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Coffea eugenioides (PROTA)

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Ressources végétales de l'Afrique tropicale
Introduction
Liste des espèces


Importance générale Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Répartition en Afrique Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Répartition mondiale Fairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Stimulant Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Sécurité alimentaire Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg


Coffea eugenioides S.Moore


Protologue: Journ. Bot. 45 : 43 (1907).
Famille: Rubiaceae
Nombre de chromosomes: 2n = 22

Synonymes

  • Coffea intermedia (A.Froehner) A.Chev. (1939).

Noms vernaculaires

  • Nandi coffee (En).

Origine et répartition géographique

Coffea eugenioides est une plante indigène des hauts plateaux d’Afrique de l’Est, où on la rencontre dans l’est de la République démocratique du Congo, au Rwanda, en Ouganda, au Kenya et dans l’ouest de la Tanzanie.

Usages

Les fèves de Coffea eugenioides ont une très faible teneur en caféine et le café qu’on en obtient a un goût doux et agréable. Coffea eugenioides joue un rôle dans le travail de sélection de Coffea arabica L. et Coffea canephora A.Froehner, en particulier lorsqu’il s’agit d’élargir la base génétique et de diminuer la teneur en caféine. Les peuples d’Afrique de l’Est ont traditionnellement depuis toujours utilisé le fruit de Coffea arabica et de Coffea canephora, provenant aussi bien de plantes cultivées que de plantes sauvages, mais ils n’ont jamais utilisé ceux de Coffea eugenioides. Les plantes sauvages de cette dernière espèce, dont la vigueur et la taille des fèves paraissaient exceptionnelles, ont produit des descendances générant de faibles rendements et sans valeur économique en culture.

Propriétés

Par 100 g de matière sèche, les graines de Coffea eugenioides contiennent seulement 0,3–0,6 g de caféine (en comparaison avec 0,6–1,7 g pour Coffea arabica, et 1,5–3,3 g pour Coffea canephora), ce qui en fait un parent intéressant dans le travail de sélection pour du café à faible teneur en caféine.

Description

Arbuste sempervirent ou arbre de petite taille jusqu’à 5 m de haut; jeunes branches généralement glabres, couvertes d’écorce modérément luisante, brun pâle à chamois. Feuilles opposées, simples; stipules interpétiolaires, triangulaires, longues de 1,5–2,5 mm, avec l’apex aristé jusqu’à 3,5 mm de long; pétiole de 0,5–1 cm de long; limbe elliptique, de 2–12 cm × 1–5,5 cm, aigu à la base, acuminé à l’apex, entier, papyracé à subcoriace, avec ou sans domaties situées à la base des nervures latérales. Inflorescence: fascicule axillaire, généralement 1–2 inflorescences uniflores par aisselle avec un pédoncule jusqu’à 6(–10) mm de long, parfois avec des fascicules portant jusqu’à 5(–7) fleurs. Fleurs bisexuées, 5-mères; bractéoles cupulaires 2 en général, souvent avec des lobes foliacés, bractéoles en forme d’écaille généralement présentes sur pédicelles; limbe du calice réduit à un anneau, plus court que le disque; corolle blanche, avec un tube cylindrique de 5,5–10 mm de long et des lobes oblongs-lancéolés de 5–12 mm × 2–4 mm, aigus à obtus; étamines attachées à la gorge de la corolle, saillantes, érigées avec des filets courts; disque annulaire; ovaire infère, 2-loculaire avec un seul ovule par loge, style effilé, saillant, stigmate à 2 bras divergents. Fruit: drupe ellipsoïde à arrondie de 8–10,5 mm × 6–8 mm, arrondie à la base, verdâtre devenant rouge à maturité, avec un sillon longitudinal et (1–)2 pyrènes. Graines de 6–8 mm × 3–5 mm, sillonnées sur la face interne, jaunâtres à fauve verdâtre; tégument fin, luisant; albumen corné.

Autres données botaniques

Plus de 100 espèces de Coffea ont été décrites, provenant généralement d’Afrique. Toutes les espèces étudiées sont diploïdes (2n = 22), excepté l’espèce allotétraploïde Coffea arabica (2n = 44). Les relations phylogénétiques des espèces de Coffea déduites d’après la variation de l’ADN chloroplastique et les unités de l’ADN ribosomique nucléaire ont confirmé l’origine monophylétique de Coffea, avec des groupes principaux présentant une forte correspondance géographique (Afrique de l’Ouest, Afrique centrale, Afrique de l’Est et Madagascar). Des études récentes utilisant la marquage moléculaire, le séquençage des gènes et l’hybridation génomique in situ soutiennent l’hypothèse de l’origine allotétraploïde de Coffea arabica impliquant Coffea eugenioides comme géniteur maternel et Coffea canephora comme géniteur paternel. D’autres études d’hybridation génomique in situ ont cependant indiqué que l’espèce apparentée Coffea congensis A.Froehner serait le géniteur paternel.

Coffea eugenioides appartient au complexe dénommé “arabica-congensis”, avec Coffea arabica L., Coffea congensis A.Froehner et Coffea kivuensis Lebrun. Les espèces de ce complexe ont des liens de parenté proches, qui pourraient être la conséquence de processus récents de spéciation. Elles sont difficiles à différencier d’un point de vue morphologique, et il n’est pas possible de différencier les espèces de façon fiable uniquement sur la base des spécimens en fleur. Cependant, les spécimens en fruit peuvent être identifiés en toute confiance dans pratiquement tous les cas. Une étude de la variation morphologique du complexe a montré que Coffea kivuensis doit être traité comme une espèce distincte de Coffea eugenioides et non pas comme une variété de cette dernière, comme cela a été souvent le cas. On peut la distinguer grâce à ses fruits obovoïdes plus grands possédant des bases aiguës et sans sillon longitudinal. Coffea kivuensis à l’air d’être plus apparenté à Coffea congensis. Le complexe “arabica-congensis” apparaît constitué de 2 groupes d’espèces vicariantes: un groupe comprenant Coffea arabica et Coffea eugenioides, et le second comprenant Coffea congensis et Coffea kivuensis.

Croissance et développement

Coffea eugenioides est une espèce de sous-étage commune que l’on rencontre sous forme arbustive, mesurant généralement 2–3 m de haut, avec plus d’une tige principale. Lorsqu’il pousse à l’ombre dans la forêt naturelle, il ressemble à un Coffea arabica miniature: les feuilles sont similaires, mais plus petites et plus minces; les fleurs ressemblent également à celles de Coffea arabica, mais elles sont plus petites et il y en a rarement plus de 2 ou 3 par fascicule. Les fruits ne sont pas abondants et ils contiennent de très petites fèves. Lorsque Coffea eugenioides pousse dans des endroits ouverts (par ex. dans les collections vivantes), il devient un arbuste compact conique ou un petit arbre, avec de petites feuilles.

Ecologie

On trouve Coffea eugenioides aussi bien dans de grandes forêts que dans de petites forêts reliques sur les hauts plateaux, entre 1500 et 2200 m d’altitude, mais il pénètre légèrement dans les plaines en République démocratique du Congo (région de Kivu) et les forêts de plaine de la région autour du Lac Victoria. Il paraît supporter une grande variété de sols et des conditions de sécheresse temporaires. Dans certaines régions en Ouganda (forêt Minziro, forêt Budongo) Coffea eugenioides et Coffea canephora poussent à proximité l’un de l’autre, mais ont des habitats différents: le premier est restreint aux forêts des coteaux ou sur les côtés est plus secs des forêts et il pousse près des lisières de forêt, alors que le deuxième est plus abondant à l’intérieur des forêts, dans des cuvettes qui sont quelquefois sujettes aux inondations ou sur les côtés ouest plus humides des forêts.

Maladies et ravageurs

Les deux principales maladies du café, la rouille orangée des feuilles (Hemileia vastatrix) et l’anthracnose des baies (Colletotrichum kahawae) ont été observées chez Coffea eugenioides dans les forêts naturelles au Kenya. Des acariens et des mineuses foliaires sont communs sur les plantes de la forêt pluviale et sont considérés comme des ravageurs d’importance secondaire. Une certaine tolérance a été observée à l’encontre d’un certain nombre de nématodes, de la mineuse (Leucoptera coffeella) et de la rouille.

Ressources génétiques

Des études sur l’érosion génétique du café sauvage effectué par l’IBPGR dans le sous-étage des forêts au Kenya a révélé que 2 de 13 sites de café sauvage avaient disparu et que seuls 2 sites sur 13 étaient en sécurité dans un parc national. Les autres sites étaient fortement menacés et nécessitaient une surveillance plus poussée pour assurer une bonne conservation in situ.

Dans les années 1970, deux banques de gènes de 23 taxons ont été mises en place en Côte d’Ivoire pour une conservation ex situ des espèces de café africain diploïdes. Les ressources génétiques de Coffea eugenioides sont représentées par environ 1000 entrées provenant de 6 peuplements de café sauvage au Kenya. Une de ces collections est située à 1100 m d’altitude (à Man sur le Mont Tonkoui) en accord avec son adaptation écologique. Les plantes sont greffées sur des porte-greffes bien adaptés. Un double de cette collection au champ est sauvegardé au Coffee Research Institute, à Ruiru (Kenya). Dans d’autres pays, quelques échantillons de Coffea eugenioides sont présents dans des collections de travail.

Les graines de café ne sont pas considérées comme étant orthodoxes car elles ne supportent pas la dessiccation ou des températures basses. Elles ne peuvent pas être utilisées pour une conservation à long terme. Comme approche alternative, la mise en place d’une collection de base in vitro sur le café à été initiée par l’ORSTOM (Montpellier) dans les années 1990, représentant 21 taxons; malheureusement, l’introduction de Coffea eugenioides n’a pas réussi.

Perspectives

Grâce à la faible teneur en caféine de ses fèves et à sa bonne qualité dans la tasse, Coffea eugenioides peut gagner de l’importance dans les travaux de sélection sur Coffea arabica et Coffea canephora.

Références principales

  • Anthony, F., Berthaud, J., Guillaumet, J.L. & Lourd, M., 1987. Collecting wild Coffea species in Kenya and Tanzania. Plant Genetic Resources Newsletter 69: 23–29.
  • Berthaud, J., Guillaumet, J.L., Le Pierres, D. & Lourd, M., 1980. Les caféiers sauvages du Kenya: prospection et mise en culture. Café, Cacao, Thé 24(2): 101–112.
  • Bridson, D. & Verdcourt, B., 1988. Rubiaceae (part 2). In: Polhill, R.M. (Editor). Flora of Tropical East Africa. A.A. Balkema, Rotterdam, Netherlands. pp. 415–747.
  • Charrier, A. & Berthaud, J., 1985. Botanical classification of Coffee. In: Clifford, M.N. & Wilson, K.C. (Editors). Coffee: botany, biochemistry and production of beans and beverage. Croom Helm, London, United Kingdom. pp. 13–47.
  • Chevalier, A., 1947. Les caféiers du globe. Fascicule 3: Systématique sur les caféiers et faux caféiers. Maladies et insectes nuisibles. Encyclopédie biologique. Volume 28. P. Lechevalier, Paris, France. 356 pp.
  • Lebrun, J., 1941. Recherches morphologiques et systématiques sur les caféiers du Congo. Institut Royal Colonial Belge. Mémoires t. 11(3). 184 pp.
  • Stoffelen, P., Robbrecht, E. & Smets, E., 1996. The ‘arabica-congensis complex’: five Coffea-species with a problematic delimitation. In: Robbrecht, E., Puff, C. & Smets, E. (Editors). Second international Rubiaceae conference. Proceedings. Opera Botanica Belgica 7. National Botanic Garden of Belgium, Meise, Belgium. pp. 237–248.
  • Thomas, A.S., 1944. The wild coffees of Uganda. Empire Journal of Experimental Agriculture 12(45): 1–12.

Autres références

  • Anthony, F., 1992. Les ressources génétiques des caféiers. Collecte, gestion d’un conservatoire et évaluation de la diversité génétique. ORSTOM, Paris, France. Travaux et Documents Microédités (FRA) (TDM) No 81 (1991). 320 pp.
  • Cros, J., Combes, M.C., Chabrillange, N., Duperray, C., Monnot des Angles, A. & Hamon, S., 1995. Nuclear DNA content in the subgenus Coffea (Rubiaceae): inter and intra-specific variation in African species. Canadian Journal of Botany 73: 14–20.
  • Cros, J., Combes, M.C., Trouslot, P., Anthony, F., Hamon, S., Charrier A. & Lashermes, P., 1998. Phylogenetic analysis of chloroplast DNA variation in Coffea. Molecular Phylogenetics and Evolution 9: 109–117.
  • Dussert, S., Engelmann, F., Chabrillange, N., Anthony, F., Noirot, M. & Hamon, S., 1997. In vitro conservation of coffee (Coffea spp.) germplasm. In: Razdan, M.K. & Cocking, E.C. (Editors). Conservation of plant genetic resources in vitro. Volume 1: General aspects. Science Publishers, Enfield, New Hampshire, United States. xiv + 314 pp.
  • Hofling, J.F. & Oliveira, A.R., 1981. A serological investigation of some Coffea species with emphasis on the origin of C. arabica L. Ciencia e Cultura 33: 66–72.
  • Lashermes, P., Combes, M.C., Trouslot, P. & Charrier, A., 1997. Phylogenetic relationships of coffee-tree species as inferred from ITS sequences of nuclear ribosomal DNA. Theoretical and Applied Genetics 94: 947–955.
  • Marques, D.V., 1993. Induction of somatic embryogenesis on Coffea eugenioides Moore by in vitro culture of leaf explants. Café, Cacao, Thé 37: 251–255.
  • Rabemiafara, A., Rakotomalala, J.J.R. & Rakotomalala, J.O.E., 1997. Vers la diversification de la qualité du café malgache: un nouveau caféier hybride, le ‘Ratelo’ ou GCA. 17e Colloque Scientifique International sur le Café, Nairobi, Kenya, 20–25 July 1997. Association Scientifique Internationale du Café (ASIC), Paris, France. pp. 506–513.
  • Raina, S.N., Mukai, Y. & Yamamoto, M., 1998. In situ hybridization identifies the diploid progenitor species of Coffea arabica (Rubiaceae). Theoretical and Applied Genetics 97: 1204–1209.

Sources de l'illustration

  • Bridson, D. & Troupin, G., 1985. Rubiaceae. In: Troupin, G. (Editor). Flore du Rwanda. Spermatophytes. Volume 3. Agence de Cooperation Culturelle et Technique. Tervuren, Belgium. pp. 122–231.

Auteur(s)

  • A. Charrier, Génétique et amélioration des plantes, Ecole nationale supérieure agronomique de Montpellier, 2 Place Viala, 34060 Montpellier, Cedex 1, France

Consulté le 22 décembre 2024.


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