Entandrophragma angolense (PROTA)

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Introduction
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Bois d'œuvre Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svg
Bois de feu Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svgGood article star.svg
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Statut de conservation Fairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgFairytale bookmark gold.svgGood article star.svgGood article star.svg


répartition en Afrique (sauvage)
1, base du fût ; 2, rameau en fleurs ; 3, fruit déhiscent (une valve enlevée). Redessiné et adapté par Iskak Syamsudin
port de l'arbre
fût
base du fût
écorce
tranche
tranche
feuilles, fruits et graines
semis
diverses parties de l'arbre (W.D. Hawthorne)
bois
coupe transversale du bois
coupe tangentielle du bois
coupe radiale du bois
face transversale du bois

Entandrophragma angolense (Welw.) C.DC.


Protologue: Bull. Herb. Boissier 2: 582, t. 21 (1894).
Famille: Meliaceae
Nombre de chromosomes: 2n = 36, 72

Synonymes

  • Entandrophragma macrophyllum A.Chev. (1909),
  • Entandrophragma rederi Harms (1910),
  • Entandrophragma leplaei Vermoesen (1921).

Noms vernaculaires

  • Tiama, acajou tiama (Fr).
  • Tiama mahogany (En).
  • Kibaba da queta (Po).

Origine et répartition géographique

Entandrophragma angolense est répandu, et présent depuis la Guinée jusque dans le sud du Soudan, en Ouganda et à l’ouest du Kenya, et vers le sud jusqu’en R.D. du Congo et en Angola.

Usages

Le bois, généralement vendu sous les noms de “gedu nohor” ou “tiama”, est très apprécié pour les menuiseries extérieures et intérieures, les meubles, l’ébénisterie, les placages et le contreplaqué ; il sert aussi aux revêtements de sol, aux boiseries intérieures, aux panneaux, aux escaliers, à la construction navale, aux châssis de véhicule et aux cercueils. Il convient pour la construction légère, les instruments de musique, les jouets, les bibelots, les boîtes, les caisses, la sculpture et le tournage. Le bois qui ne peut être valorisé comme bois d’œuvre sert de bois de feu et pour la production de charbon de bois.

L’écorce est utilisée en médecine traditionnelle. La décoction se boit pour traiter la fièvre et l’écorce s’emploie, le plus souvent en usage externe, comme antalgique contre les maux d’estomac et les ulcères peptiques, le mal d’oreille ainsi que les douleurs rénales, rhumatismales ou arthritiques. Elle s’emploie aussi en usage externe pour traiter l’ophtalmie, les œdèmes et les ulcères. L’arbre se plante comme arbre d’alignement et parfois comme arbre d’ombrage dans les bananeraies et les plantations de café et de thé.

Production et commerce international

En 2000, près de 1000 m³ de bois d’œuvre d’Entandrophragma angolense ont été exportés du Cameroun et 7500 m³ du Gabon, principalement à destination d’Europe. Le Congo a exporté 11 000 m³ de grumes en 2004 au prix moyen de US$ 164/m³, et 8000 m³ en 2005 au prix moyen de US$ 143/m³. En 2005, le Congo a en outre exporté 2000 m³ de bois scié, à un prix moyen de US$ 315/m³. De petites quantités de placages ont été exportées du Congo en 2003 et 2004, à un prix moyen de US$ 300/m³. Entandrophragma angolense est l’une des plus précieuses essences de bois d’œuvre du Ghana destinées à l’export.

Propriétés

Le bois de cœur, brun rosé pâle à brun rougeâtre pâle, fonce légèrement à l’exposition pour devenir brun rougeâtre foncé, et il se démarque nettement de l’aubier, blanc ivoire à rosé pâle, atteignant 10 cm de large. Le bois est contrefil, le grain moyennement grossier et relativement régulier. Les surfaces sciées sur quartier sont rayées de façon irrégulière.

C’est un bois de poids moyen, d’une densité de 510–735 kg/m³ à 12% d’humidité. Il sèche lentement à l’air et est sensible au gauchissement et aux déformations. Le séchage au four nécessite des programmes modérés. Les taux de retrait du bois vert à anhydre sont moyennement élevés : de 3,8–6,6% radialement et de 5,8–9,6% tangentiellement. Le bois est en général moyennement stable en service, mais parfois instable ; un bon séchage est nécessaire avant utilisation pour éviter le gauchissement en service.

A 12% d’humidité, le module de rupture est de 69–132 N/mm², le module d’élasticité de 7900–14 700 N/mm², la compression axiale de 37–67 N/mm², le cisaillement de 6–13 N/mm², le fendage de 10–25 N/mm, la dureté Janka de flanc de 4180–4220 N et la dureté Janka en bout de 5980–6000 N.

Le bois se scie et se travaille facilement aussi bien à la main qu’avec des machines-outils ; l’effet d’usure sur les lames de coupe reste modéré. Au rabotage et au façonnage, un angle de coupe de 15–20° est recommandé pour éviter le peluchage sur les surfaces sciées sur quartier ; les surfaces sciées sur dosse ne posent d’habitude pas de problème. Des outils de coupe bien affûtés sont nécessaires pour obtenir une bonne finition. Les propriétés de forage, de mortaisage et de tournage sont toutes satisfaisantes. Le bois, qui a de bonnes propriétés de rétention, n’est pas sensible aux fentes lors du clouage et du vissage. Les propriétés de collage, de coloration et de polissage sont bonnes, mais médiocres s’agissant du cintrage à la vapeur. Le bois se prête à la production de placages, aussi bien par déroulage que par tranchage ; l’étuvage pendant 48–72 heures à 85°C donne de bons résultats. Le bois est moyennement durable, étant sensible aux attaques de vrillettes, de foreurs et de térébrants marins ; il a une résistance variable aux termites. Les produits de conservation ne prennent pas sur le bois de cœur et même l’aubier est rebelle à l’imprégnation.

L’extrait au méthanol de l’écorce a montré un effet inhibiteur dose-dépendant sur des ulcères gastriques lors d’essais sur des rats. Le méthyl angolensate, un triterpénoïde isolé de l’écorce, a provoqué l’inhibition de l’ulcération gastrique et de l’activité du muscle lisse, et il a réduit l’action propulsive de l’appareil gastro-intestinal chez des souris. Lors d’essais sur des souris et des rats, le méthyl angolensate a manifesté une activité sédative. Des extraits d’écorce ont démontré une activité antiplasmodium modérée ; les composés 7α-obacunylacétate et 24-méthylènecycloarténol ont manifesté une nette activité contre des souches résistantes à la chloroquine de Plasmodium falciparum. Des triterpènes de tirucallane ont été isolés d’un extrait de feuilles.

Les graines ont une teneur lipidique d’environ 60%. Ces lipides sont riches en acide cis-vaccénique, un isomère de l’acide oléique qui peut être utilisé dans la production industrielle de nylon-11. La composition approximative en acides gras d’échantillons d’huile provenant du Ghana et du Nigeria est : acide palmitique 4–6%, acide palmitoléique 11–16%, acide hexadécadiénoïque 3–5%, acide stéarique 10–15%, acide oléique 2–3%, acide vaccénique 32–43%, acide linoléique 11–15% et acide arachidique 1–2%. Des essais menés sur des têtards ont montré que les graines contenaient des composés toxiques, probablement des limonoïdes.

Des copeaux de bois d’Entandrophragma angolense combinés à de la balle de riz ont été traités en réservoir sous pression en présence de sulfure de sodium aqueux pour produire une teinture jaune vif suffisamment résistante à la lumière et au lavage alcalin sur les tissus de coton.

Description

  • Grand arbre caducifolié, dioïque, atteignant 50(–60) m de haut ; fût dépourvu de branches jusqu’à 30(–40) m de hauteur, généralement droit et cylindrique, atteignant 200 cm de diamètre, souvent à contreforts obtus atteignant 6 m de haut et se prolongeant souvent en racines superficielles ; surface de l’écorce brun grisâtre pâle à brun orangé, lisse mais devenant écailleuse à écailles irrégulières atteignant 20 cm de diamètre, laissant des cicatrices concaves, souvent en forme de moules, écorce interne rouge rosé à stries blanchâtres, finement fibreuse ; cime en forme de dôme ; rameaux glabres, marqués de cicatrices foliaires et lenticelles de grande taille.
  • Feuilles alternes, groupées à l’extrémité des rameaux, composées paripennées à (8–) 14–20(–22) folioles ; stipules absentes ; pétiole de 8–18 cm de long, aplati ou légèrement cannelé, souvent légèrement ailé à la base, rachis de 6–30 cm de long ; pétiolules de 1–6 mm de long ; folioles opposées à alternes, oblongues-elliptiques à oblongues-obovales, de (3,5–)7–28 cm × (2–)3–8,5 cm, cunéiformes à presque arrondies à la base, courtement acuminées et plus ou moins en capuchon à l’apex, finement coriaces, presque glabres, pennatinervées à 6–12 paires de nervures latérales.
  • Inflorescence : panicule axillaire ou terminale jusqu’à 40 cm de long, à poils courts à presque glabre.
  • Fleurs unisexuées, régulières, 5-mères ; pédicelle de 0,5–1,5 mm de long ; calice en coupe, lobé quasiment jusqu’au milieu, de 0,5–1 mm de long, à poils courts sur les bords ; pétales libres, oblongs-elliptiques, de 4–5 mm de long, glabres, blanc verdâtre ; étamines soudées en un tube en coupe d’environ 4 mm de long, avec 10 anthères au sommet, qui est presque entier ; disque en coussin ; ovaire supère, conique, 5-loculaire, style épais, légèrement plus long que les étamines, stigmate discoïde, à 5 lobes ; fleurs mâles à ovaire rudimentaire, fleurs femelles à anthères plus petites, indéhiscentes.
  • Fruit : capsule cylindrique retombante de 11–22 cm × 3–5 cm, brune à noire, à nombreuses petites lenticelles, déhiscente à partir de la base par 5 valves ligneuses, contenant de nombreuses graines qui sont attachées à la partie supérieure de la colonne centrale.
  • Graines de 6–9,5 cm de long y compris la grande aile apicale.
  • Plantule à germination épigée, mais les cotylédons restent souvent à l’intérieur du tégument ; hypocotyle de 1,5–2,5 cm de long, épicotyle de 4–10 cm de long ; 2 premières feuilles opposées, simples.

Autres données botaniques

Le genre Entandrophragma comprend environ 10 espèces et est confiné à l’Afrique tropicale. Il appartient à la tribu des Swietenieae et est apparenté aux genres Lovoa, Khaya et Pseudocedrela.

Anatomie

Description anatomique du bois (codes IAWA pour les bois feuillus) :

  • Cernes de croissance : (1 : limites de cernes distinctes) ; (2 : limites de cernes indistinctes ou absentes).
  • Vaisseaux : 5 : bois à pores disséminés ; (12 : contour des vaisseaux isolés anguleux) ; 13 : perforations simples ; 22 : ponctuations intervasculaires en quinconce ; (23 : ponctuations alternes (en quinconce) de forme polygonale) ; 24 : ponctuations intervasculaires minuscules (très fines) ( 4μm) ; 30 : ponctuations radiovasculaires avec des aréoles distinctes ; semblables aux ponctuations intervasculaires en forme et en taille dans toute la cellule du rayon ; 42 : diamètre tangentiel moyen du lumen des vaisseaux 100–200 μm ; 43 : diamètre tangentiel moyen du lumen des vaisseaux 200 μm ; 47 : 5–20 vaisseaux par millimètre carré ; 58 : gomme ou autres dépôts dans les vaisseaux du bois de cœur.
  • Trachéides et fibres : 61 : fibres avec des ponctuations simples ou finement (étroitement) aréolées ; 65 : présence de fibres cloisonnées ; 66 : présence de fibres non cloisonnées ; 69 : fibres à parois fines à épaisses.
  • Parenchyme axial : 78 : parenchyme axial juxtavasculaire ; 79 : parenchyme axial circumvasculaire (en manchon) ; (80 : parenchyme axial circumvasculaire étiré) ; (83 : parenchyme axial anastomosé) ; (89 : parenchyme axial en bandes marginales ou semblant marginales) ; 92 : quatre (3–4) cellules par file verticale ; 93 : huit (5–8) cellules par file verticale ; (94 : plus de huit cellules par file verticale).
  • Rayons : 98 : rayons couramment 4– 10-sériés ; 106 : rayons composés de cellules couchées avec une rangée terminale de cellules dressées et/ou carrées ; (107 : rayons composés de cellules couchées avec 2 à 4 rangées terminales de cellules dressées et/ou carrées) ; 115 : 4–12 rayons par mm.
  • Structure étagée : (122 : rayons et/ou éléments axiaux irrégulièrement étagés (échelonnés)).
  • Inclusions minérales : (136 : présence de cristaux prismatiques) ; (137 : cristaux prismatiques dans les cellules dressées et/ou carrées des rayons) ; (138 : cristaux prismatiques dans les cellules couchées des rayons) ; (141 : cristaux prismatiques dans les cellules non cloisonnées du parenchyme axial).
(L.N. Banak, H. Beeckman & P.E. Gasson)

Croissance et développement

Dans des conditions optimales, les semis poussent assez vite : près d’1 m/an les deux premières années, exceptionnellement jusqu’à 2 m/an, et les plants effeuillés peuvent atteindre 6 m de haut 4 ans après la plantation. Dans des conditions normales, les semis ont une croissance plus lente. Ils demandent de l’ombrage, mais après le stade du semis, il faut les exposer peu à peu à davantage de lumière. Au Nigeria, des semis n’ont atteint que 3,1 m de haut et 5 cm de diamètre de tige en 43 mois, et en Guinée, ils avaient atteint la même taille au bout de 6 ans. Au Congo, la croissance annuelle moyenne en hauteur est de 50 cm et l’accroissement en diamètre est de 7 mm au cours des premières années. Dans une plantation au Gabon, les arbres avaient atteint un diamètre moyen de 7,3 cm à l’âge de 10 ans et dans un arboretum, ils ne dépassaient pas en moyenne 21,5 cm de diamètre au bout de 67 ans ; toutefois, les 2 arbres les plus vigoureux de l’arboretum atteignaient tout de même 53 cm et 61 cm de diamètre. Des arbres de plus grande taille présentaient un accroissement annuel moyen de leur diamètre de 2–6,5 mm, l’accroissement le plus important étant constaté dans la catégorie de diamètre de 50–70 cm lorsque la cime atteignait la canopée. Au Nigeria, on a calculé qu’il fallait près de 140 ans à un arbre planté pour atteindre un diamètre de fût de 100 cm, et au Gabon, qu’il lui fallait 70 ans pour atteindre 40 cm de diamètre, avec un traitement sylvicole adapté. L’arbre commence à fructifier lorsqu’il est de gros diamètre, ce qui a des répercussions sur la gestion forestière ; l’abattage des arbres de diamètre inférieur à 50 cm diminue fortement la production de fruits.

Au Liberia, Entandrophragma angolense est sans feuilles sur une courte période au début de la saison sèche. La floraison a lieu vers le milieu de la saison sèche, autour de février. En Côte d’Ivoire, les arbres fleurissent de décembre à février, parfois avril. Au Ghana, la floraison a été observée en décembre, avec l’apparition de nouvelles feuilles. Les fruits mûrissent environ 8 mois après la floraison. Au Congo, les fruits mûrissent en mai–juillet et en Guinée en septembre–février. Il arrive que les fruits mûrs tombent sans s’ouvrir lorsque l’humidité de l’air est élevée pendant une période prolongée. Mais lorsqu’elle est réduite, les fruits s’ouvrent sur l’arbre et les graines sont dispersées par le vent, la plupart cependant semblant tomber à proximité de l’arbre-mère.

Ecologie

En Afrique de l’Ouest, Entandrophragma angolense est très commun dans la forêt humide semi-décidue, surtout dans des régions où la pluviométrie annuelle est de 1600–1800 mm. On peut toutefois le trouver aussi dans la forêt sempervirente, mais son abondance décline fortement dans les régions où la pluviométrie annuelle dépasse 2300 mm. En Afrique de l’Est, il est présent dans la forêt pluviale de basse et moyenne altitude, mais parfois également dans les forêts-galeries et les fourrés, jusqu’à 1800 m d’altitude. Il a une nette préférence pour les milieux bien drainés ayant une bonne capacité de rétention de l’eau.

La régénération naturelle est souvent rare dans la forêt naturelle, mais les trouées créées par l’abattage d’arbres peuvent favoriser la régénération. En forêt naturelle, les gaules abondent dans les trouées. Des essais menés sur des semis ont montré que la croissance était favorisée par des conditions simulant la lumière présente dans les petites trouées forestières, et qu’elle restait correcte sous des conditions stimulant la lumière présente dans les trouées de taille moyenne. En pleine lumière, les semis ont eu un mauvais développement.

Multiplication et plantation

Le poids de 1000 graines est de 300–500 g. Les graines se conservent un certain temps dans des récipients hermétiquement fermés à l’abri de la chaleur, mais les dégâts dus aux insectes, auxquels elles sont très sensibles, doivent être évités, par ex. grâce à un ajout de cendres. Les graines fraîches peuvent avoir un taux de germination élevé, supérieur à 75%, mais ce taux tombe aux alentours de 25% après 3 semaines de stockage à l’air libre. La germination des graines fraîches débute 1 semaine après le semis, mais celle de graines conservées pendant 10–15 jours peut mettre 30–45 jours. La germination serait accélérée par le trempage des graines pendant une nuit. Dans les lits de semis, il faut mettre les graines aile vers le haut et les enfouir pour trois-quarts (sans l’aile). Les jeunes semis nécessitent un ombrage par le dessus.

Il est recommandé de les repiquer sous le couvert léger d’une jeune forêt secondaire ou en lignes d’enrichissement dans les sentiers des forêts. Une éclaircie s’impose au bout de 3–4 ans. Il est possible de planter en plein soleil sur des sols exceptionnellement fertiles ou sur des termitières abandonnées mais la mortalité peut atteindre 50% après quelques années.

Gestion

Dans les forêts sèches de l’est du Liberia, la densité moyenne en Entandrophragma angolense d’un diamètre de fût supérieur à 60 cm est de 1 pour 20 ha, et dans la forêt sempervirente de 1 pour 34 ha. Dans le sud du Cameroun, la densité moyenne est d’un arbre de plus de 60 cm de diamètre de fût pour 15–30 ha, le volume de bois moyen atteignant 0,55 m³/ha. Au Gabon, les arbres sont très disséminés, avec un volume de bois moyen de seulement 0,05 m³/ha. L’exploitation forestière renforce la régénération naturelle, pas seulement à travers la germination des graines mais aussi par la repousse des taillis.

Récolte

Les diamètres minimaux d’abattage sont de 60 cm en Côte d’Ivoire, de 80 cm au Cameroun, en Centrafrique, au Gabon et au Congo, de 90 cm au Liberia, et de 110 cm au Ghana. La présence de gros contreforts chez les grands arbres nécessite souvent la construction d’une plateforme avant que l’abattage puisse avoir lieu, ou le découpage des contreforts au préalable.

Rendement

En moyenne, un arbre de 60 cm de diamètre produit 3,7–4,4 m³ de bois d’œuvre commercial, un arbre de 1 m de diamètre 10,2–11,8 m³ et un arbre de 1,5 m de diamètre 23–30 m³.

Traitement après récolte

Les grumes flottent dans l’eau et elles peuvent donc être transportées par voie fluviale.

Ressources génétiques

Bien que largement réparti, Entandrophragma angolense risque de subir une érosion génétique dans un avenir proche. L’intérêt commercial suscité par son bois d’œuvre a débouché sur le prélèvement d’individus de grande taille dans toute son aire de répartition. Au Ghana et en Ouganda, Entandrophragma angolense est considéré comme menacé. Il figure dans la catégorie “vulnerable” sur la Liste rouge de l’UICN.

Perspectives

Dans de nombreuses régions, Entandrophragma angolense n’est pas actuellement exploité sur une base durable. Les taux de croissance relativement faibles dans la nature, le temps que mettent les arbres à atteindre la maturité en termes de production de fruits et la médiocre dispersion des graines semblent de sérieux inconvénients pour la régénération. En revanche, Entandrophragma angolense est capable d’une régénération correcte dans les forêts exploitées. Un approfondissement des recherches est nécessaire sur des mesures de gestion adaptées telle que semer des graines dans les endroits adéquats des forêts exploitées. Les cycles de rotation nécessaires pour garantir une exploitation durable en forêt naturelle sont probablement longs.

D’un point de vue quantitatif, les graines sont une riche source d’huile, mais des études de toxicité et des études plus détaillées sur les propriétés de l’huile restent nécessaires.

Références principales

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Sources de l'illustration

  • Voorhoeve, A.G., 1979. Liberian high forest trees. A systematic botanical study of the 75 most important or frequent high forest trees, with reference to numerous related species. Agricultural Research Reports 652, 2nd Impression. Centre for Agricultural Publishing and Documentation, Wageningen, Netherlands. 416 pp.
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Auteur(s)

  • A.T. Tchinda, Institut de Recherches Médicales et d’Etudes des Plantes Médicinales (IMPM), Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation, B.P. 6163, Yaoundé, Cameroun

Citation correcte de cet article

Tchinda, A.T., 2008. Entandrophragma angolense (Welw.) C.DC. In: Louppe, D., Oteng-Amoako, A.A. & Brink, M. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 9 juin 2023.


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