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Faux Ébénier (Cazin 1868)

Révision de 1 septembre 2016 à 09:47 par Michel Chauvet (discussion | contributions)

Euphraise
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Fenouil

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Nom accepté : Laburnum anagyroides


FAUX ÉBÉNIER. Cytisus laburnum. L.
Anagyris non fœtens minor. G. Bauh.
Cytise des Alpes, — aubours, — cytise aubours, — ébénier des Alpes.
LÉGUMINEUSES. — LOTÉES. Fam. nat. — DIADELPHIE DÉCANDRIE. L.


Le cytise des Alpes (Cytis, nom d'une île de l'Archipel, selon Pline, où cet arbre abonde) est cultivé dans nos bosquets, dans les promenades publiques, quelquefois naturalisé dans les bois ou les haies. Les chèvres et les moutons mangent avec plaisir ses feuilles et ses rameaux. Son bois dur, pliant, servait autrefois à faire des arcs, et on peut l'employer en cerceaux, en échalas, en treillage, etc.

Description. — Tronc de 5 à 7 mètres de hauteur et même davantage ; écorce d'un gris-vert. — Feuilles trifoliées, pétiolées, à folioles ovales-oblongues, velues en dessous. — Fleurs jaunes, en grappes pendantes, munies de petites bractées vers le sommet, axillaires (mai-juin). — [Calice pubescent soyeux, tube campanulé court, limbe divisé en deux lèvres très-courtes. — Corolle à étendard ovale dépassant les ailes et la carène. — Dix étamines monadelphes. — Ovaire simple, terminé par un stigmate oblique. - Fruit : gousse pubescente, soyeuse, comprimée, bosselée, à bord supérieur, épais, caréné, contenant plusieurs graines brunes.]

[Culture. — Le cytise est une plante d'ornement qui vient dans tous les sols, et qui se propage de graines semées en pépinière au printemps ; on les met en place à deux ou trois ans.]

Parties usitées. — Les jeunes pousses, l'écorce, les graines.

[Propriétés chimiques. — D'après Caventou, les fleurs du cytise fournissent une matière huileuse odorante, de l'acide gallique, de la gomme, du sulfate de chaux et du chlorure de sodium][1].

Les graines contiennent une matière à laquelle on a donné le nom de cytisine, et qui, suivant Chevallier et Lassaigne, est le principe actif de la plante. On trouve aussi la cytisine dans d'autres plantes de la même famille. [C'est une substance neutre, non azotée, déliquescente, incristallisable, soluble dans l'eau et l'alcool, insoluble dans l'éther ; sa saveur est amère et nauséabonde.]

La semence de cytise des Alpes, prise à une certaine dose, irrite fortement le tube digestif, produit des vomissements, des déjections alvines abondantes, la superpurgation, et, secondairement, des symptômes nerveux plus ou moins graves caractérisant une véritable intoxication.

Des personnes ayant essayé l'emploi de ces semences comme aliment, ont été prises de vomissements, de coliques violentes et de flux de ventre très-abondants[2]. Haller avait déjà signalé les propriétés vénéneuses du

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  1. Journal de pharmacie, t. III, p. 309.
  2. Annales de la Société de médecine pratique de Montpellier, t. XVIII, p. 304.


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faux ébénier, dans des cas où les feuilles et les semences avaient été mangées. Les expériences de Christison ont démontré que l'écorce de cet arbre est très-délétère, et plusieurs faits, dont un tout récent[1], prouvent que les pétales ne sont pas moins énergiques.

Tollard et Vilmorin attribuent aux jeunes pousses les mêmes qualités,

(Dans un cas observé par Benett[2], outre les vomissements et la superpurgation, il y eut des phénomènes tellement particuliers que, malgré notre désir de rendre les observations aussi rares que possible, nous ne pouvons mieux faire que de reproduire celle-ci en résumé : Une jeune fille de huit ans mange des petits pois récoltés à la campagne. — Selles multipliées, - vomissements, — puis collapsus, — pouls à peine perceptible, pupilles dilatées, écoulement involontaire de salive. — Une application d'ammoniaque aux narines fit cesser l'état comateux, mais aussitôt après survinrent des spasmes tétaniques violents semblables à ceux que détermine la strychnine. On lui fit prendre ensuite 1 scrupule de sulfate de zinc dissous dans une pinte d'eau chaude ; trois minutes après elle vomit abondamment, les spasmes devinrent moins intenses et les pupilles furent moins dilatées ; deux heures plus tard, la mère apporta le reste des pois dont la fille avait mangé, et qui n'étaient autres que des graines de cytise. On administre une forte dose d'huile de ricin. Le soir, les spasmes musculaires reparaissent avec plus de violence, surtout à la face ; chaque muscle de la face paraissait se contracter successivement, ceux de l'avant-bras faisaient saillie, et chacun d'eux semblait se séparer des muscles voisins. Les mains étaient fortement fléchies, la plante des pieds recourbée et les orteils rigides. La peau avait une teinte brunâtre caractéristique. L'inhalation d'un gros de chloroforme amena quelque soulagement ; mais les contractions musculaires ne tardèrent pas à reparaître. Une seconde inhalation de chloroforme faite trois heures plus tard eut le même résultat. Les jours suivants les mêmes symptômes se reproduisirent par intervalles, accompagnés de soif intense et de douleur à la région épigastrique. Ce ne fut qu'au bout de treize jours que la peau reprit sa couleur normale, et que les spasmes musculaires commencèrent à diminuer. —. Trois autres enfants du voisinage avaient mangé des graines de cytise avec cette jeune fille et offrirent les mêmes symptômes à un degré moindre.

Voilà donc, d'après cette observation, un nouvel agent excito-moteur qui prendra sa place à côté de la strychnine, si les faits se multiplient en sa faveur).

Les propriétés vomitives et purgatives du cytise des Alpes ont porté Wauters à le proposer comme succédané du séné. Je pense que de nouvelles expériences sont nécessaires pour déterminer les doses auxquelles on peut sans danger administrer les semences, avant de les admettre définitivement comme purgatives. Les jeunes pousses administrées en décoction aux mêmes doses que le séné, à un cultivateur âgé de quarante-sept ans, atteint d'anasarque, suite de fièvre intermittente négligée, ont produit des nausées, quelques efforts de vomissement et six selles abondantes sans trop de coliques.

La CYTISINE, donnée à des animaux, même en très-petite quantité, produit des vomissements, des convulsions et la mort. (Chez l'homme, à la dose de 10 à 13 centigr., elle est vomitive et purgative.) Administrée à un homme à la dose de 40 centigr., elle causa des vomissements rebelles, des vertiges, des contractions spasmodiques, l'élévation du pouls et la décoloration de la face. Ces symptômes furent suivis, au bout de deux heures, d'une grande

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  1. Bouchardat, Annuaire, 1860, p. 64.
  2. Bouchardat, Annuaire, 1860, p. 65.


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dépression des forces qui dura plus de quinze jours. D'après ces effets, on est porté à croire que la cytisine a (en outre de l'action excito-motrice dont nous avons parlé plus haut), une action hyposthénisante très-prononcée, succédant assez promptement à son action primitive et irritante sur l'estomac.