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Ménianthe (Cazin 1868)

Révision de 19 septembre 2016 à 19:49 par Michel Chauvet (discussion | contributions)

Menthe
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Mercuriale

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Nom accepté : Menyanthes trifoliata


MÉNYANTHE[1]. Menyanthes trifoliata. L.

Trifolium palustre. C. Bauh., Dod. — Trifolium febrinum germanicum. Ray. - Menyanthes palustris. Tourn. — Trifolium febrinum. Tab., Off., Murr.

Trèfle aquatique, — trèfle d'eau, — ményanthe trifoliée, — ményanthe à feuilles ternies, - trèfle à la fièvre.

GENTIANACÉES. Fam. nat. — PENTANDRIE MONOGYNIE. L.


Cette plante vivace (Pl. XXVI) habite les marais, les étangs, les fossés humides, dans toute l'Europe. On la rencontre à Saint-Clair, à Ville-d'Avray, près de Paris.

Description. — Racine : souche épaisse, cylindrique, rampante, marquée de cicatrices provenant de la chute des feuilles et couverte de fibres presque simples, assez nombreuses. — Feuilles longuement pétiolées, composées de trois folioles glabres, ovales, d'un vert foncé.— Fleurs formant une belle grappe à l'extrémité d'une hampe droite d'environ 25 centimètres de hauteur ; chaque fleur d'un blanc rosé, quelquefois purpurine à l'extérieur, pédicellée et accompagnée d'une bractée ovale (mai-juin). — Calice à cinq découpures. — Corolle infundibuliforme. — Cinq étamines. — Un style. - Fruit : capsule uniloculaire, sillonnée longitudinalement en dehors. — Semences glabres, luisantes, un peu lenticulaires.

Parties usitées. — L'herbe entière.

Récolte. — On se sert de la plante à l'état frais pendant toute la belle saison. On récolte les feuilles à la fin de l'été pour les conserver. Séchées avec soin, elles ont encore leur forme et leur amertume, ne sont ni trop jaunes ni tachées.

Propriétés physiques et chimiques. — Le trèfle d'eau, d'une odeur faible, d'une saveur nauséeuse et très-amère, contient, d'après Trommsdorf, une fécule verte, de l'extractif amer, une gomme brune, de l'albumine, une matière animale que le feu ne coagule pas, de l'inuline (?) — Depuis, Nativelle en a extrait la matière amère à l'état de pureté, sous forme de longues aiguilles blanches, à éclat satiné, à laquelle il a donné le nom de menyanthin ou menyanthine. Il a fait remarquer que cette plante, ne contenant pas de tannin, pouvait être associée sans inconvénient aux sels de fer.

Les feuilles sèches sont employées par quelques brasseurs en guise de houblon dans la fabrication de la bière.


PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.


A L'INTÉRIEUR. — Décoction ou infusion, 15 à 30 gr. par kilogramme d'eau, par petites tasses.
Suc exprimé, 30 à 100 gr.

Vin (30 gr. pour 1 kilogr. de vin ou de bière), 50 à 100 gr.
Sirop (1 de sucre sur 3 de sirop), 30 à 100 gr.

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  1. (C'est par une erreur dans les anciennes éditions de Nicandre que Linné a pris son ményanthe du mot μηνυανθες. Dans Théophraste et dans Dioscoride. il y a μινυανθες, de μινυς, petit, et ανθος, fleur, à cause de la délicatesse de la fleur.)


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Teinture (1 sur 6 d'alcool), 2à 4 gr., en potion.
Extrait alcoolique (1 sur 1 d'alcool et 8 d'eau), 1 à 4 gr., en pilules, bols, etc.
Extrait aqueux par infuso-decoctum (1 sur 8 d'eau), 1 à 4 gr., en pilules, bols, etc.
Extrait de suc par inspissation, même dose (est préférable), (1 kilogr. de la plante donne 22 gr. d'extrait.)

Poudre (rarement employée), 1 à 4 gr., en bols, pilules ou dans un liquide. A L'EXTÉRIEUR. — Décoction, pour lotions, fomentations.
Feuilles en cataplasmes.
Suc en topique.
Le trèfle d'eau entre dans les pilules balsamiques de Stahl.


Le trèfle d'eau est amer, tonique, fébrifuge, antiscorbutique, emménagogue, vermifuge. A haute dose, il est vomitif et purgatif. On l'emploie dans les affections atoniques du tube digestif, les scrofules, le scorbut, la goutte, le rhumatisme chronique, les maladies cutanées anciennes, les fièvres intermittentes, l'aménorrhée par atonie, etc.

Les propriétés de cette plante sont celles, à un haut degré, des amers en général, et se rapprochent surtout de celles de la gentiane. Cependant, elle contient quelques principes particuliers qui expliquent dans certains cas, outre son action tonique, l'effet spécial qui la fait considérer comme antiscorbutique, fondante et dépurative. La Providence, en la faisant naître dans les marais, semble l'avoir destinée à combattre le scorbut, les fièvres intermittentes, la cachexie paludéenne, l'empâtement et les engorgements des viscères abdominaux, les scrofules, etc., maladies si fréquentes dans ces lieux malsains. Boerhaave en a éprouvé d'heureux effets sur lui-même contre la goutte, et Bergius en a constaté de plus en plus l'utilité dans cette maladie. Simon Schultius[1] a rapporté plusieurs cas de guérison de rhumatismes articulaires au moyen des feuilles de trèfle d'eau en décoction dans la bière. Double[2] en a obtenu de bons résultats à la fin des rhumatismes aigus, pour combattre la disposition des malades aux récidives.

Villius[3] rapporte avoir guéri dans quinze jours une hydropisie ascite très-considérable, en prescrivant trois verres par jour de cinq pots de petit-lait, dans lesquels on avait fait infuser trois poignées de trèfle d'eau, une poignée de racine d'aunée, de raifort sauvage, de feuilles d'asclépias et de fleurs de buglose... Il est difficile d'apprécier dans ce mélange la part que le trèfle d'eau a pu prendre.

Le ményanthe est un tonique puissant dont je fais très-fréquemment usage. C'est principalement dans le scorbut, seul ou associé aux plantes antiscorbutiques et surtout au cresson et au cochléaria, que je l'emploie. C'est un remède vulgaire chez les Anglais pour combattre les éruptions scorbutiques qui régnent habituellement chez eux au printemps. Bluhm a obtenu les résultats les plus heureux dans le traitement du scorbut, d'une décoction faite avec le ményanthe, la racine de raifort et l'oseille. J'ai souvent administré cette plante, dans les lieux où elle était à proximité de mes malades, contre les fièvres intermittentes, les cachexies, les scrofules, l'hydropisie, la chlorose, l'état d'atonie résultant de la misère. J'en ai toujours tiré de très-bons effets ; mais je dois dire que, comme fébrifuge, elle n'a pas offert plus de certitude que la gentiane, le chardon étoilé, l'absinthe et la petite centaurée.

Willis administrait aux enfants vermineux 60 centigr. à 1 gr. 60 centig. de trèfle d'eau en poudre le matin à jeun pendant douze ou quinze jours de suite ; et, au bout de ce temps il a vu survenir une abondante évacuation de vers intestinaux. Cullen a constaté les bons effets de cette plante dans quelques affections herpétiques ou même d'un aspect cancéreux. Roques l'a employée avec le plus grand succès dans plusieurs affections dartreuses, qui

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  1. Miscel. acad. curios. nat., etc., an IV et V, p. 133.
  2. Journal général de médecine, t. LXXIV, p. 68.
  3. Actes de la Société de Copenhague, année 1774.


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avaient résisté aux préparations antimoniales, au soufre et à la douce-amère.

(Teissier (1)[1] recommande contre la céphalalgie habituelle une infusion légère de trèfle d'eau édulcorée avec le sirop de valériane.)

A l'extérieur, j'ai employé le trèfle d'eau en décoction sur les ulcères atoniques, scorbutiques et scrofuleux. Je n'ai pas remarqué d'effet qui lui fût exclusif. Il agissait comme toutes les substances de même nature. J'ai connu un cultivateur asthmatique qui se soulageait en fumant des feuilles de trèfle d'eau séchées.

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  1. Revue de thérapeutique médico-chirurgicale, 1858.