G (Recueil de Dambourney)
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Sommaire
- 1 GALÉOPSIS-TETRAHIT
- 2 GALÉOPSIS-LADANUM
- 3 GARANCE
- 4 GAUDE
- 5 GENÊT à balais
- 6 GENÊT A POILS
- 7 GENÊT D'ESPAGNE
- 8 GENÊT DES TEINTURIERS
- 9 GENIÈVRE
- 10 GÉRANIUM à grandes fleurs rouges
- 11 GÉRANIUM herbe à Robert
- 12 GÉRANIUM MUSQUÉ
- 13 GESSE
- 14 GESSE jaune
- 15 GIROFLÉE
- 16 GLEDITSIA
- 17 GRATERON
- 18 GREVIA OCCIDENTALIS
- 19 GROSEILLER ROUGE
- 20 GROSEILLER ÉPINEUX
- 21 GUI
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GALÉOPSIS-TETRAHIT
- Nom accepté : Galeopsis tetrahit
GALÉOPSIS-TETRAHIT. Une poignée de ses feuilles & tiges fleuries communique à la laine LF, au long bouillon, un assez beau musc-clair.
Toute la plante en graine & presque
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sèche (le 15 Septembre) a fourni un bain gris dans lequel la laine LF a pris un jaune-terne, & au long bouillon, un musc-clair très solide.
GALÉOPSIS-LADANUM
- Nom accepté : Galeopsis ladanum
GALÉOPSIS-LADANUM, (ou LADANUM des blés). Une poignée de ces plantes, chargées de leurs fleurs pourpres (le 25 Août), a produit un bain fauve dans lequel la laine & l'étoffe d'apprêt LF ont acquis d'abord un faible jaune-opaque ; puis, en trois heures de bouillon, une belle nuance de merd'oie bien assurée. Cette jolie plante est très commune à la fin du mois d'Août dans les champs dépouillés de blés & de seigles.
GARANCE
- Nom accepté : Rubia tinctorum
GARANCE, (Rubia Tinctorum.) Ce bon ingrédient colorant, & les procédés pour en faire usage, sont tellement connus dans tous les Atteliers de Teinture, que je ne crois devoir citer que quelques manipulations particulières qui m'ont procuré des résultats nouveaux.
Je n'ai point employé celle que l'on tire de Zélande, mais celles du crû de France [192] récemment séchées & pulvérisées, & notamment celles que je cultive à Oissel qui procèdent de plantes originairement trouvées sur nos coteaux d'Orival, & des graines que j'avois tirées de Chypre en 1760. Presque toutes les garances du Comtat d'Avignon & d'Orange ont la même origine, & la Provence les doit au zèle de M. Bertin, qui fit distribuer gratuitement les graines qu'il avait tirées des diverses Échelles du Levant : aussi produisent-elles les mêmes effets lorsque l'exsiccation & la pulvérisation en ont été soignées attentivement. Je me suis assez bien trouvé de même de l'usage du Lizari, ou garance de Chypre & de Smyrne, lorsque la vétusté ou les accidents du transport ne leur avaient point préjudicié.
Dans une demi-pinte d'eau, j'ai fait cuire pendant une demi-heure dix-huit grains de sumac fin, ou neuf grains de galle noire en poudre. Le bain radouci, entre chaud & bouillon, j'y ai projeté un gros de garance pulvérisée que j'ai laissé tirer ainsi [193] pendant demi-heure. Ce bain coulé, j'y ai abattu un gros de laine d'apprêt LF qui, en trente minute sans bouillir & cinq minutes d'ébullition, y a pris une belle couleur rouge-maron très solide.
En laissant tomber dans ce bain quelques gouttes de solution de bismuth, on obtient une solide couleur puce.
De la laine vierge pétrie en terre précipitée d'alun & d'un gros de sel d'étain, puis séchée, lavée & abattue dans un bain d'un gros de garance, dix-huit grains de sumac, & quatre grains de tartre en poudre, a contracté une très-belle nuance capucine.
En employant la garance au sortir de terre au poids de quatre gros, & supprimant le sumac & le tartre, un gros de la même laine acquiert un beau canelle-rosé brillant.
Dans un bain de demi-pinte d'eau & d'un gros de garance sèche, la laine d'apprêt F contracte, en deux heures, un brun sombre tirant au violet-noirâtre.
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De la laine d'apprêt LF, submergée pendant douze heures dans la décoction du quart de son poids de galle noire, enlevée, ébuée sans sécher, puis abattue en bain de belle garance, y a pris un rouge-pourprant solide, qui pourrait un peu suppléer à l'emploi du bois de Fernambouc pour les nuances sérieuses.
Dans demi-pinte du déchet d'un bouillon d'apprêt E 1/8, j'ai projeté un gros de très-belle garance d'Oissel récemment tirée de terre, & aussi peu séchée que le robage & la pulvérisation l'avait permis ; je l'ai laissé cuire pendant trois-quarts d'heure sans bouillir. Ce bain coulé, j'y ai abattu un gros de laine de cet apprêt E 1/8, travaillée sans bouillir pendant un quart-d'heure, puis cinq à six minutes de frémissement, je l'ai enlevée teinte en une belle couleur très approchante de l'écarlate d'Angleterre, c'est-à-dire, un peu jaune, mais qui résiste au savon du feutrage & au vinaigre.
Dans une demi-pinte d'eau de puits pure, j'ai répété le bain & la teinture ci- [195] dessus. La laine d'apprêt E 1/8, en est sortie teinte en une imitation d'écarlate plus rosée, & aussi solide.
Dans seize pouces cubes d'eau de puits, j'ai fait cuire seulement cinquante grains de la même garance, travaillée de même, & dans la colature de ce bain, j'ai abattu un gros de laine du même apprêt E 1/8. Elle y a acquis une nuance qui joue mieux l'écarlate, & que l'on a beaucoup préférée aux précédentes.
Dans l'espoir d'obtenir un ton encore plus rosé, j'ai substitué du très-beau lizari de Chypre à la garance d'Oissel ; mais au contraire, la laine E 1/8 y a pris une couleur de feu plus jaune-brûlant, également solide.
Dans une demi-pinte de déchet de bouillon d'apprêt E 1/8, j'ai fait cuire un gros de ce même lizari de Chypre. Ce bain coulé, j'y ai abattu un gros & demi s de laine encore mouillée de cet apprêt E 1/8, qui travaillée pendant trois-quarts-d'heure en est sortie imprégnée de la véritable couleur des fleurs [196] du pavot cornu ou glaucium, qui résiste également aux acides & aux alcalis.
M'étant aperçu que cet apprêt détériorait un peu la laine & la cordelait, quoiqu'elle se feutrât bien, je crus pouvoir changer les proportions des drogues accessoires en doublant la crème de tartre & diminuant de moitié la saumure, & ne laissant bouillir dans l'apprêt que pendant vingt-cinq minutes.
Alors, dans une demi-pinte d'eau de puits & un verre de déchet de ce dernier bouillon d'apprêt, je fis cuire deux gros de belle garance d'Oissel. Le bain coulé, j'y abattis deux gros de laine & espagnolette du dit apprêt modifié, qui, après trois-quarts-d'heure de travail & teinture sans bouillir, y acquirent une belle couleur de feu, qu'un quart-d'heure d'ébullition ne put point roser. Mais la laine avait conservé beaucoup de nerf, & n'étant pas cordelée, elle se cardait plus facilement.
Dans trois-quarts de pinte d'eau pure de puits, j'ai fait cuire deux gros de belle [197] garance en poudre, & dans la colature j'abattis deux gros de laine & étoffe de ce dernier apprêt modifié. La nuance se montra d'abord assez belle, mais en espérant de la roser, j'enlevai les sujets & jetai dans le bain une cuillerée d'eau de potasse, qui le vira en pourpre. Mais les lainages réabattus y furent ternis & réduits au ton des beaux garançages ordinaires, au lieu du rouge exalté dû par l'apprêt. Cela m'a confirmé dans mon opinion, que l'industrie, ne doit s'exercer que sur les bouillons d'apprêts, & n'ajouter presque jamais aucuns sels aux bains de teinture ou colorants.
Je crois devoir observer encore que l'eau que j'ai employée dans toutes mes expériences dissout parfaitement le savon, mais procède d'un puits creusé dans la pierre calcaire blanche dure, à la profondeur de soixante-dix pieds. Il ne contient point de sources, mais il est entretenu par des pleurs ou suintages d'eau entre les lits des pierres. Il paraît aussi de niveau avec la rivière de Seine, distante d'un demi-quart de lieue, [198] car l'effet des marées s'y manifeste par le plus ou le moins d'eau. Cependant l'eau puisée immédiatement dans la Seine m'a toujours donné des rouges de garance moins pétillants.
Ces beaux garançages ne cédant à l'écarlate de cochenille que par un fonds généralement trop jaune, j'ai cru pouvoir les roser en ajoutant aux doses de l'apprêt E 1/8 seulement neuf grains de dissolution de cuivre ; mais l'expérience m'a bientôt détrompé.
Dans une demi-pinte d'eau, j'ai fait cuire un gros de garance, & dans la colature de ce bain, j'ai abattu un gros de laine E 1/8. Après teinture je l'ai enlevée, ajouté au déchet du bain un verre d'eau & dix-huit grains de saumure qui avait séjourné douze heures sur de la chaux fraisée ; mais la laine y réabattue & travaillée n'y a point acquis de rosage.
Dans la même quantité d'eau, j'ai fait cuire un gros & demi de belle garance & neuf grains d'orceille sèche pulvérisée. Ce [199] bain un peu pourpre étant coulé, j'y ai teint un gros de laine E 1/8 qui, après le travail en est sortie belle, brillante, mais non rosée. J'ai voulu doubler la dose de l'orceille, mais, à dix-huit grains, elle a décomposé le bain de garance.
En employant une quantité triple des racines sèches de caille-lait, j'ai obtenu ces mêmes rouges exaltés, ainsi que de la croisette de Portugal, à poids égal à celui de la garance, comme je l'ai annoncé à leurs articles ; mais aucune autre rubiacée ne m'a procuré cet avantage.
J'ai encore varié l'apprêt E 1/8 en substituant l'alun à la crème de tartre ; mais la laine ainsi préparée, abattue dans un bain de garance, n'y a contracté que la couleur des fleurs du glaucium.
J'ai fait un nouvel apprêt indiqué à la suite de la composition par les caractères EMR 1/8, qui désignent que c'est un huitième d'étain dissous dans de l'eau régale muriatique. Les laines qui en ont été imprégnées ont acquis dans le bain de [200] garance poids pour poids, une couleur pseudo-écarlate qui approche de celle des fleurs du coquelicot des champs.
J'ai de même opéré sur deux onces de laine que M. Jean-Baptiste Grandin, d'Elbeuf, a bien voulu faire filer pour en fabriquer un petit drap d'échantillon, & la couleur s'est maintenue dans toutes les opérations de la fabrique.
Dans une demi-pinte d'eau de puits & un demi-verre de déchet du bouillon d'apprêt E & O, j'ai fait cuire un gros de belle garance d'Oissel. Ce bain soutiré, j'y ai abattu un gros de laine & lainage dudit apprêt E & O ; l'un & l'autre y ont acquis un beau rouge jouant l'écarlate. Un demi-gros de laine du même apprêt, abattu en seconde mise dans le déchet de ce bain, y a pris encore une très jolie nuance capucine.
Un gros de laine du même apprêt E & O abattu dans un bain de demi-pinte d'eau pure & d'un gros de garance, a contracté un rouge trop foncé. Il semble qu'en se [201] servant d'eau pure, il suffirait avec cet apprêt du demi-poids de la laine en garance.
Dans une demi-pinte d'eau, j'ai fait cuire longuement & sans bouillir un gros de belle garance. Ce bain soutiré, j'y ai abattu un gros de laine d'apprêt EAMF l/8, c'est-à-dire, par solution d'un huitième d'étain en acide marin fumant. Cette laine y a contracté une très belle imitation d'écarlate.
Il résulte de ces beaux garançages, qu'on pourroit en fabriquer des draps qui, teints en laine résistante également au savon & aux acides, conserveroient leur couleur bien plus longtemps que l'écarlate, à laquelle ils cèdent peu quant à l'éclat. Ils coûteroient moins ; ils procéderoient d'un colorant du crû de la France ; ils conviendroient singulièrement pour les habits d'officiers pendant la guerre, ainsi que pour les grandes livrées. Peut-être qu'un heureux tour de main indiquera les moyens d'obtenir cette belle couleur un peu plus [202] rosée, & alors elle aurait toutes sortes d'avantages sur l'écarlate de cochenille. Je ne puis donc trop inviter les Amateurs & les Artistes à tenter cette précieuse découverte.
GAUDE
- Nom accepté : Reseda luteola
GAUDE, (Reseda Luteola.) J'ai d'abord employé cet ingrédient très connu, dans son état d'exsiccation, ainsi qu'on en fait usage dans tous les Atteliers. Je me suis seulement assuré que sans ternir l'éclat & la franchise du jaune qu'il procure, l'apprêt LF ajoute beaucoup à sa ténacité, quoiqu'il fléchisse encore un peu aux acides.
Mais ensuite j'ai voulu éprouver la même plante encore verte & nouvellement cueillie, en quadruplant seulement son poids pour compenser l'eau de végétation qu'elle contenoit, elle m'a procuré un bain très peu coloré, mais dans lequel la laine LF, en demi-heure sans bouillir, a contracté un jaune-verdâtre, diaphane & charmant, que l'immersion pendant dix minutes dans le vinaigre n'altère point. Cette opération est donc très importante pour composer des verts solides.
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Une seconde mise de laine du même apprêt, dans le déchet de ce bain, y a pris la même couleur moins intense ; puis poussée au bouillon pendant deux heures, elle est devenue olive-jaune, diaphane, inattaquable à trois heures de séjour dans le vinaigre.
L'apprêt E, qui ennoblit d'autres jaunes, ne m'a point paru ajouter beaucoup de brillant de celui-ci.
Des écheveaux de coton de divers apprêts, teints dans ces bains de gaude fraîche, n'y ont point acquis la faculté de résister aux acides.
II est une espèce de gaude sauvage qui croît spontanément dans les friches & sur les coteaux marneux, connue sous le nom de l'herbe maure ou reseda commun. Elle m'a procuré un bain mucilagineux, couleur de citron, dans lequel la laine LF n'a pris qu'une mesquine nuance olivâtre.
GENÊT à balais
- Nom accepté : Cytisus scoparius
GENÊT à balais, (Spartium Scoparium.) Lorsque cet arbrisseau lève dans une jeune vente, il croît autant que les cépées qui [204] l'abritent & le forcent à former une tige unique, & en dix années il acquiert, en bons fond, jusqu'à dix pieds de hauteur & cinq à six pouces de tour. Si, d'ailleurs, il est exposé au Nord, le cœur de son bois est coloré d'un rouge-brun à peu près du ton du bois de Campêche, & cette partie constitue souvent jusqu'aux deux tiers de son diamètre.
Ce fut dans l'hiver de 1779, que j'observai pour la première fois cette singularité dont je conçus de grandes espérances. Je dépouillai d'abord ce bois coloré de tout l'aubier qui l'environnoit, & j'en hachai trois onces que je fis cuire pendant deux heures dans une pinte d'eau. Il en résulta un bain très riche & de la couleur du sirop d'une compote de cerises nouvelles. Cependant un gros de laine LF n'y acquit qu'une couleur de vigogne-rousse, mais très solide. La laine d'apprêt AT y prit une nuance de plus.
La laine vierge, pétrie en terre précipitée du vitriol de Chypre & de l'alun, [205] séchée & lavée, abattue dans un pareil bain, y acquit une couleur de canelle foncée bien solide au savon, mais qui rougit un peu dans le vinaigre.
Quelques gouttes de dissolution de fer, ajoutées à la solution d'alun avant d'en précipiter la terre, ont communiqué à la laine y pétrie la faculté d'acquérir dans le bain de cœur de genêt un beau mordoré bien solide.
Au lieu de la dissolution de fer, un gros de sucre de Saturne, ajouté à la précipitation de la terre d'alun, a fait prendre à la laine y pétrie une couleur canelle-mordorée, mais bringée.
Un gros de sel d'étain substitué au sucre de Saturne, dans cette même précipitation, a fait acquérir à la laine y pétrie, séchée & lavée, puis teinte dans le bain de cœur de genêt, le mordoré le plus riche & le plus assurée.
Dans un bain de quatre gros du même bois, j'ai abattu un gros de laine & un gros de velours de coton préparés par le mor- [206] dant de M. Giroz. La laine n'y a pris qu'un vilain musc-terne, & le velours de coton une couleur de feuille-morte.
Un gros de velours de coton, préparé comme pour recevoir le rouge d'Andrinople, y a contracté un beau musc bien intense, & qui résiste à toute épreuve.
Dans le déchet très réduit du dernier bain ci-dessus, j'ai abattu un demi-gros de laine LF ; elle y a pris en une heure une belle nuance mordorée telle qu'elle ne l'eut pas acquise en quatre heures d'ébullition dans un bain ordinaire non concentré. Il conviendrait donc d'essayer de réduire d'abord presque tous nos bains qui exigent une longue cuite. En cas de succès, ce sera le plus certain & le plus économique moyen d'appliquer en grand & sur pièces entières d'étoffes ces belles & solides couleurs. Il n'en coûtera point plus de combustible, & l'on épargnera la présence des Manipulateurs, qui n'est nécessaire que lorsque les sujets à teindre sont dans la chaudière. Un Attiseur suffira pour entre- [207] tenir le feu pendant la durée de la réduction de plusieurs bains en diverses chaudières. La laine qui, pour sa teinture, aura bouilli deux & trois heures de moins, en sortira plus douce, plus aisée à filer & fouler. Peut-être exigera-t-elle plus de soins en l'abattant afin de prévenir les brinjures ou inégalités ; mais il ne faudra l'abattre qu'au bain tiède pour avoir plus de temps à la crocheter & tourner.
La laine d'apprêt E 1/8, abattue dans un bain de cœur de genêt, y a bringé horriblement sans y acquérir de couleur intéressante.
L'écorce fraîche du gros-bois de genêt a communiqué à la laine LF une jolie couleur de ventre-de-biche.
Malgré ce qui résulte des Essais ci-dessus, je suis très persuadé qu'il nous reste encore à découvrir le véritable mordant capable de transmettre à la laine cette belle couleur cerise qui distingue le bain du cœur de genêt.
Alors nous posséderions en France un colorant presque aussi précieux [208] que le bois de Fernambouc. Je me reproche de ne l'avoir pas essayé avec l'écorce de bouleau, & j'y destine mon premier loisir.
Il est encore fort singulier que de tous les gros genêts ex-crûs à l'exposition du Midi, presque aucun ne m'a procuré de bois coloré.
Les fleurs du genêt à balais donnent un joli bain citron qui ne communique aucune couleur à la laine de quelque apprêt que je l'aie imprégnée.
GENÊT A POILS
- Nom accepté : Genista pilosa
GENÊT A POILS (Genista Pilosa.) Trois onces de ses brindilles vertes, cuites dans trois-quarts de pinte d'eau, fournissent un bain qui, dès le premier bouillon, exhale l'odeur de la tubéreuse, & montre la couleur du bain de la gaude ; aussi en demi-heure sans bouillir la laine LF, au poids d'un gros, y prend-elle une jolie teinte de citron qui résiste au savon, mais non au vinaigre.
Une seconde mise dans le déchet, après trois-quarts d'heure de bouillon, est passée au jaune-ravenelle, puis en continuant à [209] bouillir, elle a contracté un ton musc doré qui résiste pendant douze heures aux deux épreuves.
GENÊT D'ESPAGNE
- Nom accepté : Spartium junceum
GENÊT D'ESPAGNE, (Spartium Junceum.) Ses jeunes branches donnent un bain jaune-fauve dans lequel, au premier bouillon, la laine LF ne prend qu'un jaune-gris-terne, puis, en deux heures d'ébullition, un jaune-musc ou ombre de jaune passable. La décoction de ses fleurs ne communique aucune teinture.
GENÊT DES TEINTURIERS
- Nom accepté : Genista tinctoria
GENÊT DES TEINTURIERS, (Genista Tinctoria.) Les herbages médiocres & en coteaux des environs de Pont-1'Évêque, Cambesnard, & autres lisières du pays d'Auge, sont infestés de ce petit arbrisseau. Ses tiges & brindilles produisent un bain jaune-foncé presque souci. La laine LF y acquiert, entre chaud & bouillon, un beau jaune-citron. Une seconde mise dans le déchet y prend en bouillant un jaune-foncé, mais terne. Au reste, ces jaunes acquièrent diverses nuances de vert dans la cuve-d'Inde
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GENIÈVRE
- Nom accepté : Juniperus communis
GENIÈVRE, (Juniperus communis). Son bois, gros comme le doigt, étant bien haché & cuit pendant deux heures, au poids de trois onces dans trois-quarts de pinte d'eau, communique à un gros de laine LF, en trois heures de bouillon, une jolie couleur de noisette qui tient bien.
GÉRANIUM à grandes fleurs rouges
- Nom accepté : Geranium sanguineum
GÉRANIUM à grandes fleurs rouges, (Geranium sanguineum.) Une poignée de ses feuilles & tiges fleuries, cuite dans trois-quarts de pinte d'eau, produit un bain jaune-olivâtre-foncé presque mordoré. Un gros de laine LF y a pris, au long bouillon, un musc-doré très solide.
GÉRANIUM herbe à Robert
- Nom accepté : Geranium robertianum
GÉRANIUM, herbe à Robert, (Geranium Robertianum.) Une poignée des plantes fleurie donne un bain musc dans lequel un gros de laine LF contracte, en demi-heure sans bouillir, un jaune intense, mais olivâtre. Le long bouillon le vire en un musc-clair & doré qui résiste aux deux épreuves.
GÉRANIUM MUSQUÉ
- Nom accepté : Erodium moschatum
GÉRANIUM MUSQUÉ, (Geranium mos- [211] chatum.) Une poignée des plantes entieres & fleuries donne un bain terne & trouble qui ne conserve point d'odeur. La laine d'apprêt LF y acquiert, entre chaud & bouillon, un citron-jaune très-solide, & lorsqu'elle est lavée & féchée, elle reprend l'odeur de musc.
Une seconde mise dans le déchet prend au long bouillon un jaune-olivâtre, diaphane & très-assuré, mais cette laine ne conserve plus de parfum.
GESSE
- Nom accepté : Lathyrus sylvestris
GESSE, (Lathyrus Sylvestris.) Une poignée de ses tiges défleuries (le 25 Septembre) m'a donné un bain jaune comme celui de la gaude ; mais la laine LF n'y a pu acquérir qu'au long bouillon une nuance de vigogne-dorée-claire, qui s'intense au savon & résiste au vinaigre.
GESSE jaune
- Nom accepté : Lathyrus aphaca
GESSE jaune, (Lathyrus Aphaca). Deux onces de cette plante fraîche & fleurie, cuites dans 1/8 de pinte ou quarante pouces cubes d'eau pendant deux heures, m'ont fourni un bain jaune-verdâtre dans la colature duquel un gros de laine E 1/8 ou d'ap- [212] prêt pour rouge a pris une belle nuance de ronce-d'Artois fort transparente. Autant de laine de l'apprêt bon pour les bois, abattue en même temps dans un bain semblable, y a pris la même nuance, mais moins diaphane & brillante. La laine d'apprêt LF n'y acquiert qu'un jaune fade & terne. Cette plante est fort commune dans les champs au mois de mai : je ne l'ai point essayé séchée à l'ombre.
GIROFLÉE
- Nom accepté : Matthiola incana
GIROFLÉE (Cheiranthus Incanus.) L'espèce dont il est question dans cet article est bien à feuilles blanches, mais les fleurs, simples ou doubles, sont violettes.
Une médiocre poignée de ses feuilles & tiges m'a procuré un bain assez vert ; mais la laine LF n'y a pris aucune couleur. Quelques gouttes de dissolution de fer dans ce bain ne lui ont donné aucune énergie apparente.
Cependant cette laine seulement salie, ayant été réabattue dans un déchet d'écorce de noyer, elle y a contracté une bruniture-verdâtre assez jolie, mais qui se dément aux épreuves.
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Presque toutes les Expériences que je vais citer sur les fleurs de giroflée sont négatives ; mais ce colorant est si beau & semble tellement promettre du bleu, qu'il serait bien précieux de le fixer. Le détail des peines que j'ai prises inutilement avertira du moins d'éviter mes procédés, & d'en tenter d'autres.
Deux onces des fleurs violettes simples, cuites doucement pendant une heure dans une demi-peinte d'eau, m'ont produit un riche bain bleu qui n'a communiqué à la laine d'apprêt LF qu'un très-léger ton bleuâtre non solide.
L'addition du vitriol de Chypre, loin de lui donner de l'intensité, le détruit. Celle de la craie le rend ardoisé-gris. La laine d'apprêt AT n'y prend qu'un jaune-terne & sale.
Dans une demi-pinte de vieux déchet de bouillon d'apprêt LF, j'ai fait cuire deux onces de fleurs simples de giroflées violettes. Le bain est devenu semblable à une très riche décoction d'orceille, & [214] l'ébullition ne l'a plus viré en bleu. La laine LF n'y a rien acquis. La même, imbibée de dissolution de sel ammoniac, a pris un très léger ton verdâtre. La laine seulement dégraissée n'y déblanchit pas. La même, débouillie en vitriol de Golard, y acquiert une très-foible nuance bleuâtre sans aucune adhérence.
Dans un bain neuf de deux onces de fleurs simples & violettes, cuites en demi-pinte d'eau pure :
- L'espagnolette préparée comme pour rouge, n'a pris qu'une couleur grise-ardoisée, jolie, mais qui rougit dans le vinaigre.
- La laine préparée en sel d'étain... Presque rien.
- En y ajoutant trois gouttes de dissolution de fer... Rien.
- La laine préparée par le sel de Saturne décompose le bain.
- La laine apprêtée par le mordant de M. Giroz, n'y prend aucune couleur.
Le déchet de ce bain, qui était bleu, [215] ayant été gardé pendant huit jours dans un grand verre, est devenu semblable à une décoction d'orceille ; mais à chaud comme à froid, les laines y travaillées n'ont rien acquis.
Une forte décoction de fleurs de giroflées, traitée ensuite comme cuve de bleu, n'a rien donné à froid, & en cuisant, seulement un gris un peu verdâtre.
De la laine crue, débouillie en eau légèrement acidulée par l'huile de vitriol, n'a rien acquis dans le bain de fleurs de giroflées. En ajoutant à ce bain un peu du mordant de M. Giroz, il est viré en prune de Monsieur, qui semble agir sur la laine, mais le peu de couleur qu'il lui communique disparoît à la premiere impression du savon ou du vinaigre.
J'ai fait cuire de la glaise blanche dans un bouillon acidulé vitriolique ; puis dans cet acide neutralisé par l'eau de potasse, j'ai fait infuser à chaud de la galle noire pulvérisée : cette liqueur était d'un bleu-verdâtre. J'en ai versé dans un bain de fleurs [216] de giroflées violettes, qui aussitôt a été viré en vert-canard. La laine LF n'y a rien acquis. Je l'ai enlevée pour verser dans ce bain une cuillerée du mordant de M. Giroz, qui l'a reviré en prune de Monsieur. La laine y réabattue y a contracté un vert-pomme brillant qui jaunit un peu au vinaigre, & néanmoins peut être réputée une bonne couleur... mais difficiles nugae.
GLEDITSIA
- Nom accepté : Gleditsia triacanthos
GLEDITSIA, Fèvier, (Gleditsia Triacanthos.) Ses jeunes branches donnent un bain dont l'odeur & le goût sucré le font ressembler à une décoction de réglisse. Il communique en trois heures de bouillon, à la laine LF, une couleur de ventre-de-biche, ou vigogne blanche, peu recommandable, mais solide.
Une once de ses effrayantes épines, hachées & cuites dans un quart de pinte d'eau, a procuré un bain superbe, capucine-foncée, presque rouge, mais qui à peine a fait perdre la blancheur à la laine d'apprêt LF.
GRATERON
- Nom accepté : Galium aparine
GRATERON, (Valantia Aparine.) Ses [217] feuilles & tiges en graine encore vertes, écrasées & cuites pendant une heure, donnent un bain jaune-fauve dans lequel la laine E 1/8 a pris une nuance de vigogne-claire. Les racines de cette plante sont si menues, qu'on ne peut tirer avantage de la couleur rouge & solide qu'elles procureroient.
GREVIA OCCIDENTALIS
- Nom accepté : Grewia occidentalis
GREVIA OCCIDENTALIS. Ce joli arbrisseau, très rare encore en Normandie, se multiplie par ses marcottes. Deux onces de ses branches de trois ans, hachées & cuites dans une demi-pinte d'eau, procurent un bain qui d'abord est très visqueux & jette beaucoup d'écume. Un gros de laine LF y a pris peu-à-peu, en trois heures de bouillon, un canelle-rougeâtre, beau & bien solide. Le bain concentré exhale une agréable odeur de gérofle.
GROSEILLER ROUGE
- Nom accepté : Ribes rubrum
GROSEILLER ROUGE à grappes, (Ribes Rubrum.) Ses brindilles hachées, cuites pendant une heure, donnent à la laine LF, au long bouillon, une couleur de noisette-foncée un peu rosée, bien solide.
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Deux onces des fruits ou groseilles rouges à grappes, cuites dans un tiers de pinte d'eau, ont coloré en Nankin un gros de laine LF.
GROSEILLER ÉPINEUX
- Nom accepté : Ribes uva-crispa
GROSEILLER ÉPINEUX DES HAIES, (Uva Crispa.) Ses branches en feuilles, cuites longtemps, communiquent à la laine LF une nuance de vigogne-dorée.
Les peaux des grosses groseilles violacées donnent un bain de couleur de roses de Provins dans lequel la laine LF n'acquiert qu'une légère teinte de lilas, mais la laine d'apprêt E 1/8, un beau violet solide.
GUI
- Nom accepté : Viscum album
GUI de pommier, (Viscum Album.) Ses tiges & feuilles vertes, hachées & cuites, donnent à la laine LF une demi-teinte de jaune-terne.