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Sansevieria ehrenbergii (PROTA)

Révision de 5 juillet 2015 à 18:02 par Michel Chauvet (discussion | contributions)

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Ressources végétales de l'Afrique tropicale
Introduction
Liste des espèces


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Sansevieria ehrenbergii Schweinf. ex Baker


Protologue: J. Linn. Soc., Bot. 14: 549 (1875).
Famille: Dracaenaceae (APG: Asparagaceae)
Nombre de chromosomes: 2n = 40

Noms vernaculaires

  • Seleb sansevieria, blue sansevieria, Somaliland bowstring hemp (En).
  • Mkonge (Sw).

Origine et répartition géographique

Sansevieria ehrenbergii est réparti dans tous les pays d’Afrique de l’Est et est également spontané au Yémen et à Oman.

Usages

En Ethiopie, Sansevieria ehrenbergii est la plus fréquente des cinq espèces de Sansevieria qu’on trouve dans le pays, et les feuilles sont récoltées en grandes quantités pour en extraire les fibres. Les fibres sont utilisées pour fabriquer des brosses ou des bandes permettant de porter des calebasses, pour construire des huttes et pour attacher des fagots. Les jeunes feuilles et les fruits sont consommés par les chèvres, les rhizomes par le bétail. La plante exsude une gomme comestible. On fabrique des perles avec les fruits. Au Kenya, il est une des diverses espèces de Sansevieria plantées pour maintenir le sol, pour la réhabilitation des terres et comme haie vive.

En médecine traditionnelle, au Kenya, le jus des feuilles est frotté sur les blessures pour favoriser la guérison et des feuilles entières sont chauffées et placées sur les parties douloureuses du corps pour les soulager. Le jus des feuilles est appliqué sur les dents douloureuses. En Tanzanie, le jus des feuilles est utilisé pour soigner les infections cutanées. Les fruits sont utilisés au Yémen pour traiter les verrues et comme antiseptique.

Propriétés

Les fibres sont tendres, lisses et ont une longue durée de vie. La fibre de l’intérieur de la feuille est plus fine que celle des parties extérieures.

On a découvert que les parties aériennes de Sansevieria ehrenbergii contiennent 3 saponines de type spirostanol et 3 saponines stéroïdiques. Cinq de ces 6 composés provoquent l’inhibition de la croissance des cellules cancéreuses. Par ailleurs, la majorité de ces saponines montrent une activité antimicrobienne, par exemple contre les champignons pathogènes Candida albicans et Cryptococcus neoformans. Dans des essais, l’extrait au méthanol des fruits est apparu très actif contre plusieurs agents pathogènes fongiques opportunistes et a montré une cytotoxicité sur des cellules épithéliales humaines à une CI50 de 30 μg/ml.

Falsifications et succédanés

Comme toutes les fibres naturelles, les fibres de Sansevieria font face à la forte concurrence des produits synthétiques, tels que le polypropylène et le nylon.

Description

Plante herbacée vivace, rhizomateuse avec ou sans tige, formant parfois des peuplements denses ; rhizome arrondi, souterrain, d’environ 3 cm de diamètre ; tige atteignant habituellement 25 cm de haut. Feuilles 5–9(–13), groupées ; stipules absentes ; pétiole absent ; limbe érigé ou plus ou moins étalé, comprimé latéralement à côtés aplatis et à dos arrondi, habituellement de 180–300 cm × 2,5–3,5 cm, s’amenuisant vers le haut, se terminant en une épine trapue d’environ 9 mm de long, vert bleuté foncé, bord brun rougeâtre à pourtour blanc. Inflorescence : panicule de 2–3 m de long, très ramifiée dans sa partie inférieure ; pédoncule à longues bractées ; rameaux de 25 cm de long ou plus portant des groupes de 4–7 fleurs. Fleurs bisexuées, régulières, 3-mères ; pédicelle d’environ 3 mm de long ; périanthe tubuleux, tube de 5–6 mm de long, lobes 6, blancs à violets ; étamines 6, très exsertes ; ovaire supère, 3-loculaire, style filiforme, 14 mm de long, stigmate capité. Fruit : baie d’environ 10 mm de diamètre, verte devenant orange, à 1–3 graines.

Autres données botaniques

Le genre Sansevieria a été classé dans diverses familles, Amaryllidaceae, Liliaceae ou Agavaceae, mais est maintenant habituellement inclus dans les Dracaenaceae. Ce genre des tropiques de l’Ancien Monde compte environ 60 espèces, la plupart étant originaires d’Afrique. Compte tenu de la grande confusion que l’on constate sur les limites entre espèces, une révision d’ensemble du genre est absolument nécessaire.

Plusieurs autres espèces d’Afrique de l’Est ont été documentées en termes d’utilisation des fibres. Sansevieria bagamoyensis N.E.Br. est originaire du Kenya et de la Tanzanie. Il a de longues tiges, des feuilles de 35 cm de long disposées en spirale. Il produit des fibres de bonne qualité. En Tanzanie, le jus de feuilles filtré est absorbé comme boisson et appliqué sur le corps contre les fièvres convulsives. Sansevieria fischeri (Baker) Marais (synonyme : Sansevieria singularis N.E.Br.) est présent de l’Ethiopie et de la Somalie à la Tanzanie. Une seule feuille cylindrique est présente à un moment donné. Il produit de la fibre et est très recherché par les éléphants. Sansevieria forskaoliana (Schult.f) Hepper & J.R.I.Wood (synonyme : Sansevieria abyssinica N.E.Br.) est réparti en R.D. du Congo et dans toute l’Afrique de l’Est à l’exception de l’Ouganda. Il est présent dans un grand nombre de milieux différents. Les données et usages mentionnés pour la Côte d’Ivoire s’appuient de toute évidence sur des erreurs d’identification. Il a été introduit à l’île Maurice où il s’est naturalisé. En Ethiopie, il est utilisé comme Sansevieria ehrenbergii et est récolté en grandes quantités. Les rhizomes sont déterrés et on les suce pour étancher la soif. Sansevieria powellii N.E.Br. se rencontre au Soudan, en Somalie, au Kenya et en Tanzanie, alors que les données en provenance d’Ethiopie demandent confirmation. Il ressemble à Sansevieria ehrenbergii mais a des tiges plus hautes et des inflorescences plus petites. Ses fibres sont utilisées de la même manière. Sansevieria raffillii N.E.Br. est présent au Soudan, au Kenya, en Ouganda, en Tanzanie et au Botswana. Il a 1 ou 2 feuilles et une grande inflorescence atteignant 130 cm. Au Kenya, on utilise ses fibres pour fabriquer des cordes, des nattes et des vêtements. Les usages médicinaux sont similaires à ceux de Sansevieria ehrenbergii.

Sansevieria robusta N.E.Br. est une espèce arbustive à répartition restreinte à la R.D. du Congo, au Kenya et à la Tanzanie. Les Rendilles du Kenya transforment ses fibres en cordes et en nattes. Sansevieria suffruticosa N.E.Br. est considéré comme endémique du Kenya. Les données pour l’espèce provenant du Honduras et des Etats-Unis font très vraisemblablement référence à des plantes importées et cultivées ou relèvent d’erreurs d’identification. Il s’agit d’une plante herbacée semi-érigée, ramifiée, à feuilles atteignant 60 cm de long. Dans les hautes terres du Kenya, les usages médicinaux et ceux de la fibre sont comparables à ceux de Sansevieria ehrenbergii. Les Massaïs Loitas utilisent le jus des feuilles pour traiter la gonorrhée.

Anatomie

En coupe transversale, les feuilles de Sansevieria sont divisées en une zone périphérique de tissu chlorenchymatique vert et une zone centrale de tissu pour le stockage de l’eau. Des faisceaux de fibres sont présents dans toute la feuille mais ils sont plus grands et plus prononcés dans le chlorenchyme.

Croissance et développement

Les espèces de Sansevieria ont une croissance lente et suivent le métabolisme acide crassulacé (CAM). Les plantes CAM sont capables de fixer le CO2 pendant la nuit et de réaliser la photosynthèse avec des stomates fermés pendant le jour, ce qui limite leur déperdition en eau.

Ecologie

Sansevieria ehrenbergii se rencontre du niveau de la mer jusqu’à 1900 m d’altitude dans la savane arbustive ouverte, la savane herbeuse sèche et les dunes, souvent sur des sols rocailleux, habituellement dans l’ombrage de petits arbres ou de fourrés. Les exigences minimales en pluviométrie annuelle de Sansevieria spp. sont d’environ 250 mm. Pour la production commerciale, un climat chaud et humide et des sols bien drainés, un peu calcaires, sont préconisés. L’ombrage est parfois recommandé, mais son effet favorable peut être dû davantage à son influence sur l’humidité et l’état nutritionnel du sol qu’à des effets directs sur les plantes.

Multiplication et plantation

La multiplication des Sansevieria spp. se fait facilement par division, par drageons, par boutures de feuilles, par graines ou par culture in vitro.

Gestion

Au début du XXe siècle, une tentative de production de fibres de Sansevieria ehrenbergii à une échelle commerciale à Voi, au Kenya, a échoué. Aucun détail sur le mode de conduite n’a été publié.

Récolte

On obtient les meilleurs rendements en fibres et la meilleure qualité lorsqu’on respecte un intervalle de récolte suffisamment long pour ne pas réduire la longueur des feuilles. Une première récolte pourrait avoir lieu au bout de 2,5–3,5 ans après la plantation et les récoltes suivantes à des intervalles de 2 ans. Si la croissance est forte, l’intervalle entre les coupes peut être raccourci.

Traitement après récolte

En Ethiopie, les feuilles de Sansevieria ehrenbergii sont rouies dans l’eau avant d’extraire les fibres.

Ressources génétiques

Un certain nombre d’espèces de Sansevieria sont conservées dans des collections de ressources génétiques, notamment celles du Millennium Seed Bank, au Royaume-Uni, et de la Banque nationale de gènes à Muguga, au Kenya. La CITES donne aux espèces d’Afrique de l’Est utilisées pour leurs fibres un statut de conservation “préoccupation mineure”.

Sélection

Aux Etats-Unis, on a examiné le potentiel de différentes Sansevieria spp. pour remplacer le sisal (Agave sisalana Perrine) et l’abaca (Musa textilis Née) comme source de fibres pour les activités marines. Sansevieria trifasciata Prain était considéré comme l’espèce la plus appropriée à cause de la longueur de sa feuille, de sa teneur en fibres et de sa tolérance au froid. Des hybrides avec Sansevieria ehrenbergii ont été produits pour associer la vigueur de ce dernier aux avantages du premier.

Perspectives

Les fibres de Sansevieria ehrenbergii resteront importantes pour un usage local, mais même si la demande en fibres naturelles augmente, il est probable que d’autres espèces plus productives seront utilisées pour répondre à la demande. Les opportunités en amélioration génétique et en sélection d’hybrides à fort potentiel de rendement sont grandes car il existe un pool génétique important pour ce genre.

Références principales

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Autres références

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Sources de l'illustration

  • Agnew, A.D.Q., 1974. Upland Kenya wild flowers: a flora of the ferns and herbaceous flowering plants of upland Kenya. Oxford University Press, London, United Kingdom. 827 pp.

Auteur(s)

  • C.H. Bosch, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands

Citation correcte de cet article

Bosch, C.H., 2011. Sansevieria ehrenbergii Schweinf. ex Baker. [Internet] Fiche de PROTA4U. Brink, M. & Achigan-Dako, E.G. (Editeurs). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Pays Bas. <http://www.prota4u.org/search.asp>.

Consulté le 22 décembre 2024.


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