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Lycopodium clavatum (PROTA)

Révision de 15 janvier 2015 à 21:54 par Michel Chauvet (discussion | contributions)

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Lycopodium clavatum L.


Protologue: Sp. pl. 2: 1101 (1753).
Famille: Lycopodiaceae
Nombre de chromosomes: 2n = 68, 102, 136

Noms vernaculaires

  • Lycopode à massue (Fr).
  • Staghorn clubmoss, common clubmoss, ground pine, running pine (En).
  • Licopódio chifre de veado (Po).

Origine et répartition géographique

Sur le continent africain, Lycopodium clavatum est présent depuis le Nigeria jusqu’en Ethiopie et en Afrique du Sud. Il est également indigène des îles de l’océan Indien. On le trouve sur tous les continents à l’exception de l’Australie, et il est très commun dans les régions boréales.

Usages

Dans de nombreux pays du monde, Lycopodium clavatum est utilisé comme plante médicinale. Dans le sud du Nigeria, la décoction de jeunes feuilles s’applique en externe sur les plaies et les ulcères. Les feuilles séchées au soleil et réduites en poudre sont mélangées avec des bananes plantain et du lait et ce mélange est administré en petites doses aux enfants pour soigner la diarrhée et la dysenterie. A l’est de la R.D. du Congo, la plante fait office de répulsif contre les insectes. Au Rwanda, on boit de l’extrait des parties aériennes pour soigner la dysenterie et le paludisme. A Madagascar, on fait griller la plante entière avec de la canne à sucre et des peaux de bananes et on l’applique sur les lèvres gercées pour favoriser la cicatrisation. Au Lesotho, la plante séchée entière réduite en poudre et fumée est un remède contre les maux de tête. En Nouvelle-Guinée et aux Philippines, la plante entière se mastique pour déclencher des vomissements après une intoxication alimentaire ou des maux d’estomac aigus. Les Indiens d’Amérique du Nord appliquent les parties aériennes comme remède contre la raideur des articulations. En médecine traditionnelle européenne, la plante servait jadis de diurétique pour les œdèmes, et c’était un puissant remède contre la diarrhée et la dysenterie, pour faire disparaître les spasmes et l’hydrophobie, pour traiter la goutte et le scorbut, et comme tonique et poudre vulnéraire. On l’employait aussi contre les affections des voies urinaires et les inflammations de la vessie ou des reins.

Vendues sous l’appellation “graines de lycopode”, “poudre de lycopode”, “soufre végétal” ou encore “sporae lycopodii”, les spores servent depuis des siècles comme styptique et comme poudre dans diverses maladies de la peau comme l’eczéma, l’érysipèle ainsi que pour soigner les éraflures, pour empêcher les pilules de s’agréger et pour les moules de fonderie. Les parties aériennes restent un remède prisé en phytothérapie et on les utilise pour soulager l’anxiété, les peurs anticipatoires, l’appréhension, l’hypersensibilité et l’incapacité à s’adapter à un nouvel environnement. On s’en sert aussi pour traiter la constipation, les ballonnements, les digestions difficiles, les remontées gastriques, la migraine, les muqueuses et les peaux ridées sèches, le teint terreux, ainsi qu’une pléthore d’autres maux gênants.

Lycopodium clavatum est l’ingrédient d’un remède destiné à soulager la fatigue due au décalage horaire. C’est un complément alimentaire destiné aux vaches pour améliorer leur constitution et un traitement de l’anémie accompagnée de jaunisse ; on en donne aussi aux chiens ayant des puces. Les spores servent de référence dans les pièges à pollen que l’on utilise pour étudier les pollens dans l’air afin de déterminer les risques de rhume des foins. On a découvert que la sporopollénine, qui est l’enveloppe externe des spores, constituait un bon support solide pour la synthèse des peptides. Elle est stable à la chlorométhylation et dans les procédés de déblocage classiques, et sa taille constante au tamisage, sa disponibilité commerciale et sa structure moléculaire régulière lui confèrent d’importants avantages pratiques sur les résines synthétiques. Lycopodium clavatum servait autrefois à passer le lait et d’autres liquides ; il sert en outre de plante ornementale par ex. pour les décorations et les guirlandes. On fait des nattes avec les tiges et la plante entière sert de mordant en teinture.

Production et commerce international

Les statistiques sur le commerce de Lycopodium clavatum sont rares. La Chine, le Népal, l’Europe de l’est et l’ancienne Union soviétique sont des sources d’approvisionnement pour le commerce international. Au début des années 1990, le Népal exportait 40 t de l’herbe brute par an. Les prix du marché de gros par kg de spores au début 2001 étaient de US$ 110, et de US$ 28 par kg de matériel végétal coupé et calibré. Dans certaines régions, telles que l’Europe occidentale, les populations de Lycopodium clavatum sont désormais trop réduites pour en permettre le ramassage.

Propriétés

Les parties aériennes contiennent de l’acide dihydrocaféique, qui a pour effet d’abaisser la tension artérielle chez les animaux, ainsi que des alcaloïdes tels que la lycopodine, la chinoline, la clavatine, la clavatoxine et l’annotinine, qui provoquent toutes une augmentation de la tension artérielle. La lycopodine stimule également les mouvements péristaltiques des intestins ; dans des essais in vivo sur des rats, la lycopodine déclenche une contraction de l’utérus. Par ailleurs, les parties aériennes contiennent des dérivés de l’acide cinnamonique et des flavonoïdes ; les cendres contiennent 3,5–12,5% d’aluminium. L’extrait au méthanol a montré une forte activité inhibitrice de la prolyl-endopeptidase et elle devrait être active contre les pertes de mémoire.

Les spores contiennent environ 50% d’une huile acide jaune verdâtre, 3% de sucre, 1–4% de cendres et des traces d’un alcaloïde volatil. Elles sont extrêmement inflammables en raison de cette huile, qui contient 80–86% d’acide décyl-isopropyl acrylique, 3–5% de glycérine et des acides gras solides (principalement de l’acide myristique). D’autres analyses ont révélé la présence d’une huile neutre, de 8,2% de glycérine, de 5,3% de protéines et aucun alcaloïde. Dans plusieurs pharmacopées, les spores de Lycopodium clavatum constituent une fine poudre jaune pâle, indifférente sur le plan pharmacologique, très fluide, inodore et sans saveur. La poudre doit être sans pollen, sans amidon, sable ou autres impuretés. Lorsqu’on les brûle à l’air libre, les spores ne doivent pas laisser plus de 5% de cendres. Elles sont fortement hydrofuges. Les spores de Lycopodium clavatum employées comme talc peuvent être à l’origine d’asthme ou d’autres allergies (démangeaisons de la peau, troubles des yeux et du nez) quand on les utilise de façon prolongée. La poudre est sans danger pour les consommateurs exposés à de petites quantités, mais on a observé des effets hépatotoxiques. Lorsque les spores entrent en contact avec des plaies chirurgicales, une lésion peut apparaître des mois, voire des années plus tard.

Description

Plante herbacée à tige principale rampante, s’enracinant à longs intervalles, très ramifiée, atteignant habituellement 1,5 m de long et 2–4 mm de diamètre (sans les feuilles) ; pousses dressées atteignant 60(–80) cm de long, à ramification dichotomique. Feuilles disposées en spirale ou en rangs apparents, linéaires-lancéolées, de 4–7 mm × 0,5–1 mm, apex étroitement aigu à atténué, se terminant en poil translucide de 2–4 mm de long, bord indistinctement denté à entier, nervure médiane distincte. Structures en cône produisant des spores sur la partie terminale des rameaux, dressées, cylindriques, de 1–8 cm × 4–6 mm, rassemblées par 1–6 ; sporophylles ovales, de 1,5–3,5(–5) mm × c. 1 mm, apprimées, imbriquées, apex allongé, se terminant en poil étalé de 1,5–4 mm de long, bords irrégulièrement dentés ; sporange globuleux à réniforme, d’environ 1 mm × 1,5 mm, ocre vif. Spores globuleuses, à cicatrice 3-rayonnée, réticulées, jaune vif.

Autres données botaniques

Le genre Lycopodium comprend environ 40 espèces. Bien d’autres espèces étaient autrefois incluses dans le genre Lycopodium, mais la plupart ont été réparties entre les genres Huperzia et Lycopodiella. Lycopodium clavatum est très variable, et il existe une série presque ininterrompue de formes qui vont de plantes compactes à rameaux parallèles et à feuilles fermes et imbriquées à des plantes amplement ramifiées à rameaux divergents et à feuilles molles et étalées. Les premières sont typiques des milieux froids et exposés, les secondes des endroits chauds et abrités.

Plusieurs espèces d’Huperzia ont des usages médicinaux à Madagascar. Huperzia phlegmaria (L.) Rothm. (synonyme : Lycopodium phlegmaria L.), plante herbacée épiphyte à tiges pendantes que l’on trouve dans les forêts de vastes régions d’Afrique tropicale, d’Asie tropicale, d’Australie et de Nouvelle-Zélande, Huperzia stricta (Baker) Tardieu (synonyme : Lycopodium strictum Baker), plante herbacée terrestre endémique de Madagascar, Huperzia megastachya (Baker) Tardieu (synonyme : Lycopodium megastachyum Baker), plante herbacée épiphyte endémique de Madagascar, et Huperzia obtusifolia (Sw.) Rothm. (synonyme : Lycopodium obtusifolium Sw.), plante herbacée épiphyte de Madagascar et de l’île de la Réunion, partagent toutes plusieurs noms vernaculaires à Madagascar. La plante séchée se fume et les feuilles fraîches s’utilisent en infusion comme tonique ou fortifiant. L’infusion se donne aussi aux danseurs, aux lutteurs, aux coqs de combat et aux taureaux. Le cannabis (Cannabis sativa L.) étant une drogue illégale à Madagascar, les espèces d’Huperzia sont très recherchées comme substitut.

Croissance et développement

Les spores de Lycopodium clavatum restent dormantes pendant 3–8 ans. Pendant cette période, elles s’établissent dans le sol à 3–10 cm de profondeur et ceci, associé à une paroi de la spore relativement épaisse, peut retarder considérablement la germination. Lorsque les spores sont exposées à l’acide sulfurique, la germination prend environ 2 mois. Le prothalle souterrain se développe lentement, atteint sa maturité sexuelle au bout de 6–15 années et peut vivre 20 ans. En forme de tête et différencié en divers tissus, il vit en symbiose étroite avec un champignon, probablement une espèce de Pythium. Sans le champignon, le développement du gamétophyte s’arrête à un stade précoce de quelques cellules. Une fois que le sporophyte s’est établi, il peut se propager rapidement grâce à ses longues tiges rampantes. Si la compétition avec des plantes qui le dépassent en taille n’est pas trop forte, sa longévité est importante et il forme lentement de vastes colonies.

Ecologie

Lycopodium clavatum est présent dans les climats froids et humides, où il préfère les milieux ouverts comme les versants de montagne, les tourbières et les landes, les clairières et les routes ouvertes dans la forêt des brouillards. Sous les tropiques, il pousse dans les hautes terres au-dessus de 1300 m d’altitude. C’est souvent l’une des espèces pionnières que l’on trouve sur le sol nu des talus de route et les parcelles fraîchement brûlées, souvent accompagnée de fougères.

Multiplication et plantation

Lycopodium clavatum est habituellement multiplié par division de la tige principale. La longue phase juvénile des prothalles rend la propagation par les spores pratiquement impossible. Lycopodium clavatum est difficile à repiquer mais une fois établi il peut pousser vigoureusement. Un terreau drainant bien est recommandé.

Aucune méthode de production de masse efficace, que ce soit par culture classique ou par culture de tissus n’a pu être mise au point pour les espèces de Lycopodium.

Maladies et ravageurs

On a observé le champignon Leptosphaeria crepini sur Lycopodium clavatum ; il noircit les sporophylles en produisant d’abondants organes fructifères.

Récolte

Les ramasseurs prélèvent les sommités sporifères des plantes et la poudre de spores s’obtient en secouant celles-ci et en tamisant les autres particules. Le rendement annuel, relativement variable, dépend de la production de spores.

Ressources génétiques

Bien qu’extrêmement répandu, Lycopodium clavatum est menacé d’extinction dans certaines régions.

Perspectives

Actuellement Lycopodium clavatum est utilisé à des fins diverses. Des recherches sont en cours pour faire la lumière sur la valeur des nombreuses vertus qu’on lui attribue au plan pharmacologique. Parmi celles qui sont particulièrement prometteuses, citons l’emploi des alcaloïdes dans le traitement de la maladie d’Alzheimer et dans l’amélioration des facultés d’apprentissage et de mémorisation. Il serait souhaitable que sa culture se développe, tant pour la qualité de l’herbe fraîche et des spores que pour sa protection.

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Sources de l'illustration

  • de Winter, W.P., 2003. Lycopodium clavatum L. In: de Winter, W.P. & Amoroso, V.B. (Editors). Plant Resources of South-East Asia No 15(2): Cryptogams: Ferns and fern allies. Backhuys Publishers, Leiden, Netherlands. pp. 123–126.

Auteur(s)

  • C. Zimudzi, Department of Biology, National University of Lesotho, P.O. Roma 180, Lesotho
  • C.H. Bosch, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands

Citation correcte de cet article

Zimudzi, C. & Bosch, C.H., 2008. Lycopodium clavatum L. In; Schmelzer, G.H. & Gurib-Fakim, A. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 23 décembre 2024.


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