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Apocynaceae (Pharmacopées en Guyane)

Révision de 25 janvier 2020 à 16:56 par Michel Chauvet (discussion | contributions)

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Eryngium foetidum
Pharmacopées traditionnelles en Guyane, 2004
Allamanda cathartica


Cette famille a fourni de nombreuses drogues de tout premier plan en matière médicale : réserpine, voacangine, ajmaline, strophantidine, vinblastine, leurocristine, etc. Les Apocynacées sont encore l’objet de nombreuses études botaniques, chimiques et pharmacologiques. À la suite de la découverte, durant les années 1960, de la vinblastine dans la pervenche de Madagascar, partout dans le monde, des équipes se sont mises à la recherche des Apocynacées, surtout celles non encore étudiées et renfermant ces alcaloïdes indoliques oncolytiques.

Cette famille est bien représentée en Amazonie. Ainsi, en liaison étroite avec les équipes de P. Potier, directeur de l’Institut de Chimie des Substances naturelles à Gif-sur-Yvette, et celle du professeur J. Poisson du Centre d’études pharmaceutiques de Châtenay-Malabry, nous avons entrepris l’étude chimique des Apocynacées guyanaises.

Nous avons pu nous appuyer sur les connaissances progressivement acquises sur la chimiotaxonomie de cette famille, parallèlement aux études taxonomiques menées au Muséum national d’histoire naturelle de Paris d’abord par P. Boiteau puis par L. Allorge qui ont identifié nos herbiers de référence. Nous suivons ici leur classification (BOITEAU et ALLORGE, 1978 ; ALLORGE, 1983, 1985) et celle retenue dans la Preliminary Checklist of the Plants of the Guiana Shield (HOLLOWELL et al., 2001). Nous nous sommes particulièrement intéressés aux arbres et aux arbustes de la sous-famille des Tabernaemontanoïdées, fréquents dans les sous-bois de Guyane et riches en alcaloïdes indoliques aux propriétés antinéoplasiques.

Par contre les lianes de cette famille qui, en Guyane, appartiennent presque toutes à la sous-famille des Échitoïdées, sont exemptes d’alcaloïdes. Les analyses chimiques que nous avons effectuées sur ces lianes montrent qu’elles sont toutes, en revanche, riches en flavonols dérivés du kaempférol et du quercétol.

Nous avons aussi porté nos efforts sur les grands arbres des genres Aspidosperma et Geissospermum qui renferment aussi des alcaloïdes indoliques. Les Apocynacées à alcaloïdes indoliques – à l’exception notoire de deux Geissospernum – sont rarement médicinales en raison probablement de leur toxicité élevée qui les rend difficiles à doser. Plusieurs espèces dont nous avons étudié la composition chimique ne figurent donc pas dans cet ouvrage, bien que les analyses aient permis de découvrir un grand nombre d’alcaloïdes, plusieurs étant nouveaux.

L’emploi de ces espèces renfermant des alcaloïdes indoliques se limite donc, en médecine traditionnelle, aux Tabernaemontanoïdées, dont l’usage, surtout important chez les Palikur, constitue une exception remarquable.

Les alcaloïdes indoliques des Apocynacées ont aussi retenu l’attention des pharmacologues pour leurs propriétés oncolytiques. Cependant ils possèdent encore bien d’autres activités et nous en rappellerons ici quelques-unes en fonction des données bibliographiques disponibles : la voacangine, la voacangirine ont des propriétés cardiotoniques. Elles ne se fixent pas sur le muscle cardiaque, n’ont pas d’action cumulative et sont rapidement éliminées.

La voacangine est aussi hypotensive et accroît l’effet des barbiturates (QUEVAUVILLER et BLANPIN, 1957). Elle a enfin une action stimulante sur le SNC, ainsi que l’isovoacangine, quoique de manière plus légère.

La coronaridine agit quant à elle sur le système nerveux central et sur le système nerveux autonome. Sa toxicité est associée à une dépression respiratoire. Elle aurait des propriétés anticonceptionnelles (MEHROTRA et KAMBOY, 1978).

Enfin, l’aspidospermine, comme d’autres alcaloïdes indoliques, a une activité antimicrobienne à des concentrations sensiblement plus élevées que les antibiotiques courants ; la concentration inhibitrice minimale est de 100 mg/ml au lieu de 10 mg/ml pour la streptomycine (VERPOORTE et al., 1983).