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Jusquiame (Cazin 1868)

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Julienne
Cazin, Traité des plantes médicinales, 1868
Laîche


[543]

Jusquiame noire

Voir la page Hyoscyamus niger

JUSQUIAME. Hyosciamus niger. L. Hfosùiamp vulgaris vel niger. BAUH., TOURN. — Hyosciamus. FUCHS.

Jusquiame noire, — jusquiame commune, — hanebane, — potelée, — herbe aux engelures, ' ■.'..-■.,- mort-aux-poules, — herbe à teigne, — porcelet.

' '. SOLANÉES. — HYOSCIAMÉES. Fam. nat.— PENTAKDRIE MOKOGYKIE. L.

-^a jusquiame noire (PI. XXII), plante bisannuelle, croît dans toute la '^n'ce,autour' des villages, des hameaux, des fermes, sur le bord des che-

mins, dés' fossés. Les chèvres et les vaches la broutent sans inconvénient;

les cochons et les brebis l'aiment beaucoup.

Mçfeèi'iptïoM.— Racines épaisses, ridées, brunes en dehors, blanches en dedans. ~ lige velue, haute de 50 à 60 centimètres, épaisse, rameuse, cylindrique. — Feuilles «mes, amplexicaules, cotonneuses, lancéolées, profondément découpées à leurs bords. Ùiti;UrS^ssez ërandes, hermaphrodites, d'un brun jaunâtre, niarquées de pourpre et 3f v™é de lignes brunes; presque sessiles, disposées en longs épis unilatéraux, «'es, scorpioïdes (mai-juin-juillet). — Calice tubulé à cinq lobes. — Corolle hypo- lanto prusque camPanulée à cinq découpures inégales. — Cinq étamines un peu sail-

iW i du tukev à filets un peu arqués. — Un ovaire surmonté d'un style et d'un u0maie.- Fruit : capsule renfermée dans le tube du calice, biloculâire, ovale-obtuse, downloadModeText.vue.download 573 sur 1308


bkk JUSQUIAME.

operculée, renflée à la base, contenant des semences grisâtres et nombreuses, à péri- sperme épais, charnu.

Parties usitées. — Les feuilles, la racine et les semences.

Récolte. — La récolte de la jusquiame doit être faite lorsqu'elle est en pleine vé- gétation, un peu avant la floraison. On la fait sécher à l'étuve avec soin et promple- ment, ses feuilles étant grasses et visqueuses. La racine de la seconde année sera pré- férée à celle de la première. La plante sauvage et celle du Midi sont plus actives que celle qui est récoltée dans le Nord ou que l'on a cultivée. Elle est aussi moins active au printemps. La racine a été quelquefois prise pour celle de chicorée et du panais, ans- quelles elle ressemble beaucoup. Les pousses de jusquiame venues à l'ombre et presque soustraites à l'action de la lumière ressemblent à des pissenlits qui seraient poussés dans une motte de terre, et peuvent être cueillies pour ces derniers. Ces méprises causent quelquefois des accidents plus ou moins graves.

[Culture. — La jusquiame se multiplie de graines en terre légère et sèche ou dans des décombres.]

Propriétés physiques et chimiques. — Toutes les parties de celle plante exhalent une odeur fortement vireuse, repoussante, lorsqu'elles sont fraîches, moins prononcée à l'état de dessiccation. Leur saveur est d'abord fade, puis acre, désa- gréable, nauséabonde. Brandes(l), en analysant les semences, y a découvert un principe actif qu'il a nommé hyosciamine. Cette substance est blanche, d'une saveur acre et désagréable., cristallisée en aiguilles soyeuses, très-soluble dans l'eau. Elle est volatile presque sans décomposition; toujours cependant il se fait un peu d'ammoniaque, il s'en fait même quand on chauffe de l'hyosciamine avec de l'eau. Elle est précipitée par l'iode en brun, par la noix de galle en blanc, par le chlorure d'or en blanc jaunâtre; mais le chlorure de platine ne la précipite pas. Elle possède ce caractère remarquable de trans- formation qui se manifeste avec l'atropine au contact prolongé de l'air et de l'eau; et de même encore que l'atropine, elle ne perd pas par là ses propriétés vénéneuses. (Sou- beiran. )

L'hyosciamine existe dans les feuilles et les semences de jusquiame. Elle est plus difficile à obtenir que l'atropine, parce qu'elle est plus soluble dans l'eau. Elle a, du reste, la plus grande analogie avec cette dernière.

(Garrod (2), comme nous l'avons déjà dit à l'article BELLADONE, pense que l'hyoscia- mine est détruite en présence des alcalis caustiques, et ne subit nul changement parla présence des bicarbonates alcalins.)

PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.

A L'INTÉRIEUR. — Infusion, de 2 à 3 gr. pour 1,000 gr. d'eau.

.Suc, 1 à 4 gr. en potion (progressivement).

Extrait par le suc épaissi, 1 à 15 centigr.

Extrait aqueux, 1 à 15 centigr. en potion, pi- lules, etc.

Extrait alcoolique et extrait de semences, 1 à 10 centigr. en potion, pilules, etc.

Teinture avec les feuilles fraîches ou les se- mences (1 sur 12 d'alcool), 50 centigr. à 4 gr.

Teinture avec les feuilles sèches (I sur 5 d'al- cool à 22 degrés), 1 à 4 gr. en potion.

Teinture éthérée (1 de feuilles sèches sur 6 d'éther sulfurique), 5 centigr. à 1 gr. en po- tion.

Sirop de suc (2 de teinture de feuilles fraîches ■ sur 15 de sucre et 7 d'eau), de 5 à 30 gr. en potion.

Sirop d'extrait (1 d'extrait sur 125 d'eau et 250 de sirop de sucre bouillant), de 5 à 30 gr. en potion.

Poudre, 5 à 20 centigr. en pilules ou dans un liquide.

A L'EXIÉRIEDB. — Décoction (de 20 à 30 gr.

par kilogramme d'eau), en fomentations, lotions, fumigations, et feuilles en cata- plasmes.

Extrait, de 50 centigr. à 2 gr. par la méthode endermique.

En pommade (1 sur 2 d'axonge ou de glyct- rolé), pour onction.

Huile (1 de jusquiame fraîche sur 2 a taie d'olives), en Uniment, embrocations.

(Savon de jusquiame (Buckers), 3 partiesde teinture alcoolique concentrée pour 1 «« savon à base de soude (3). Même usage qw l'huile, favorise davantage l'absorption.)

Le suc et le deeocium de racine de jus- quiame noire eu pleine végétation jouissent a propriétés très-énergiques; mais leurs ewis sont moindres si on les emploie au commen- cement du printemps. Le suc des remues e> moins actif; l'extrait aqueux.préparé en lai»»' évaporer au bain-marie le suc de:1a pi»»' fraîche en pleine végétation, jouit à peu F» des mêmes propriétés vénéneuses que tes j tandis qu'il est beaucoup moins acti lorsq» a été obtenu par décoction de la plame F développée ou trop desséchée: ce qunapW 8

(1) Sur la substance narcotique de la jusquiame, in Areh. bot., 1832, t. I, p- I 75'

(2) Bulletin de thérapeutique, 30 janvier 1858.

(3) Courrier médical, 20 août 1858. downloadModeText.vue.download 574 sur 1308


JUSQUIAME.

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nourouoi certains extraits de jusquiame, chez L irmaciens, ne possèdent aucune vertu. L'extrait Je mieux préparé ne doit pas Être, employé lorsqu'il a plus d'un an.

Il résulte des expériences de Schroff (1) que toutes les préparations de jusquiame ont la même action et diffèrent seulement en éner- rie. ta plus faible est la poudre des feuilles, li racine d'un an est plus active, mais cède le pas aux extraits. L'extrait alcoolique et l'ex- trait éthéré alcoolique des semences sont les plus actifs. Il est trois fois plus énergique que l'extrait obtenu par l'évaporation du suc, et deux fois plus que l'extrait alcoolique des feuilles. L'huile grasse qui surnage est plus active que le fond; mais l'extrait alcoolique de. semences, quoique plus actif que tous les autres,présente plusieurs inconvénients: ainsi, sa saveur détestable, son peu d'homogénéité. Il se sépare en deux couches d'inégale action : la supérieure, huileuse, très-active; l'infé- rieure, molle, moins énergique. —Il n'y a au- cune raison, dit Schroff, pour évaporer les ex- traits à siccité, les extraits humides se con-

servant aussi bien et ne pouvant être altérés par la chaleur. Les extraits secs sont très- hygrométriques, et la petite quantité d'alcool qui se trouve encore dans l'extrait mou aide à le préserver de la décomposition. On ne peut donc être sûr de l'extrait sec. — Schroff a es- sayé l'huile de jusquiame obtenue par la dé- coction des feuilles et par expression des se- mences à froid. Elles sont peu actives ; mais la première l'est plus que la seconde.

La jusquiame noire entre dans les pilules de cynoglosse, dans le baume tranquille, dans l'onguent populeum. Ses semences entraient dans un grand nombre de préparations de l'ancienne pharmacie, telles que le philonium romanum, le requies de Nicolas Myrepsus, les trochiques d'alkékenge, etc., relégués depuis longtemps dans la poussière de l'oubli.

(HYOSCIAMINE. — A L'INTÉRIEUR. — Solu- tion : hyosciamine, 1 gr.; alcool, 10 gr.; eau, 100 gr.; de 4 à 5 gouttes. (SchrotT.)

A L'EXTÉRIEUR. — En solution plus concentrée, 5 à 15 centigr. pour 30 gr. de véhicule.)

La jusquiame est un poison narcotico-âcre dont l'action se porte sur le système nerveux. Moins puissante que la belladone, elle produit les mêmes ell'ets à doses plus élevées.

Les symptômes de l'empoisonnement par l'ingestion d'une grande dose de cette plante sont les suivants : ardeur à la bouche et au pharynx, douleurs abdominales, vomissements, rougeur de la face, fixité du regard, vue double, dilatation des pupilles, trismus, aphonie, distorsion spasmodique de la bouche, gêne, accélération de la respiration, vertige, assoupissement, som- nolence, perte du sentiment, délire gai ou sérieux, tremblement, pa- ralysie d'un seul ou des deux côtés, agitation convulsive des bras, peti- tesse et intermittence du pouls, carphologie, refroidissement des extré- mités, mort.

D'après les expériences d'Orfila, la jusquiame ne détermine point l'inflam- mation de l'estomac, tout en exerçant sur le système nerveux cette violente excitation qui cause l'aliénation mentale et consécutivement la stupeur. Sui- vant Flourens, cette plante produit, comme l'opium, une effusion sanguine dans;les lobes du cerveau.

Le traitement de cet empoisonnement est le même que celui qui est indi- qué-à l'article BELLADONE.

Un lavement d'une décoction de 12 gr. de jusquiame causa des accidents apoplectiques et convulsifs, qu'on ne fit cesser qu'au moyen des boissons acides en abondance et des lavements de vinaigre.

«Pougens, l'auteur d'un Dictionnaire de médecine en cinq volumes, fort en renom il y a une trentaine d'années, faillit être victime d'une semblable mepnse; s'étant administré un lavement préparé avec une assez forte dé- coction de ce végétal, dont il n'indique pas la dose, il fut pris d'un engour- wssement subit avec une tendance irrésistible au sommeil. Malgré l'emploi <w vinaigre et d'un excellent vin, il tomba dans un sommeil léthargique qui

«huit heures; encore sa tête ne fut-elle parfaitement libre que vingt

wes après son réveil. Pendant ce dernier temps, il éprouva un sentiment me'îieiI1~être indéflnissable; il s'exprimait avec vivacité; sa mémoire était «eiueure, son imagination plus vive ; il récitait, il composait des discours

^lm£h™Uatt der ZeitMhrift der k. k. Gesellschafl der Aente au Wien, et Union médi-

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546 JUSQUIAME.

et des vers beaucoup mieux qu'il n'aurait pu le faire clans toute la plénitude de sa raison, a Quel dommage, dit à ce propos un médecin littérateur, qu'un « semblable moyen mette la santé en péril ! On pourrait le conseillera « quelques-uns de nos poètes et de nos orateurs (1). »

La mort est rarement la suite de l'empoisonnement par la jusquiame bouillie ou infusée ; il n'en est pas de même lorsque la plante a été mangée crue ; c'est ainsi que cinq personnes ayant mangé en salade de la jusquiame qu'on avait prise pour de petites herbes sauvages, il en périt deux. Cette différence de résultats prouve que l'ébullition en diminue les propriétés toxiques, et que, par conséquent, les extraits préparés de cette manière, ainsi que nous l'avons dit plus haut, sont beaucoup moins énergiques.

L'usage de la jusquiame à l'extérieur est loin d'être toujours innocent. On a vu des symptômes d'empoisonnement résulter de l'application des feuilles fraîches de jusquiame sur une brûlure. On cite aussi plusieurs exem- ples d'accidents graves causés par la décoction de jusquiame noire donnée en lavement. Les émanations même de cette plante ne sont pas sans danger. Des hommes qui dormaient d'ans un grenier où l'on avait mis ça et là des racines de cette plante pour en écarter les rats, se réveillèrent atteints de stupeur et de céphalalgie ; l'un d'eux éprouva des vomissements et une M- morrhagie nasale abondante (2). Boerhaave, en préparant un emplâtre dans lequel entrait l'huile de semences de jusquiame, se sentit agité d'une sorte d'ivresse. La domestique d'un curé du Calaisis, âgée de quarante-cinq ans, d'un tempérament sanguin, pour laquelle je fus appelé au mois d'août 1826, et que l'on croyait atteinte d'une fièvre maligne, avait la face rouge, des mouvements convulsifs partiels, la parole brève, un délire gai, avec propos et gestes singuliers, vertiges ; en un mot, tous les effets d'une sorte d'ivresse avec congestion au cerveau et exaltation nerveuse. Ces symptômes étaient occasionnés par la présence, dans le rectum, d'un suppositoire de feuilles de jusquiame broyées avec du miel, que le maître de la malade avait con- seillé comme moyen innocent et très-efficace de calmer des douleurs d'hé- morrhoïdes dont elle souffrait depuis plusieurs jours. Une saignée du bras el des boissons acidulées avec le vinaigre produisirent un calme suivi d'un som- meil profond et d'une abondante transpiration. Il ne restait au réveil qujin état d'abattement avec dilatation des pupilles. Ce fait me rappelle celui d'un berger, que le célèbre Gassendi, au rapport de Garidel, rencontra un jour, et qui lui dit qu'à l'aide d'un onguent il pouvait, quand il le désirait, as- sister au sabbat des sorciers, où il voyait, disait-il, des choses merveilleuses, Après avoir fait épier cet homme, Gassendi s'assura que son onguent était composé de jusquiame noire, de graisse et d'huile, et qu'après s'en être introduit dans le fondement une certaine quantité, il s'assoupissait et tom- bait dans une rêverie profonde. ..

Les effets physiologiques de la jusquiame ont été étudiés par Schroff («) sur plusieurs personnes bien portantes, et ont donné les résultats suivanls : de petites et moyennes doses ralentissent constamment le pouls entre les deux et trois premières heures, de 10 à 20 pulsations Plus la dose est petite, plus il faut de temps pour obtenir cet effet, et vice versa. Les foi» doses le diminuent rapidement ; mais, après un temps d'autant plus ouf que la dose est considérable; il remonte au-dessus de la normale. A« 0,50 d'extrait étheralcoolique de semences déterminent un abaissement 1 20 pulsations en deux heures; 0.20 n'exigent qu'une heure; mais une der heure après le pouls remonte de 11 pour retomber de 12 dans la deffl-

(1) Revue de thérapeutique médico-chirurgicale, janvier 1857, p. 17.

(2) Gazette de santé, 1773 et 177/i. .. , , ,,,u,

(3) Wochenblatt der Zeitsehrifl der t. [k. Gesellsvhaft der Aente m Won, et binon «' cale, décembre 1855. downloadModeText.vue.download 576 sur 1308


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'heuresuivante; 0.40 produisent, en vingt minutes, un ralentissement de 19; vingt'minutes après, il remonte de 29, devient petit, irrégulier, se soutient pendant une heure, avec de légères fluctuations, et ne diminue que peu à peu. Ces effets prouvent, sinon l'identité d'action, au moins une grande ana- logie entre la jusquiame et la belladone. La jusquiame dilate la pupille, mais à des doses plus fortes; et, quand elles sont considérables, la dilatation est précédée parfois de rétrécissement. A petites doses il y a déjà lourdeur de tête, sécheresse des lèvres, de la bouche et du gosier, diminution de la sécrétion salivaire, un peu de faiblesse. Après des doses plus considérables, il survient de l'assoupissement, tendance au sommeil et même sommeil profond, «'accompagnant, par des doses très-fortes, de coma-vigil et de rêves effrayants, parfois céphalalgie, presque toujours vertiges, bourdonne- ments d'oreilles, faiblesse de la vue à ne pas pouvoir distinguer les lettres, sensibilité de la rétine à la lumière, diminution de l'olfaction, avec per- sistance du goût; impossibilité de fixer l'attention sur un objet; faiblesse considérable; démarche incertaine; sécheresse de la bouche augmentant jusqu'à l'impossibilité d'avaler; voix rauque/enrouée; peau sèche, parche- minée, chaleur diminuée.

(L'école italienne classe la jusquiame au même rang que le stramonium, c'est-à-dire' parmi les substances hyposthénisantes cardiaco-vasculaires, et conséquemment antiphlogistiques à action élective cérébrale.) ■ La jusquiame diffère de la belladone par moins d'action sur les sphinc- ters, surtout sur celui de l'anus ; elle produit moins d'excitation cérébrale et une plus grande tendance au sommeil. Elle ne détermine pas ces mouve- ments brusques, la tendance au rêve, à sauter, à danser, caractéristique de là belladone. Ces différences doivent être plus saillantes encore entre l'atro- pineet l'hyosciamine ; malheureusement Schroff n'a pu se procurer suffi- samment de la dernière. « Le simple examen physique des deux plantes, dit avec raison'Martin-Lauzer (1), suffirait déjà à nous faire supposer, à priori, une différence d'action. La belladone a peu d'odeur si on la compare à la jusquiame; son principe vireux est fixe, celui de la jusquiame semble vola- til; 1 la jusquiame empoisonne en quelque sorte rien qu'à l'odeur, et nous ayons vu que ses émanations sont loin d'être inoffensives. Cette particula- titéj qui semble donner la supériorité à la jusquiame employée à l'état frais, lit constitue en infériorité à l'état sec et dans ses préparations (en admettant .toujours l'identité d'action, qui n'est qu'une supposition). Aussi, s'est-on toujours beaucoup plaint de l'instabilité des préparations de la jusquiame, et l'on ne'peut guère s'expliquer que de cette manière leur constante ineffica- cité en de certaines mains. »

.l^a jusquiame, administrée à dose thérapeutique, est généralement consi- dérée comme 'sédative, antispasmodique, narcotique. Elle est employée ™s les névroses et les névralgies, dans les phlegmasies, dans certaines Minoïrhagies, et contre quelques affections oculaires, etc.

■ . h emploi thérapeutique de la jusquiame était peu connu des anciens. fioscoride l'administrai t*à l'intérieur pour calmer- les douleurs. Celse en

lnJ^tait le suc dans les oreilles contre l'otorrhée purulente, en faisait un

collyre, et la donnait dans laphrénésie. A une époque moins éloignée, Cra-

i W -bortis,'- Halidens, Hannius et Plater, en recommandaient la semence à

iintérieur, surtout dans le crachement de sang, à la dose de 60 centigr. à

?.8K 30 centigr.

suc^ ne fut véritablement qu'en 1762, par suite des travaux de Storck (2) ^es plantes vénéneuses, que la jusquiame prit rang dans la matière mé-

W\fj?ide,théraP<tolique médico-chirurgicale, janvier 1857, p. 20. w mtu. de stramonio, hyoseiamo, etc., p. 28 et suiv. downloadModeText.vue.download 577 sur 1308


5Zt8 JUSQUIAME.

dicale. Ce médecin la donnait dans les convulsions, l'hystérie, l'épilepsie ' l'hypochondrie, la manie, la toux convulsive, les névroses en général et presque toujours avec des avantages que sa bonne foi ne permet pas de ré- voquer en doute, mais que l'enthousiasme a pu quelquefois exagérer. 11 en portait progressivement la dose à 75 centigr. dans les vingt-quatre heures, Colin, qui en a fait usage dans les mêmes maladies, et dont le témoignage vient s'ajouter à celui de Storck, a été jusqu'à 1 gr. 20 centigr. par jour. Haller, Fothergill, Herwig, etc., ont confirmé par l'expérience les essais de Storck. Hufeland considère la jusquiame comme le plus doux des narco- tiques; il le préfère à l'opium dans l'insomnie. C'est, suivant lui, un remède très-efficace contre les convulsions, l'éclampsie, la toux spasmodique. le plus sûr moyen d'apaiser les spasmes dans les affections nerveuses, etc., est, dit ce célèbre praticien, de leur administrer la jusquiame, qui mérite la pré- férence sur l'opium, en ce qu'elle ne constipe pas comme lui, n'échauffe pas non plus, et exerce une action calmante toute spéciale sur le moral, ce qui est ici un grand point (1). Whytt donnait l'extrait de cette plante chaque soir à la dose de 8 à 20 centigr. dans les affections nerveuses. Stoll préférait ce médicament à l'opium dans la colique de plomb, parce qu'il calmait tout aussi bien les douleurs sans augmenter là constipation. Murray s'en est éga- lement bien trouvé dans cette dernière maladie. Frank (2) l'employait avec avantage dans l'hypochondrie, l'épilepsie et la paralysie; Gilibert et plusieurs autres praticiens, dans les convulsions et le tétanos; Amstrong et Hufeland, dans la coqueluche; Abramson, dans le delirium tremens. J'ai déjà fait men- tion d'une pommade composée de jusquiame, d'ail et de saindoux, que j'ap- plique à la plante des pieds et dont je retire de bons effets dans le traite- ment de la coqueluche.

Divers auteurs ont donné à la jusquiame le titre d'antimaniaque. Dans ces dernières années, Michéa a fait des recherches sur le traitement de l'alié- nation mentale par les divers narcotiques. La préparation dont il s'est servi est l'extrait fait avec les parties fraîches de la plante. Il y a soumis dix alié- nés, dont neuf atteints de folie circonscrite, avec ou sans hallucinations, et un seul de délire général. Sur ces dix, la jusquiame en a guéri six, parmi lesquels il faut compter ce dernier, et a déterminé de l'amélioration chez un autre. La guérison est survenue entre trois et six semaines. La jusquiame n'a jamais été administrée au delà de 1 gr. par jour; en moyenne, la dose variait entre 50 et 70 centigrammes. Michéa note qu'elle a quelque- fois produit de la constipation.

La jusquiame peut être substituée à l'opium dans beaucoup de cas de désordres nerveux où celui-ci ne peut être administré sans inconvénient.^ J'en ai eu un exemple chez un malade âgé de quarante-huit ans, d'un tem- pérament lymphatico-sanguin, d'une forte constitution et atteint, par suite de l'abus des spiritueux, du delirium tremens, avec hallucinations et parfois délire furieux. L'extrait gommeux d'opium, que j'emploie toujours avec succès en pareil cas, déterminait le vomissement et un état prononce d'anxiété et d'exaspération. L'extrait aqueux de jusquiame noire, donne d'abord à la dose de 8 centigr. de trois heures en trois heures, et ensuite de deux heures en deux heures, fut bientôt supporté par l'estomac et produisit un calme suivi bientôt d'un effet sédatif qui amena le sommeil, une diapno- rèse générale, la disparition du tremblement des membres et du délire, en un mot, le rétablissement complet dans l'espace de trois jours. J'ai pu.s" ce malade, porter la dose d'extrait de jusquiame à 1 gr. 20 centigr. dans e vingt-quatre heures : l'abus des liqueurs alcooliques explique cette toi - rance.

(1) Libell. de slramonio, hyoseiamo, etc.

(2) Journal universel des sciences médicales, t. XVII, p. 102. downloadModeText.vue.download 578 sur 1308


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,:,.^àiiters cite un cas d'insomnie, par cause morale, où l'opium ayant été sans effet,! l'extrait de jusquiame, préparé par épaississement du suc au moyen de la chaleur solaire, fut aussi employé à grande dose avec un succès .remarquable.

.'; Cette observation confirme l'opinion émise par divers auteurs, relative- ment à la nécessité, quand on veut provoquer le sommeil, de donner la jusquiame à dose double et même triple de celle de l'opium. Pour une ap- ipréciàtion exacte et comparative, Wauters aurait dû indiquer la dose à laquelle il avait porté l'administration de ce dernier médicament avant Remployer la jusquiame. S'il y a une grande analogie d'action entre la .jusquiame et l'opium, il y a aussi dans leurs effets des différences remar- quables : la jusquiame n'a pas, comme ce dernier, nous le répétons, l'incon- vénient de suspendre les évacuations, ce qui la fait préférer lorsque la con- stipation esta redouter, comme dans l'hypochondrie, l'entérite chroni- que, etc. Les personnes qui ne peuvent prendre sans accidents graves la plus légère dose d'opium, supportent ordinairement très-bien la jus- quiame.-

C'est surtout contre les névralgies que la jusquiame a triomphé. Breiting, médecin à Augsbourg, a publié (1) l'histoire d'un tic doulou- reux de la face, qui, pendant cinq mois, avait résisté à tous les moyens possibles^ et qui fut guéri par l'usage de l'extrait de jusquiame noire, pré- paré avec le suc de la plante. On faisait dissoudre 4 gr. de cet extrait dans uneonce d'eau de fleurs de camomille ; la dose était d'abord de dix gouttes et augmentait de quatre gouttes chaque heure. Par la suite, Breiting fit prendre à sa malade des pilules dans lesquelles il entrait 20 centigr. d'extrait de jusquiame, et elle prenait jusqu'à six de ces pilules par jour. Enfin, pendant deux traitements qui durèrent en tout huit mois, la malade prit la quantité énorme de 1-40 gr. d'extrait de jusquiame noire, et cet ex- trait était très-énergique, ainsi que Breiting s'en assura en l'employant chez d'autres malades. Les doses des médicaments stupéfiants, pour en obtenir Mètqu^on en attend, doivent être d'autant plus élevées que la douleur est plus vive, que le spasme est plus prononcé ou que le système nerveux est plus exalté. Cette vérité physiologico-pathologique est confirmée par l'obser- vation journalière des faits, parmi lesquels nous citerons, comme le plus saillant,le peu d'effet de l'opium donné à très-grande dose dans le tétanos.

Stoll, Chaiili, Burdin, Méglin, citent des cas de guérison de névralgies diverses dans l'emploi de la jusquiame à l'intérieur. Tous les praticiens connaissent les pilules antinévralgiques de Méglin, composées d'extrait de scette plante, de celui de valériane et d'oxyde de zinc, dont on forme des Pilules de 15 centigr.

■Burdin prétend qu'avec la jusquiame seule il a obtenu les mêmes effets contre les névralgies qu'avec les pilules de Méglin. Cependant on peut cmre qu'à dose élevée, .ces pilules contiennent une assez grande quantité d oxyde; de. zinc pour attribuer à celui-ci des effets qu'il a p'u, de son côté, produirei seul dans les névroses, et notamment dans l'épilepsie. Suivant trousseau et Pidoux, Méglin a exagéré l'utilité de cette médication, qui ne 'eurasemblé d'une efficacité réelle que pour prévenir le retour des névral- gies qui avaient été. dissipées ou presque anéanties par d'autres médica-

ments. Quand la névralgie est superficielle, ces praticiens conseillent d'avoir

recours de préférence à l'application locale de l'extrait de jusquiame, qui, • uivaut eux, a,des effets beaucoup plus prompts que son administration à

intérieur, ce qui est un point de similitude avec la belladone. Grimaud (2)

Ë fw»a.| de Hufeland, 1807.

"J mmal général de médecine, t. LXVI, p. 243. downloadModeText.vue.download 579 sur 1308


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combinait la jusquiame au camphre et au gayac contre les névralgies cl le rhumatisme. Barbier vante la jusquiame administrée d'après la méthode endermique. Il fait appliquer un vésicatoire loco dolenti, qu'il panse avec de la pommade de jusquiame, à laquelle il associe celle de garou lorsqu'il veut entretenir la suppuration. Les feuilles fraîches de jusquiame appliquées sur la tête soulagent les douleurs névralgiques de cette partie. Cuites dans du lait et appliquées à l'épigastre, elles ont calmé instantanément une violente douleur gastralgique qui durait depuis six heures, et contre laquelle j'avais employé inutilement le laudanum à l'intérieur. J'ai eu aussi à me louer de ce topique sur l'hypogastre dans un cas de strangurie goutteuse, où l'appli- cation, des sangsues au périné, les onctions opiacées, les bains tièdes géné- raux n'avaient produit qu'un soulagement momentané. — Je crois qu'un bain général fait avec une infusion de feuilles de jusquiame aurait chance de réussite dans le tétanos. Appliquées sur le front en cataplasme, elles soulagent à l'instant même dans la migraine. Wendt (1) conseille dans la céphalalgie nerveuse les frictions faites sur le front avec l'émulsion des semences de cette plante. On dit avoir calmé des douleurs odontalgiqnès et fait cesser de longues insomnies en faisant des frictions sur les tempes avec l'huile qu'on retire des semences de jusquiame. On recommande contre l'odontalgie de retenir dans la bouche la fumée produite par les graines de cette plante projetées sur des. charbons ardents, ou celles de la plante sèche; mais ce moyen, devenu populaire, peut être suivi d'accidents ; on l'a vu causer le délire et tous les symptômes de l'intoxication. J'ai connu une soeur de charité qui, pour calmer immédiatement les douleurs de dents, faisait tenir dans la bouche une pilule ainsi composée : se mence de jusquiame 20 centigr., opium 20 centigr., semence de persil 10 centigr., sirop de pavot blanc quantité suffisante ; broyez et faites une pilule. Une houlette de jusquiame broyée et introduite dans une dent douloureuse suffit souvent pour soulager immédiatement.

La jusquiame a été ordonnée avec avantage dans les inflammations de différentes espèces. Triboulet (2) l'a employée au début de ces affections pour les faire avorter. Administrée en entrait à la dose de 20 centigr., ea deux heures, à un enfant de sept ans, il a guéri un croup sthénique; il obtint le même résultat chez un enfant de trois ans, auquel on ne fit prendre que 1 gr. en douze heures. Dans un troisième cas de croup, cet extrait n'a pas été moins efficace que dans les deux premiers. L'auteur recommande d'augmenter la dose de deux en deux heures, en commençant par 10 centi- grammes. Reste à savoir si Triboulet n'a pas eu affaire au pseudo-croup seu- lement, et cela paraît de toute évidence. Ce médecin conseille aussi le même remède dans la pneumonie. Vaidy (3), qui est aussi parvenu à faim avorter diverses espèces d'inflammation au moyen de la jusquiame, n'en» retiré que peu d'avantages dans cette dernière affection. Les partisans de l'école italienne, enfin, emploient la jusquiame à.haute dose comme hypo- sthénisante dans les inflammations des centres nerveux et des autres appa- reils organiques. Giacomini s'en est bien trouvé dans un cas de méningite aiguë, dans un autre cas de myélite cérébrale, et dans un troisième dera- chialgie. J'ai employé avec succès dans un rhumatisme aigu, chez une femme âgée de trente ans, l'extrait de suc de jusquiame à doses graduelle- ment augmentées jusqu'à celle de 20 centigr. toutes les quatre heures. Quoi- que la maladie fût intense et avec réaction fébrile, la guérison eut lieu vers le dixième jour. Je n'ai que ce seul fait à citer. Dans la chaude-pisse coroee, lorsque l'opium ne convenait pas, à cause de la constipation rebelle qui

(1) Diss. hyosc. ni.gr. virt. med. Erlangoe, 1797.

(2) Bibliothèque médicale, t. LVIII, p. 116.

(3) Journal général de médecine, t. LXXIV, p. 116.


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produit, B. Bèll tirait de grands avantages de la jusquiame administrée à plus forte dose qu'on ne le fait communément. Il donnait hardiment à un adulte de 40 à 80 centigr. de l'extrait, même la première fois, et portait ensuite la dose jusqu'à 75 centigr. à 1 gr., 1 gr. 25 centigr. et même 2 gr.

, ta jusquiame a été recommandée par Forestus dans les hémorrhagies. Plater l'employait contre les hémorrhoïdes qui fluaient trop. Storck l'a vue réussir une fois dans une hémoptysie. Avant les essais de Storck, Clauderus (m Mérat et Delens) l'avait employée contre la dysenterie, etc. Hartz (1) Fa prescrite dans les hémorrhagies, et surtout dans celles qui ont pour cause un état plus ou moins spasmodique ou un excès d'irritabilité, comme dans certaines hémoptysies; Ce médecin donne, dans ce cas, une infusion de feuilles fraîches de jusquiame dans quatre fois leur poids d'huile d'olive, dont il administre 1 cuillerée à café, mêlée avec 2 d'huile d'amandes douces. L'hémoptysie 'cesse après les premières doses, bien que les malades éprou- vent parfois de légers vertiges. F. Hoffmann attribue à cette plante une vertu particulière contre l'hémoptysie. J. Frank la regarde comme efficace dans cette affection, quand elle est accompagnée de symptômes nerveux; il donne l'émulsion des semences ou l'extrait des feuilles. La même médication a réussi entre Jes mains de Caizergues (2) chez un sujet très-nerveux, atteint d'une hémoptysie très-active. « Quelques médecins, disent Trousseau et Pidoux, crurent devoir la conseiller en général dans les hémorrhagies ; mais il serait imprudent de compter sur ce moyen, qui est fort infidèle, tandis que la matière médicale nous en offre tant dans lesquels on peut avoir une grande confiance. »

On a présenté aussi la jusquiame comme pouvant agir sur le système lym- phatique et comme utile dans les engorgements glanduleux. Gilibert dit en avoir rétiré de grands avantages clans le squirrhe. Elle a été préconisée dans la phthisie et les affections tuberculeuses en général. Elle m'a été d'une grande utilité chez les phthisiques, associée à l'acétate de plomb, tant pour calmer la toux que pour combattre les sueurs. (Tompson (3) combine dans ce but l'oxyde de zinc à l'extrait de jusquiame, à la dose commune de 20 centigr. Coxe(4) en a retiré des avantages marqués, mais non constants.) Pilée et appliquée fraîche sur les engorgements lymphatiques, les tumeurs blanches, etc., elle y a produit des effets calmants et résolutifs analogues à ceux de la belladone.

Tournefort conseille, contre les- engelures, l'exposition des parties affec- tées à la fumée produite par les semences projetées sur des charbons ar- dents. '..

Renard et Labrusse (5) ont obtenu de bons effets de la jusquiame contre h goutte et le rhumatisme. Ils l'employaient en cataplasme, associée à la nue de pain et au lait. Les feuilles de jusquiame bouillies dans le lait, ou ces feuilles broyées, rendues tièdes, ou cuites dans une feuille de choux, en topique, calment les douleurs du rhumatisme articulaire aigu. Ces applica- onsm'ont toujours réussi. L'emplâtre de jusquiame était fréquemment em- ployé par Hufeland, pour calmer les douleurs du rhumatisme. Ce médecin prescrit dans la phlegmasia alba dolens, quand les douleurs sont vives, des 'pmentations avec décoction de jusquiame à laquelle on ajoute un peu d'eau ?e.G;ouiard. J'emploie fréquemment les cataplasmes et lès fomentations de luspame dans les contusions, les entorses, les inflammations traumatiques,

(îl B-M-"^Me ^manique, t. VI, p. 240. W Bibliothèque médicale, t. LXV, p. 407.

il %T, médi°ale de Lyon, 1" octobre 1849, P. 450.

4 Boston med. and surg. Journ., 1859.

1 ' mi^n Journal de médecine, t. XXVIII et XXIX.


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les hémorrhoïdes enflammées ou douloureuses, les fissures, en général dans toutes les phlogoses externes, surtout au début, afin de les faire avorter. Pilée et appliquée tiède' sur une orchite blennorrhagique très-aiguë, elle calma instantanément la douleur et fit avorter l'inflammation chez un jeune homme de vingt-deux ans, pour lequel je fus appelé en 1847. Depuis cette époque, j'ai mis en usage le même moyen dans plus de vingt cas ana- logues, et toujours avec succès. Je réussis également à enrayer ainsi la marn- ante, le panaris, le paraphimosis, les phlegmons quelconques à leur début, Dans l'été, je me sers, autant que possible, de la plante fraîche pilée; dans les autres saisons, je fais appliquer des cataplasmes composés de mie de pain et d'une forte infusion chaude de jusquiame faite à vase clos, en ayant soin de faire arroser fréquemment la partie malade avec cette dernière,'afin d'entretenir ces topiques à une température qui en favorise l'effet.

La jusquiame a aussi fourni son contingent contre les affections ocu- laires. Cette plante dilatant la pupille comme la belladone, on s'est servi de son extrait comme de celui de cette dernière pour rendre plus facile l'opération de la cataracte. On cite même ses bons effets dans la cataracte commençante (1). Ce précieux végétal n'est pas moins utile dans l'iritis. Son extrait aqueux m'a réussi à l'intérieur et à l'extérieur, délayé en consistance sirupeuse, en friction autour^des yeux, dans un cas d'iritis très-intense dont M. de Sept-Fontaines, de Calais, physicien distingué, membre correspon- dant de l'Académie des sciences, fut pris en 1818 après la disparition pres- que subite d'un accès de goutte, maladie dont il était atteint depuis long- temps, et qui se portait fréquemment et alternativement aux deux pieds, Dès le premier jour de l'emploi de la jusquiame, les douleurs se calmèrent; les pédiluves sinapisés, en rappelant l'affection arthritique, achevèrent la guérison, qui eut lieu au bout de huit jours de traitement. Je me suis bien trouvé aussi des applications chaudes de décoction de feuilles de celte plante, comme moyen accessoire, dans l'ophthalmie scrofuleuse-photopho- bique, surtout quand il y a occlusion spasmodique des paupières. —Dans les phlegmasies de l'iris survenues après l'opération de la cataracte, Schmidt (2) a obtenu de bons effets de l'usage interne et externe de l'extrait de jusquiame. Ce même moyen peut prévenir les adhérences de l'iris et l'occlusion de la pupille qui suivent quelquefois cette opération, et empê- cher même de graves phlegmasies du globe de l'oeil. Hufeland prescrit dans l'ophthalmie scrofuleuse des fomentations avec une décoction tiède de fleurs de mauves et de fleurs de jusquiame, à laquelle on ajoute un peu d'eau distillée de laurier-cerise ; et chaque jour, une ou deux fois, on en- duit le bord interne des paupières de pommade antiophthalmique au pré- cipité (deutoxyde de mercure). L'usage simultané de l'extrait de jusquiame en onctions sur les paupières et de l'hydrochlorate de baryte à l'intérieur, dissipe en peu de jours la photophobie scrofuleuse.

La jusquiame a eu ses détracteurs. Greding (in Ludwig) se fonde sur des expériences contradictoires et dépossède cette plante des propriétés recon- nues par Storck. Suivant Fouquier, on a exagéré son action, elle n'estpas narcotique, ses propriétés sont vagues, et rien ne prouve son efficacité dans les névroses. Ses heureux effets, constatés par tous les auteurs que nous avons cités, ont été niés par Ratier (3). « Mais les expériences de ce mede; cin, disent avec raison Trousseau et Pidoux, faites sur des malades qui souvent ne prenaient pas les médicaments prescrits, et dans des maladie où les bons esprits ont nié l'emploi de la jusquiame, ne peuvent rien conir les résultats d'une expérimentation sévère et consciencieuse. »

(1) Bulletin des sciences médicales. Ferussac, t. II, p. 253.

(2) Bibliothèque médicale, t. XXIII, p. 105.

(3) Archives générales de médecine, 1823, t. I, p. 297,


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'(L'HYOSCIAMINE, autrefois appelée jusquiamine, dilate la pupille, ainsi que, dèsi 182S, Reisinger l'a établi par des expériences sur les animaux (1). • Au point de vue toxicologique, l'alcaloïde représente, avec une activité plus grande, la plante elle-même.

En thérapeutique, Schroff est, croyons-nous, le premier et le seul qui l'aifordonnée comme hypnotique et sédatif dans les bronchites, etc., à la dosé de: 1 à 3 milligr. Runge, Reisenger, Gulz et Honold (2) s'en sont servis à l'intérieur comme agent dilatateur des sphincters, et surtout de l'iris dans les cas d'iritis, de synéchie au début, pour faciliter l'opération de la cata- racte, etc;

Lemâttre, dans son mémoire couronné en 1865 par l'Académie des sciences, a étudié l'action physiologique de l'hyosciamine et des autres al- caloïdes des solanées. (Voyez BELLADONE, p. 210.) Celui qui nous occupe pos- sède le. pouvoir mydriatique le plus 'faible sous le rapport de la durée et de la rapidité d'action.)

Jusquiame blanche

Voir la page Hyoscyamus albus

JUSQUIAME BLANCHE. Hyosciamus albus, L. Hyosciamus albus major, C. Bauh,, Tourn. Croît dans le Midi de la France (le Languedoc, vers Orange, le long du Rhône, aux bords des chemins).

Description. — Tige moins élevée. — Feuilles obtuses, moins allongées, plus velues.—Fleurs d'un blanc jaunâtre, plus petites, ne s'épanouissant qu'au mois d'août.

La jusquiame blanche jouit des mêmes vertus que la noire. Les anciens la regardaient comme moins active, moins irritante que cette dernière, et la prescrivaient de préférence contre la goutte, les douleurs en général, les toux, les hémorrhagies, etc. Nous ajouterons que Poutangon et Suis- set (3) en ont obtenu des résultats avantageux dans le resserrement spasmo- dique de la pupille, et que Chanel (4) s'est bien trouvé de son emploi à l'ex- térieur, dans la réduction des hernies et du paraphimosis.

Jusquiame dorée

Voir la page Hyoscyamus aureus

La JUSQUIAME DORÉE, Hyosciamus aureus, L., et la JUSQUIAME DE SCOPOLI, Hyosciamus sçopolia, Weld, que l'on peut cultiver dans nos jardins, ont des propriétés analogues aux deux espèces précédentes.