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Picrolemma sprucei (Pharmacopées en Guyane)

Révision de 13 juillet 2022 à 09:45 par Michel Chauvet (discussion | contributions)

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Simaroubaceae
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Quassia amara


Picrolemma sprucei. Pied en fruit de café lane
Picrolemma sprucei



Picrolemma sprucei Hook. f.


Synonymie

  • Picrolemma pseudocoffea Ducke.

Noms vernaculaires

  • Créole : café lane (St Georges).
  • Wayãpi : —
  • Palikur : tuu kamwi.
  • Portugais : caferana, falsa-quina.

Écologie, morphologie

Arbuste du sous-bois de la forêt primaire. Nous ne l’avons rencontré en Guyane que dans la région du bas Oyapock, où il forme d’abondants petits peuplements [1].

Collections de référence

De Granville 4275 ; Grenand et Prévost 2017 ; Moretti 1153.

Emplois

Dans la région où il croît, cet arbuste est connu pour ses propriétés fébrifuges et antipaludiques. Pour les Créoles comme pour les Palikur, l’écorce de tige, associée souvent à celle de Zanthoxylum rhoifolium (Rutacées) est préparée en décoction.

Le breuvage amer est consommé à raison d’une prise matinale quotidienne [2].

Selon les Créoles, trois copeaux macérés dans un peu de rhum constituent un breuvage qui, pris à raison d’un petit verre tous les matins pendant trois jours, est un puissant vermifuge et antidysentérique.

Chez les Palikur, la décoction amère des rameaux feuillus ou la macération de huit feuilles dans une bouteille de rhum soigne le diabète en traitement long. Un traitement plus complexe consiste à préparer une décoction de trois feuilles de la présente espèce, associées dans les mêmes proportions avec les feuilles de cotonnier (cf. Gossypium barbadense, Malvacées) et de Potalia amara (Loganiacées). On la boit tous les matins à jeun ainsi que, séparément, une décoction d’écorce de Tabebuia serratifolia (Bignoniacées).

Étymologie

  • Créole : altération du portugais du Brésil caferana, « faux café », en raison de la forme des fruits.
  • Palikur : de tuu, « arbres Talisia spp. » et kamwi, « qui ressemble », par référence à l’aspect des fruits ; tuukamwi étant aussi employé pour désigner des Talisia (Sapindacées) non comestibles, les Palikur précisant parfois, pour la présente espèce, tuukamwi nawukaβey, « le tuukamwi remède [contre la] fièvre ».

Chimie et pharmacologie

Nous n’avons pas trouvé de quinine, comme l’indiquait ALTMAN (1956), mais un mélange d’alcaloïdes du type harmine, en très faible quantité avec un rendement en alcaloïdes totaux de 0,04 % (Moretti, résultats non publiés). Nous avons isolé deux quassinoïdes : l isabrucéine B et le sergéolide. Ce dernier est un nouveau quassinoïde qui possède une structure originale avec un cycle supplémentaire du type buténolide : il s’est avéré fortement actif sur la leucémie murine p 388, en même temps que très cytotoxique. Sa toxicité élevée en limite cependant les applications thérapeutiques (MORETTI et al., 1982).

Nous avons aussi isolé des feuilles de cette espèce, un nouveau quassinoïde, le déacétylsergéolide, qui possède une remarquable activité sur divers types de tumeurs (POLONSKY et al., 1984).

Depuis la parution de nos travaux, d’autres composés aux structures assez voisines ont été isolés par d’autres équipes.

Nous avons étudié l’activité antipaludique in vitro et in vivo du sergéolide. Le produit inhibe in vitro la croissance de souches chloroquine sensibles et résistantes de Plasmodium falciparum à des doses très faibles (0,006 mg/ml). In vivo, il est aussi actif sur le paludisme expérimental de la souris infectée par Plasmodium berghei (DE 50 = 0,26 mg/kg/j). Cependant, ce produit s’avère, là encore, trop toxique, avec une DL 50 de 1,8 mg/kg, pour pouvoir être utilisé avec succès dans le traitement du paludisme (FANDEUR et al., 1985).

Tests chimiques en fin d’ouvrage.

____________________

  1. Cette espèce semble par contre commune dans toute la basse Amazonie (ALTMAN, 1956).
  2. Des usages identiques ont été signalés, sans localisation précise cependant, en Amazonie (LE COINTE, 1934).
    Dans cette région, le nom de caferana est appliqué, en dehors de la présente espèce, à Tachia guianensis Aublet (Gentianacées) et à Faramea spp. (Rubiacées), ce qui peut entraîner des confusions au niveau des usages. La décoction des feuilles et des racines sert également à soigner les inflammations d'estomac chez les Caboclos de la région de Santarèm (BRANCH et SILVA, 1983).