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Sceau de Salomon (Cazin 1868)

Révision de 14 décembre 2016 à 16:35 par Michel Chauvet (discussion | contributions)

Sceau de Notre-Dame
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Scille


[968]

Nom accepté : Polygonatum odoratum


SCEAU DE SALOMON. Convallaria polygonatum. L.

Polygonatum uniflorum. Desf. — Polygonatum latifolium vulgare. C. Bauh., Tourn. — Polygonatum vulgo sigillum Salomonis. J. Bauh. — Polygonatum vulgare. Park.

Muguet anguleux, — grenouillet, — signet, — herbe au panaris.

ASPARAGÉES. Fam. nat. — HEXANDRIE MONOGYNIE. L.


Le sceau de Salomon (Pl. XXXVII), plante vivace, est très-commune dans les bois, les lieux ombragés, le long des haies.

Description. — Racine : souche traçante, un peu fibreuse, grosse à peu près comme le doigt, irrégulière. — Tiges simples, anguleuses, fermes à leur partie supérieure, hautes d'environ 30 à 60 centimètres. — Feuilles alternes, ovales, oblongues, sessiles, un peu amplexicaules, glabres, d'un vert glauque, marquées de quelques nervures longitudinales. — Fleurs d'un blanc un peu verdâtre, portées sur des pédoncules axillaires recourbés du côté opposé aux feuilles (avril-mai). — Point de calice. — Corolle simple, tubuleuse, à six divisions étroites. — Six étamines à anthères oblongues, insérées sur le milieu du tube. — Un ovaire à trois carpelles. — Un style filiforme. — Fruit : baies globuleuses, noirâtres, à trois loges monospermes.

Parties usitées. — La racine (rhyzome) et les semences.

Récolte. — La racine, étant vivace, peut se récolter en tout temps. On ne trouve guère que sa racine dans l'herboristerie, où sa forme la fait facilement reconnaître.

[Culture. — La plante spontanée suffit aux besoins de la médecine. Elle pousse très-bien dans les jardins. On la multiplie par divisions des rhyzomes.]

La racine de sceau de Salomon, d'une saveur douceâtre, visqueuse, un peu âcre, est un astringent léger, agissant à peu près comme la grande consoude. On en conseillait autrefois l'usage dans la goutte, la gravelle, la leucorrhée, les hémorrhagies, etc. Palmer recommandait comme un bon remède antigoulteux l'infusion de 15 à 30 gr. de cette racine. hermann la préconise aussi contre la goutte et les affections rhumatismales. Elle est employée dans ces maladies par les habitants d'Irkutsk el du lac Baïkal, au


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rapport du docteur Rehmann[1]. D'après Martius[2], la racine des convallaria polygonatum et multiflora, L., recueillie avant la floraison de la plante, séchée et donnée en poudre à la dose de 36 grains (2 gr.), est un remède populaire en Russie comme préservatif de la rage ! Les cultivateurs donnent quelquefois la racine de grenouillet, hachée dans de l'avoine, aux chevaux atteints du farcin.

« Quelques auteurs, dit Loiseleur-Deslongchamps[3] rapportent que 4 gr. de racine de cette plante, ou dix à quinze de ses fruits, provoquent le vomissement, ce qui ne s'accorde nullement avec ce que disent Linné et Bergius. Selon ces auteurs, des paysans suédois, dans un temps de disette, ont mêlé de ces racines avec de la farine de froment, et ils en ont fait une sorte de pain d'une couleur brunâtre et d'une consistance visqueuse ; mais il n'est pas question que ce pain ait fait vomir. » Suivant Schroeder, c'est surtout le fruit qui est vomitif. En effet, quinze fruits de cette plante, fraîchement cueillis, écrasés dans l'eau sucrée, m'ont produit trois vomissements après douze minutes de leur ingestion. Je n'ai que ce seul fait à citer en faveur de la propriété vomitive de cette semence.

A l'extérieur, on appliquait la racine de sceau de Salomon sur les contusions, les ecchymoses et contre les maladies de la peau. Les bonnes femmes, en cela d'accord avec Chomel, pilent cette racine avec autant de celle de grande consoude, pour appliquer sur les hernies des enfants, qu'un bandage vient ensuite consolider. On donnait autrefois, en même temps, l'infusion vineuse de la racine, 30 gr. dans 500 gr. de vin macérés vingt-quatre heures et pris en trois fois. Dans quelques campagnes, on vante beaucoup contre les panaris le cataplasme suivant : racine de sceau de Salomon 60 gr., saindoux 60 gr., eau commune, un verre. On fait cuire jusqu'à ce que la racine puisse s'écraser facilement ; puis on fait prendre au doigt malade un bain d'un quart d'heure dans ce mélange, et on applique ensuite la racine en cataplasme. On renouvelle chaque jour le remède.

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  1. Nouveau Journal de médecine, t. V, p. 209.
  2. Bulletin des sciences médicales de Férussac, t. XIII, p. 354.
  3. Dictionnaire des sciences médicales, t. I, p. 134.