Aristolochiaceae (Pharmacopées en Guyane)
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Les populations de Guyane confondent en général les diverses Aristolochia, à l’exception d’Aristolochia trilobata, ce qui retentit sur les usages médicinaux propres à chaque ethnie, les espèces étant utilisées indifféremment. Tout au plus l’usage de telle ou telle espèce est-il répandu dans une région donnée en raison de son abondance. Cela est dû au fait que les Aristolochia forment un genre très homogène caractérisé par leurs fleurs bizarres, leurs tiges subérisées et une odeur très forte pratiquement identique pour toutes les espèces.
Dans les pays hispanophones d’Amérique du Sud, on donne le nom de guaco à plusieurs espèces de cette famille, à côté d’autres espèces appartement à la famille des Asteracées notamment du genre Mikania ; guaco désigne dans ces pays des plantes réputées alexitères (PLANCHON, 1891).
Sur le plan chimique, cette famille se caractérise par la présence assez générale d’acide aristolochique (MUNAVALLI et VIEL, 1969). Ce phénanthrène nitré a fait l’objet de nombreuses études pour ses propriétés antitumorales (KUPCHAN et MERIANOS, 1968 ; MORETTI et al., 1979). Les recherches menées dans cette voie ont été abandonnées en raison de sa trop forte toxicité. Le composé agit aussi comme anti-inflammatoire, stimulant l’activité phagocytaire et cette propriété lui vaut d’être inscrit depuis peu dans plusieurs pharmacopées. PAKRASI et SHALA (1978) ont montré qu’un dérivé de l’acide aristolochique, isolé de Aristolochia indica, possédait une action anti-oetrogénique et « anti-implantation » sur le rat à la dose de 50 mg/kg.
L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a attiré l’attention sur les risques encourus par l’absorption de médicaments contenant de l’acide aristolochique :
- le risque de développer un cancer des voies urinaires a été mis en évidence chez les patients ayant développé une insuffisance rénale sévère après avoir été exposés à Aristolochia fangchi.
- des cas d’atteinte rénale ont été rapportés en Allemagne et au Royaume-Uni, suite à la substitution accidentelle d’autres plantes par Aristolochia fangchi. Plusieurs cas ont été rapportés de patients ayant consommé dans les années 1989-1992 des préparations contaminées par cette espèce, de nombreux remèdes à base de plantes pouvant être « falsifiés » par introduction, volontaire ou non, d’acide aristolochique.
Toutes les Aristolochiacées sont plus ou moins aromatiques et toutes les espèces appartenant au genre Aristolochia renferment des huiles essentielles. Ces dernières sont composées de dérivés phénylpropanes (asarone, élémicine, safrol, méthyleugénol, eugénol), de monoterpènes, dont les plus fréquents sont le pinène, le bornéol et des sesquiterpènes.