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Prêle (Cazin 1868)

Révision de 8 mars 2017 à 19:34 par Michel Chauvet (discussion | contributions)

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Pourpier
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Primevère
PLANCHE XXXII : 1. Polytric. 2. Prèle. 3. Pulmonaire. 4. Pulsatille. 5. Pyrèthre.


[876]

Prêle

Nom accepté : Equisetum arvense


PRÈLE. Equisetum arvense. L.

Equisetum arvense longioribus setis. C. Bauh. — Equisetum segetale. Ger. — Equisetum minus terrestre. J. Bauh.

Queue de cheval, — queue de renard, — herbe à écurer.

EQUISÉTACÉES. Fam. nat. — CRYPTOGAMIE. L.


Cette plante (Pl. XXXII) est très-commune dans les champs humides et sablonneux, dans les fossés, le long des haies. C'est un des fléaux de l'agriculture.

Description. — Racines fibreuses. — Tiges, les unes stériles, fistuleuses, articulées, hautes de 30 à 40 centimètres, munies à chaque articulation d'une gaine dentée ou crénelée, courte, noirâtre, et de 10 ou 15 feuilles ou rameaux verticellés et articulés. Les tiges fructifères plus grosses, paraissant les premières, simples, nues, à gaînes plus larges et plus profondément dentées et se terminent par un épi oblong, cylindrique, composé d'écailles verticellées, pédicellées, peltées ; chaque écaille porte à la face inférieure des sporonges membraneux disposés en cercle et renfermant des spores nombreuses, vertes, libres, munies de quatre appendices filiformes renflés au sommet.


Prêle d'hiver

Nom accepté : Equisetum hyemale


PRÈLE D'HIVER, equisetum hiemale, L. — Elle croît dans les lieux humides des bois.

Description. — Tiges simples, fermes, rudes, sillonnées, articulées, d'un vert glauque. — Gaîne noirâtre et légèrement crénelée ; fleurit en février et mars.


Prêle des marais

Nom accepté : Equisetum fluviatile ?


PRÈLE DES MARAIS, equisetum limosum, L. — Se trouve dans les terrains humides, les prés marécageux.


[877]

Description. — Tige droite, grêle, profondément sillonnée, presque anguleuse, haute de 30 centimètres ; rameaux diminuant graduellement de longueur vers le sommet, ce qui lui donne une forme pyramidale. — Tige fructifère ayant les rameaux de ses verticilles ordinairement simples, moins nombreux ; l'épi grêle, ovoïde et très-allongé. — Fleurs d'un jaune noirâtre.


Prêle des bois

Nom accepté : Equisetum sylvaticum


PRÈLE DES BOIS, equisetum sylvaticum, L. — Espèce d'un port élégant, à cause de la délicatesse de ses rameaux. Se trouve dans les lieux montagneux et élevés.

Description. — Tige grêle, articulée, haute de 20 à 25 centimètres. — Gaines de ses articulations lâches et fort grandes. — Verticilles composés de rameaux assez nombreux, chargés eux-mêmes d'autres verticilles à leurs articulations. — Epi terminal un peu long et comme panaché.


Prêle des rivières

Nom accepté : Equisetum fluviatile


PRÈLE DES FLEUVES, equisetum fluviatile. — Grande et belle espèce, qu'on trouve dans les lieux marécageux, au bord des rivières. Croît à la fin d'avril, et se flétrit après la disparition des fructifications.

Description. — Tige stérile, droite, épaisse, fistuleuse, haute de 60 à 120 centimètres, à gaîne d'un blanc d'ivoire. — Verticilles composés de rameaux nombreux, fort longs, articulés, tétragones. — Tige fertile paraissant toujours la première, nue, beaucoup plus courte, souvent coudées à sa base, se terminant par un gros épi de forme ovoïde.

[Nous citerons encore les equisetum segetale, L., ou prêle des moissons ou des tourneurs, l’E. palustre et l’E. ramosum comme étant employée aux mêmes usages.]


Parties usitées. — La tige et les feuilles.

[Culture. — Les prêles ne sont cultivées que dans des jardins botaniques, on les multiplie par éclats de pieds, et on les plante dans des baquets plein de terre et plongeant dans l'eau.]

Récolte. — On peut récolter les prêles pendant toute la belle saison. Leur dessiccation s'opère promptement et sans changer la plante de forme ni de qualités physiques. Toutes les espèces peuvent être substituées les unes aux autres. Elles contiennent les mêmes principes.

Propriétés physiques et chimiques; usages économiques. - Les prêles sont inodores ; mais elles ont un goût désagréable, austère. Diebold a trouvé l’equisetum hiemale, L. composée de : chlorophylle unie une matière extractive jaune, fécule, gallate de chaux, sucre, acide malique, oxyde de fer, sels, etc. Pectet et John y ont trouvé de la silice en assez grande quantité[1], ce qui explique la rudesse de l'épiderme de ces plantes. On doit aussi à Braconnot[2] des recherches chimiques sur la nature des prêles. (La prèle commune contient un acide identique à l'acide maléique, l’A. équisétique C4 H O3. HO).

La tige de la prêle d'hiver, qui est très-âpre, sert à polir le bois et les métaux, à nettoyer la batterie de cuisine. On pourrait l'employer au tannage. — La prêle des fleuves servait d'aliment aux Romains. Le peuple mangeait ses jeunes pousses en guise d'asperges. On les mange encore aujourd'hui en Toscane. — Suivant les uns, la prêle des marais offre une nourriture excellente aux vaches ; d'autres prétendent qu'elle leur fait uriner le sang, et qu'elle est nuisible à tous les animaux. En général, les prêles sont regardées comme un mauvais fourrage.

On a vanté la prêle comme astringente et diurétique. On l'a prescrite dans l'hydropisie, la gravelle, la dysenterie, la diarrhée, l'hémoptysie, l'hématurie et autres hémorrhagies. Le professeur Lenhossek, de Vienne[3], recommande les diverses espèces de prêle, et particulièrement l’equisetum hiemale et l’equisetum limosum, comme des diurétiques puissants ; il les conseille dans les hydropisies par atonie ; elles seraient trop actives quand elles sont inflammatoires, au point, dit-il, de causer l'hématurie. Ces plantes

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  1. Bulletin des sciences médicales de Férussac, t. XVI, p. 459.
  2. Annales de chimie, 1828, t. XXXIX, p. 5.
  3. Journal de chimie, pharmacie et toxicologie, 1827.


[878]

n'ont, suivant cet auteur, aucune influence funeste sur les organes digestifs circulatoires et nerveux. Il vaut mieux les employer sèches. La poudre et la décoction réussissent également bien (8 à 15 gr. par litre) : une à deux cuillerées de cette décoction aux enfants, 100 à 200 gr. aux adultes toutes les deux heures.

Gattenhoff[1] a été témoin des bons effets de la prêle dans un cas d'hémoptysie rebelle : In hæmoptœ chronica probos effectus ipse novi. Hoffmann recommande la décoction de la même plante dans la bière comme un remède efficace contre la néphrite calculeuse ; mais il faut ajouter du beurre et du miel. C'est, dit-il, un remède domestique qu'il ne faut point dédaigner.

J'ai vu employer la décoction de prêle avec succès dans l'hématurie des bestiaux, après avoir, toutefois, dans la plupart des cas, pratiqué une large saignée. C'est un remède populaire à la campagne.

(Une poignée de prêle dans 1 kilogr. 1/2 d'eau, réduit à 1 kilogr., à prendre par tasses de quatre en quatre heures, a réussi plusieurs fois à mon père dans les métrorrhagies se manifestant au moment de la ménopause,)

Par contre, cette plante a été considérée comme emménagogue. Schuke accuse les prêles de causer l'avortement des vaches et des brebis, quand elles se trouvent mêlées en trop grande quantité dans leur fourrage. Cependant les Irlandais donnent indifféremment toutes les espèces à manger à leurs bestiaux, sans qu'il en résulte aucun accident.

J'ai reconnu à la prêle une action assez prononcée sur les organes urinaires. Elle m'a paru utile dans la néphrite calculeuse avec absence de douleur vive, et dans l'état cachectique et œdémateux qui suit ou accompagne les fièvres intermittentes. J'ai donné avec avantage, dans ces derniers cas, la décoction de parties égales de cette plante et de feuilles de pissenlit. J'ai aussi employé le suc de prêle à la dose de 30 à 100 gr. dans 1 kilogr. de petit lait.

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  1. Roques, Plantes usuelles, t. IV, p. 299.