Chenopodium ambrosioides (Pharmacopées en Guyane)
|
Chenopodium ambrosioides L.
- Nom accepté : Dysphania ambrosioides
Noms vernaculaires
Écologie, morphologie
Herbe cultivée, cosmopolite, assez commune.
Collections de référence
Grenand 69 ; Jacquemin 1653 ; Moretti 476, 913.
Emplois
- C’est un vermifuge réputé chez les Créoles [3], conseillé surtout pour les enfants. La plante se prend en infusion ou en macération dans le rhum pour les adultes.
- L’infusion est aussi réputée antigrippale.
- Les Wayãpi utilisent la plante en décoction contre les maux d’estomac liés aux hémorragies internes occasionnées par une chute. La décoction doit être bue très chaude car ainsi le sang rouge devient blanc. Ces notions de coup interne, de changement de couleur du sang, ne sont pas sans rappeler certaines conceptions médicales créoles : blesse et inflammations ; cela n’a rien de surprenant puisqu’il s’agit d’une plante introduite chez les Wayãpi.
- Les Palikur enfin, utilisent également cette espèce comme vermifuge mais la préparent en décoction salée. Sans sel, ils boivent aussi cette tisane pour purifier le sang.
Étymologie
- Créole : simin contra, déformation de semencontra, est un mot emprunté à la pharmacopée européenne qui désignait anciennement des armoises (LITTRÉ, éd. 1972). Poudre aux vers se réfère à la préparation des feuilles réduites en poudre utilisée comme vermifuge.
- Wayãpi : de a’a, « chute » et poã, « remède », « remède contre les chutes ».
- Palikur : de kawi, « vers » (terme générique) et βey, « remède », « remède contre les vers ».
Chimie et pharmacologie
L’huile essentielle des feuilles et des tiges florifères renferme 60 à 80 % d’un péroxyde terpénique, l’ascaridol, actif contre les ascaris et les ankylostomes.
L’usage de cette drogue n’est pas sans danger, car il peut s’accompagner de troubles gastro-intestinaux pouvant aller jusqu’au coma. Les propriétés nématicides ont également été mises à profit en phytopharmacie.
L’huile essentielle figure dans plusieurs pharmacopées pour son activité sur les parasites intestinaux et son emploi est recommandé par l’OMS dans les soins de santé primaires, à condition cependant de respecter les doses admises – comprises entre 0,03 et 0,1 g de parties aériennes par kilo et par jour chez l’enfant de cinq ans – et de suivre certaines précautions.
Ainsi, le traitement est limité à trois jours et l’huile est contre-indiquée pour les sujets faibles, les femmes enceintes et les enfants de moins de trois ans. Une révision détaillée des propriétés thérapeutiques et des conditions d’emplois de cette drogue figure dans la Pharmacopée caribéenne (ROBINEAU et al., 1999).
____________________
- ↑ Cette plante odoriférante (odeur de moutarde) est originaire d’Amérique centrale mais elle semble être cultivée depuis longtemps par les colons dans les possessions françaises d’Amérique et au Brésil. C’est ce qu’atteste en tout cas le nom créole simincontra.
- ↑ Les Palikur désignent également sous ce nom, Capraria biflora L. (Scrophulariacées)
- ↑ Si l’usage déparasitant semble généralisé en Amérique tropicale, d’autres applications ont cependant été observées.
En Amazonie brésilienne, la plante entière associée aux feuilles de cotonnier et de Cordia multispicata Cham. (Boraginacées) sert à préparer un sirop antitussif ; avec la macération des feuilles, on prépare également un collyre pour « nettoyer la vue » (FURTADO et al., 1978).
Les Aluku utilisent en friction les feuilles pour traiter le Pityriasis versicolor (FLEURY, 1991). Enfin les racines préparées en décoction sont contraceptives pour les Tikuna (SCHULTES et RAFFAUF, 1990).