dilatateur et en tournant la cannelure de son côté, de façon à permettre à l'air de pénétrer au fur et à mesure qu'on le retirerait).