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Astrocaryum vulgare (Pharmacopées en Guyane)

Arecaceae
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Bactris gasipaes


Astrocaryum vulgare. Fruits mûrs du palmier awara



Astrocaryum vulgare Mart

Synonymies

  • Astrocaryum guianense Splitg. ex Mart. ;
  • Astrocaryum segregatum Drude ;
  • Astrocaryum tucumoides Drude.

Noms vernaculaires

  • Créole : awara [wara].
  • Wayãpi : awala.
  • Palikur : wahatwi.
  • Portugais : tucumã.

Écologie, morphologie

Palmier épineux très commun, fréquent surtout en zone dégradée. Il est absent de la Guyane méridionale.

Collection de référence

Moretti 1171.

Emplois

Les racines de ce palmier bien connu des Créoles guyanais sont prises en décoction plusieurs fois par jour, à raison de quatre à cinq racines par litre ; elles s’avèrent être un remède très efficace contre les crises de furonculose.

Avec l’amande, on prépare une huile épaisse appelée kio-kio, tyo-tyo ou tcho-tcho. L’huile de tyo-tyo est fabriquée de la façon suivante : après récolte des fruits tombés, on les laisse sécher pendant deux mois ; puis on casse les noyaux et on récupère les amandes que l’on fait tremper pendant deux à trois jours dans l’eau ; elles dégagent alors une mauvaise odeur. Les amandes sont ensuite placées à sec dans une marmite chauffée à feu doux. Une épaisse fumée se dégage et l’on arrose régulièrement pour éviter la calcination. Peu à peu l’huile se forme. Seules les personnes âgées peuvent préparer cette huile, car les filles et femmes réglées la feraient tourner. Cette préparation est sans doute un héritage africain, avec transposition sur un palmier américain de la préparation de l’huile de palme (Elaeis oleifera (H.B.K.) Bailey.).

Le tyo-tyo est utilisé en application locale pour soigner les furoncles et, imbibé sur un coton, pour calmer les maux de dent. Frictionné sur le corps de personnes fiévreuses, il favorise la transpiration. Enfin, il est utilisé chez les enfants pour soigner les crises de vers : l’huile est frottée sur le ventre et également bue, additionnée de sel et de sucre, comme « purge pour faire descendre les vers ». On l’emploie, entre autres usages, pour des frictions antirhumatismales et relaxantes [1]. Les fruits de ce palmier servent enfin à la préparation du plat traditionnel guyanais : le bouillon d’awara.

Des usages très similaires, sans doute d’origine créole, ont été notés par BERTON (1997) chez les Palikur Pour des emplois d’accompagnement, chez ces Amérindiens, de l’huile d’awara, cf. aussi, p. 178, Philodendron billietiae (Aracées), Cyperus articulatus (Cyperacées), Gossypium barbadense (Malvacées) et Tibouchina multiflora (Melastomacées)

Étymologie

Les mots créole awara et wayãpi awala sont empruntés aux langues karib (respectivement wayana et kali’na).

Chimie et pharmacologie

Les tests chimiques n’ont rien révélé de particulier.

La réputation dont jouit cette drogue nous a incité à réaliser un triage pharmacologique sur différents extraits de racine, selon un procédé mis au point par l’équipe de Recherches en chimie végétale du laboratoire Roger-Bellon et celle de l’université de Chatenay-Malabry : l’éluat éthanolique (FORGACS et al., 1983) de la macération aqueuse a montré une légère action antisécrétoire gastrique (test à la gastrine). Aucune inhibition (100 mg/ml) n’a été observée dans la recherche d’activité antibactérienne sur un large spectre : Staphylocoque 209 p, s. 914 ; Bacillus subtilis, Escherichia coli, Streptocoque A et D, etc. Cf. aussi l’introduction sur cette famille.

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  1. Les usages médicinaux des fruits de ce palmier très commun dans le nord-est de l'Amazonie et en Guyane sont déjà mentionnés dans les ouvrages anciens. Selon POMET (1735) « l’aroura croît d'une espèce de palmier des Indes occidentales, l'huile fortifiant les nerfs, atténue les humeurs froides. C'est ce qu'on appelle de l'huile de palme... ». Dans un même ordre d'idées, les Aluku oignent le corps des enfants pour soigner la toux (FLEURY, 1991). Les Puinave de Colombie utilisent l'huile extraite d’Astrocaryum tucuma Mart. en onction sur la poitrine pour soigner les problèmes pulmonaires (SCHULTES et RAFFAUF, 1990)