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Grateron (Cazin 1868)

3 octets ajoutés, 3 décembre 2016 à 18:05
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Quoiqu'il en soit, le grateron ne mérite ni les éloges outrés des uns, ni la réprobation des autres. Il possède des propriétés réelles que l'observation m'a démontrées dans le traitement des hydropisies, où son action diurétique est prompte, puissante et durable. Les faits suivants confirment cette assertion :
 
''Anasarque''. — Mme Vasseur, âgée de cinquante-sept ans, jardinière, d'un tempérament lymphatico-sanguin, d'une forte constitution, habite depuis quelque temps un lieu bas et humide, où règnent fréquemment des fièvres intermittentes. Convalescente d'une fièvre tierce dont elle avait été atteinte dans les premiers jours de mai 1851, elle se couche sur l'herbe, s'endort, et se réveille saisie d'un frisson général. Dès lors, courbature, douleurs contusives dans les membres, et, trois jours après, bouffissure de la face, œdème des extrémités inférieures se propageant rapidement sur toute l'étendue du corps et constituant l'anasarque. Appelé le 8 juin, je constate les symptômes suivants : infiltration séreuse générale et très-considérable, urines rares, rouges, sédimenteuses, non albumineuses ; absence d'irritation gastro-intestinale, appétit ; pouls régulier, état normal du cœur, frissons vagues sans fièvre, parfois difficulté de respirer dans la position horizontale, sans signe d'épanchement thoracique. Je prescris la décoction de deux à trois poignées de grateron fraîchement cueilli dans 1 litre 1/2 d'eau réduit à 1 litre, à prendre chaque jour par tasses. Dès le lendemain, augmentation considérable de la sécrétion urinaire, persistant les jours suivants à tel point que le 12, jour de ma visite, la quantité d'urine rendue est de cinq à six litres dans les vingt-quatre heures. La continuation de l'usage de la décoction de grateron entretient cette abondante diurèse, dissipe rapidement l'infiltration et amène une guérison complète au bout de huit jours.
 
''Anasarque albuminurique'', suite de scarlatine. — Mlle Robart, âgée de dix-huit ans, d'un tempérament sanguin, bien réglée, et jouissant habituellement d'une bonne santé, venait d'être atteinte d'une scarlatine intense, avec angine diphthérique. A peine entrée en convalescence, elle quitte une petite chambre exposée au midi pour habiter un appartement beaucoup plus grand, exposé au nord et par conséquent plus froid. Deux jours après, le 10 juillet 1832, gonflement de la face, des mains et des pieds, urines albumineuses, insomnie, crainte, anxiété. Je prescris : fumigation dans le lit et frictions avec la vapeur de baies de genévrier, au moyen d'une bassinoire ; flanelle sur tout le corps, infusion de fleurs de sureau chaude pour boisson ; potion composée d'infusion de fleurs de coquelicot, 150 gr., d'acétate d'ammoniaque, liquide récemment préparé, 25 gr., de sirop des cinq racines diurétiques, 30 gr., à prendre par cuillerées dans la journée. Malgré l'emploi de ces moyens pendant quatre jours, l'infiltration s'accroît et gagne tout le corps, les urines précipitent une grande quantité d'albumine par l'acide nitrique, la malade se tourmente et désespère de son état. Je substitue à la médication ci-dessus indiquée la décoction concentrée de grateron, avec addition de sirop des cinq racines, à prendre tiède et par
tasses d'heure en heure. Dès lors, diurèse tellement abondante que la malade me dit le lendemain que sa nuit s'est passée à uriner copieusement et à chaque instant. Après huit jours de l'emploi du grateron, l'anasarque a disparu, les urines sont de moins en moins albumineuses, et le rétablissement, favorisé par la chaleur et les soins hygiéniques convenables, se complète en
quelques jours.
 
''Hydrothorax et anasarque''. — Seillier, âgé de soixante-quatre ans, charpentier, d'une taille moyenne, fortement constitué, faisant habituellement abus des spiritueux, atteint d'hydropisie depuis trois semaines environ, me fait appeler le 16 juin 1853. A mon arrivée, le malade présente l'état suivant : anasarque générale portée au plus haut degré, anxiété, oppression considérable, parfois sentiment de suffocation, impossibilité de rester dans une position horizontale, pouls intermittent, irrégulier, peu développé, battements du coeur irréguliers et par intervalles très-fréquents et brusques, urines rares, et ne précipitant pas d'albumine par l'acide nitrique. L'infiltration du tissu cellulaire rend difficile l'exploration de la poitrine, dans laquelle je puis néanmoins constater un épanchement séreux assez considérable. Le malade, qui jusqu'alors n'a pris pour tout traitement qu'une infusion de feuilles de cassis nitrée et un mélange de trois cuillerées de miel et d'une cuillerée d'eau-de-vie à prendre tous les matins, remède populaire indiqué dans le Recueil de Mme Fouquet<ref>Tome I, p. 130, 1739.</ref>, réclame un prompt soulagement. L'emploi de la digitale est indiqué ; mais l'action de ce médicament sur les reins se faisant presque toujours attendre deux ou trois jours, je lui préfère celui du grateron, dont l'effet a lieu presque immédiatement. La décoction concentrée de cette plante fraîche est prise dans les vingt-quatre heures ; quelques heures après, augmentation de la sécrétion urinaire ; le lendemain, cette augmentation est notable ; le troisième jour, le malade
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