Vulvaire (Cazin 1868)
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Nom accepté : Chenopodium vulvaria
Atriplex foetida. C. Bauh. — Chenopodium foetidum. Tourn. — Atriplex olida. Black. — Atriplex canina. — Atriplex olida hircina. Lob.
Arroche fétide, — ansérine fétide, — arroche puante, — herbe de bouc.
CHÉNOPODIACÉES. Fam. nat. — POLYGAMIE MONOÉCIE. L.
La vulvaire, plante annuelle (Pl. XL), croît en abondance dans les lieux cultivés, dans les jardins négligés, au pied des murs, sur le bord des chemins. On la dit nuisible aux porcs.
Description. — Racine menue, fibrée. — Tige de 2 à 5 décimètres, couchée, rameuse, diffuse. — Feuilles pétiolées, ovales, rhomboïdales, couvertes d'une poussière farineuse leur donnant un aspect blanchâtre. — Fleurs verdâtres, pulvérulentes, en grappes axillaires et terminales, dressées, rapprochées en un panicule compacte au sommet de chaque rameau (juillet-octobre). — Calice à cinq sépales, enveloppant le fruit. — Cinq étamines ; deux styles sessiles. — Fruit : capsule formée par le calice, renfermant une seule graine menue, lisse, noirâtre.
Parties usitées. — L'herbe.
[Culture. — N'est cultivée que dans les jardins botaniques. On la propage par graines semées au printemps.]
Récolte. — Elle s'emploie à l'état frais. La dessiccation la rend inerte.
Propriétés physiques et chimiques. — Cette plante, écrasée entre les doigts, exhale une odeur très-durable de marée ou de poisson putréfié. (Elle contiendrait d'après Chevallier[1] de l'albumine, de l'osmazôme, une résine aromatique, du nitrate de potasse. Cet auteur a cru reconnaître qu'elle dégage de l'ammoniaque libre. On sait aujourd'hui, grâce aux travaux de Dessaignes[2], que ce prétendu ammoniac n'est autre chose que de la propylamine. Cette ammoniaque composée (Voyez page 112, article AUBÉPINE.)[3] est un liquide incolore, transparent, d'une odeur forte, a saveur
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- ↑ Ann. des sciences naturelles, t. 1, p. 144.
- ↑ Comptes-rendus de l'Académie des sciences, t. XXXIII, p. 358.
- ↑ Selon les auteurs et les idées théoriques qu'ils se sont faites de la constitution de ce corps, il a été appelé propylamine, propyliaque, azoture de trityle, tritylammoniaque, tritylamine, éthylamine, méiacétamine.
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saline prononcée, soluble dans l'eau distillée, à réaction alcaline, saturant les acides et formant avec eux des sels cristallisables. Sa formule = C6 H9 Az.
Dans les plantes où l'on rencontre la propylamine, il faut bien distinguer celles qui l'empruntent à des terrains fumés avec certains engrais, je citerai la betterave, la vigne, etc., et celles qui l'élaborent spontanément, comme la vulvaire. Mike[1] croit même que l'alcaloïde exsude constamment des feuilles ; il a reconnu des glandes qu'il considère comme en étant les organes de sécrétion, et s'est livré à une série d'expériences tendant à prouver ce dégagement, qui constituerait un fait absolument nouveau dans la science.)
La vulvaire, aujourd'hui presque inusitée, est antispasmodique. Elle a été conseillée dans l'hystérie, l'hystéralgie, la dysménorrhée, et dans les névroses en général. G. Needham, médecin anglais[2], qu'il ne faut pas confondre avec Needham, si célèbre par ses observations microscopiques, et que Voltaire couvrit de ridicule, regardait la conserve de vulvaire comme très-utile dans l'hystérie. Houlton[3] la dit très en vogue en Angleterre, chez les gens du peuple, dans les affections chroniques de l'utérus ; il a vu lui-même deux cas dans lesquels son emploi a été couronné de succès. Hanin s'en est bien trouvé dans l'hystérie et les affections vaporeuses, en lavements ou en fomentations. Je l'ai employée quelquefois en infusion dans les névroses de l'estomac et des intestins ; mais la répugnance qu'elle cause me l'a fait abandonner ; je ne la donne qu'en lavement. Sous cette forme, elle a été mise en usage comme anthelminthique. Roques lui reconnaît cette vertu. Les paysans s'en servent en décoction, pour appliquer sur les ulcères putrides et vermineux des bêtes à cornes, en y ajoutant un peu d'eau-de-vie ou de vinaigre. Tragus a conseillé ce moyen dans les mêmes cas. Boerhaave faisait appliquer les feuilles extérieurement pour exciter la suppuration.
(PROPYLAMINE. — Guibert[4] a étudié le premier sur lui-même l'action physiologique de la propylamine. Voici le résumé de ces recherches : Sur la peau, action nulle ; elle décrasse seulement en saponifiant l'enduit sébacé ; sur les muqueuses, action caustique, sensation de fraîcheur suivie de chaleur.
A l'intérieur, prise en solution dans l'eau distillée, elle ne détermine à la dose de 20 gouttes à trois cuillerées à café, ni transpiration, ni flux urinaire, ni coliques, ni selles ; mais on observe toujours un abaissement marqué dans le nombre des pulsations artérielles. C'est donc un hyposthénisant de la circulation.
L'alcalinité de la propylamine la désignait de suite comme pouvant être utile dans les rhumatismes. Awenarius, de Saint-Pétersbourg[5], l'a employée avec succès dans les cas simples ou compliqués, et dans toutes les affections qui reconnaissent le rhumatisme pour cause ou se rattachent à la diathèse rhumatismale.
La propylamine a été considérée comme emménagogue.
A l'extérieur, Guibert propose de l'employer dans le muguet ; je m'en suis très-bien trouvé dans deux cas d'angine couenneuse chez des enfants. Les fausses membranes, et surtout les points de la muqueuse où celles-ci avaient pris naissance, se sont promptement modifiées.
L'auteur que nous venons de citer conseille aussi de tenter la solution plus ou moins concentrée en injections dans les vaginites et les blennorrhagies.)
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