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Cnidoscolus aconitifolius (PROTA)

Révision de 26 juin 2014 à 11:07 par Samuel dufour (discussion | contributions)

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Ressources végétales de l'Afrique tropicale
Introduction
Liste des espèces


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Répartition en Afrique Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
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Légume Fairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
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Fourrage Fairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
Sécurité alimentaire Fairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg



Cnidoscolus aconitifolius (Mill.) I.M.Johnstone




Protologue: Contrib. Gray Herb. n.s. 68 : 86 (1923).
Famille: Euphorbiaceae

Synonymes

Jatropha aconitifolia Mill. (1768), Jatropha napaeifolia Desr. ex A.Juss. (1824), Cnidoscolus napaeifolius (A.Juss.) Pohl (1827).

Noms vernaculaires

Manioc bâtard (Fr). Chaya, tree spinach, cabbage star (En).

Origine et répartition géographique

Cnidoscolus aconitifolius est probablement originaire de la région du Yucatan au Mexique, mais il est désormais répandu dans l’est du Mexique et en Amérique centrale. Il est également cultivé du nord du Mexique au Guatemala et parfois ailleurs, par ex. au Ghana et au Nigeria, où il a été planté à titre expérimental dans des stations de recherche.

Usages

Les jeunes feuilles et les pousses de manioc bâtard sont cuites et consommées, seules ou en association avec d’autres légumes et de la viande dans des ragoûts et des potages. Les feuilles sont seulement rarement consommées crues comme légume vert frais. On prépare une boisson appréciée au Yucatan (Mexique) en mélangeant les feuilles fraîches de manioc bâtard dans de l’eau sucrée avec des citrons, de l’ananas et d’autres fruits ; cette boisson renforcerait la virilité. On utilise aussi souvent le manioc bâtard comme fourrage pour les animaux domestiques. En médecine, le manioc bâtard possède de nombreuses caractéristiques. Il permet de renforcer les ongles et foncer les cheveux grisonnants. Il est également utilisé comme remède contre l’alcoolisme, le diabète, l’insomnie, les affections de la peau, les maladies vénériennes, la goutte, les piqûres de scorpion et il améliore le fonctionnement du cerveau et la mémoire.

Propriétés

La composition des feuilles fraîches de manioc bâtard par 100 g de partie comestible est de : eau 72–83 g, protéines 4–8 g, lipides 0–2,9 g, glucides 6–13 g, fibres 2–3,8 g, Ca 140–500 mg, P 70–100 mg, Fe 2–11 mg, β-carotène 10–18 mg, thiamine 0,2 mg, riboflavine 0,1–0,4 mg, niacine 1,6 mg, acide ascorbique 165–318 mg (Ross-Ibarra & Molina-Cruz, 2002). Il contient également 27–42 mg d’HCN. Les feuilles de manioc bâtard non cuites contiennent des hétérosides cyanogéniques qui produisent de l’acide cyanhydrique lorsque les tissus subissent des dégâts. Le temps de cuisson nécessaire pour réduire l’HCN à des niveaux sûrs est environ de 15 minutes.

De nombreux composés flavonoïdes ont été isolés à partir du manioc bâtard et la plupart sont des hétérosides de kaempférol et de quercétine (par ex. chez les formes cultivées : 3-O-rhamnosylgalactoside-7-O-rhamnoside, 3-O-rhamnosylglucoside et 3-O-rhamnoside). La plupart des propriétés médicinales de la plante n’ont jamais été testées expérimentalement. On a observé une chute significative du taux de glycémie dans le sang de lapins diabétiques, nourris avec des quantités de plus en plus importantes de feuilles de manioc bâtard. Des volailles nourries avec un régime alimentaire comportant de fortes quantités de farine de feuilles de manioc bâtard avaient une masse globale plus faible mais présentaient une augmentation significative de la masse absolue du cœur et du foie et du nombre des globules rouges, ainsi qu’une réduction significative de la mortalité. Le manioc bâtard est réputé contenir des enzymes protéolytiques ce qui peut expliquer l’utilisation de son jus pour les affections de la peau.

Botanique

Arbuste ou petit arbre monoïque atteignant 6 m de haut, contenant un latex blanc, à tronc pâle épais, plantes habituellement épineuses à poils urticants, mais les formes cultivées sont inermes. Feuilles alternes, simples ; pétiole de 10–30 cm de long, glanduleux à l’apex ; limbe très variable, de 10–20(–32) cm de longueur et jusqu’à 30 cm de largeur, légèrement ou profondément 3–7-lobé, cordé à la base, plutôt épais et charnu à l’état frais, subglabre et habituellement exempt de soies urticantes, lobes aigus à acuminés. Inflorescence : cyme dichotome. Fleurs unisexuées, régulières, sans pétales ; sépales 5, atteignant 1 cm de long, pétaloïdes, blancs ; fleurs mâles contenant 10 étamines réunies en 2 verticilles ; fleurs femelles à ovaire supère, 3-loculaire, styles 3, connés à la base. Fruit : capsule hispide ovoïde-globuleuse. Graines de 6–8 mm de long, caronculées.

Cnidoscolus comprend environ 50 espèces, toutes américaines. La plupart des espèces ont de longs poils raides en aiguilles, piquant la chair plus fortement que la plupart des orties. Les douleurs sont souvent atroces et persistent pendant des heures, et elles sont parfois accompagnées de gonflements et de cloques. Le genre est très voisin de Jatropha et était inclus dans celui-ci par le passé. Actuellement il est considéré plus proche de Manihot. Cnidoscolus aconitifolius est divisé en 2 sous-espèces. La subsp. polyanthus (Pax & K.Hoffm.) Breckon se cantonne à une petite région à l’ouest du Mexique. La subsp. aconitifolius est répandu du nord du Mexique au Guatemala et est cultivé jusqu’au Pérou et parfois ailleurs. Les formes sans poils urticants utilisées comme légume sont classées dans un groupe de cultivars : le groupe Chayamansa (synonyme : Cnidoscolus chayamansa McVaugh). Les plantes de ce groupe de cultivars produisent des fleurs fonctionnellement stériles (il y a très rarement production de fruits) et sont multipliées par bouture ; on connaît au moins 4 cultivars : ‘Chayamansa’ (limbe de la feuille à 5 lobes obovales, se chevauchant fortement ; c’est le cultivar le plus courant), ‘Estrella’ (limbe de la feuille à 5 lobes dentés étalés, ne se chevauchant pas), ‘Picuda’ (limbe de la feuille à 5–9 lobes étroits, fortement dentés à pinnatifides) et ‘Redonda’ (limbe de la feuille à 3 lobes entiers ou légèrement dentés).

Autres données botaniques

Ecologie

Dans la nature en Amérique centrale, Cnidoscolus aconitifolius pousse dans des fourrés humides et secs des forêts claires, souvent dans des milieux ouverts et rocailleux, du niveau de la mer jusqu’à 1300 m d’altitude.

Gestion

Le manioc bâtard est multiplié par boutures d’environ 40 cm de long qui sont séchées 1–14 jours avant plantation. Il peut survivre à des conditions extrêmes de températures élevées, d’ombrage sévère, d’inondation ou d’aridité. Il est généralement planté comme haie dans les jardins familiaux. Bien que la plante puisse atteindre 6 m de haut, les tiges sont facilement brisées par le vent et on recommande de les maintenir à une hauteur de moins de 2 m.

Il est conseillé d’effectuer la récolte en se protégeant les mains, car même chez les plantes inermes, le contact prolongé avec le latex peut provoquer une irritation de la peau. On peut obtenir des rendements en feuilles sèches atteignant 12 t/ha sur des sols fertiles avec environ 9000 plantes/ha. La période de récolte optimale dure seulement 2–3 mois par an, mais dans les jardins familiaux on récolte les feuilles lorsqu’on en a besoin. On ne connaît pas de maladies ou de ravageurs importants pour cette plante.

Ressources génétiques

Cnidoscolus aconitifolius est très répandu en Amérique centrale et il n’y a aucun risque d’érosion génétique.

Perspectives

Le manioc bâtard a un potentiel comme plante de jardins familiaux. Comme il est multiplié aisément, qu’il tolère des conditions extrêmes et qu’il est exempt de maladies ou de ravageurs importants, c’est une espèce prometteuse qui mérite d’être essayée dans de nombreuses régions d’Afrique tropicale.

Références principales

  • Kolterman, D.A., Breckon, G.J. & Kowal, R.R., 1984. Chemotaxonomic studies in Cnidoscolus (Euphorbiaceae). 2. Flavonoids of C. aconitifolius, C. souzae, and C. spinosus. Systematic Botany 9(1): 22–32.
  • Ross-Ibarra, J. & Molina-Cruz, A., 2002. The ethnobotany of chaya (Cnidoscolus aconitifolius ssp. aconitifolius Breckon): a nutritious Maya vegetable. Economic Botany 56(4): 350–365.
  • Standley, P.C. & Steyermark, J.A., 1949. Flora of Guatemala. Fieldiana: Botany 24, part 6: 1–440.

Autres références

  • Burkill, H.M., 1994. The useful plants of West Tropical Africa. 2nd Edition. Volume 2, Families E–I. Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, United Kingdom. 636 pp.
  • National Academy of Sciences, 1975. Underexploited tropical plants with promising economic value. National Academy of Sciences, Washington D.C., United States. 188 pp.

Auteur(s)

  • P.C.M. Jansen

PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands

Consulté le 23 décembre 2024.


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