Castanea (Rolland, Flore populaire)
Sommaire
[Tome X, 114]
Castanea sativa
- Nom accepté : Castanea sativa
- castanea, castanearius, l. du m. â.
- castain, m., castanh, m., castaignier, m., anc. langued. et anc. gascon.
- chastagnier, chastaignier, chastenier, chastinier, châtanier, chatignier, anc. fr.
- castagn, castàn, castày', castanéy', castanié, castouniè, costoniè, castognò, m., castignè, cascognî, cataniè, catègnère, f., kètiniè, tchâtin, m., tchatanira, f., tchachtàn, m., tsastagnè, tsaatgnè, tsatègni, m., tsatagnèle, f., chastagn, châtôniè, chatougnà, m., chatognô, m., çastognè, etc., etc., çatin~, m., çatè~, m., en divers patois — castagnu, m., Corse.
- fatégnér, m., Lanslebourg (Sav.), c. p. M. Ed. Edmont.
- maroniè, marouniè, maronnè’, en divers patois de Normandie, Ile de Fr., Picardie, Lorraine, Orléanais, Touraine, Auvergne, Saintonge.
- ramoniè, m., Marquion (P.-de-C.), r. p.
- péloussiè, m., cévenol, La Fare-Alais, castagnados.
- moussar, m., argot, B. H. D. S., Suppl. du dict. arg., s, d., in-18
- tale, f., poitevin, Levrier.
- bois de spa (quand il est employé pour de petits meubles de luxe), Littré.
- carstaenge, carstaengier, castaenge, castangier, castanie, kerstange, moyen néerl. (Heukels.)
La fleur du châtaignier est appelée :
- charlite, f., chèrlite, f., béarnais, Lespy.
- chadél, m., Ardèche, Francus, Voy. aut. de Valgorge, 1879, p. 215.
- mira, f., tsèta, f., Albertville (Savoie), Brach.
- bali, provençal, Mistral.
- mày'stro, f. (la fleur femelle qui est la principale et décide de la récolte), cévenol, Sauv., 1785.
Noms du fruit :
- castana, castania, castina, l. du m. â., Goetz.
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- nux castanea, jovis glans, sardania glans, anc. nomencl., Fousch, 1549.
- Castanhoulmé, Castagnoulete, Castregnoulote, Castagnine, Castagnete, Castagnote, Béarn. — L. Batcave.
- castagna, castagno, castogno, costagno, costogno, castagne, castègne, cascagne, cascogne, catane, catagne, catangne, catène, catègne, catin, f., catinge, tchachtagno, chastine, chastin, m., chãtin, m., tchatagno, tsatagno, chatagno, chatani, f., chantin, m , chantagne, chantègne, chatigne, chatogne, chatoune, etc., etc., en divers patois.
- chatèy’, f., Le Lion d'Angers (M.-et-L.), r. p.
- châtre, f., Archiac (Char.-Infér.), r. p.
- châtô, Fougerolles (May.), r. p
- mârin, m., Maillezais (Vendée), c. p. M. Ph. Telot.
- marron, m., Jura, P.-de-D., Indre-et-L., Calv., Loiret.
- bôkéran, m., Bas-Valais, Gill.
- boursicô, m., boursicotte, f., Sarthe, Mont.
- coco, f., cévenol, terme enfantin. Sauv., 1785.
- cacàn, m., provenç., terme enfantin, Garcin.
- chapon de limousin, m., franç., terme plaisant, Leroux, Dict. com.
- truffe à cochon, f., Avon (S.-et-M.), r. p.
- truffe de savetier, f., argot, Lermina, 1897. p. 97.
- moussue, f., argot, B. H. D. S., Suppl. au Dict. argot., 1836.
- quistinenn, moy. bret. ; qistinenn, kistignen, bret. mod., qestenén, qistenén, vann., châtaigne, Ernault, Gloss., 557, 558 ; quisstinnenn-Bourdêll, vann., marron, l'A., Kistinen-Bourdel, haut Tréguier, id. [E. E.].
- lhorba, f., argot des ramoneurs du Val-d'Aoste, Cerlogne, Vie du petit ramoneur, 1895, p. 13. Voir d'autres noms du châtaignier et de la châtaigne dans Gilliéron et Edmont, Atl. ling. de la Fr., fasc. 6 et 32, cartes 251 et 1497.
- tamme kastanje, holl., cetkastanje, flam. — A. De C.
L'enveloppe épineuse du fruit est appelée :
- echinus, rizius, rixus, l. du m. â., Goetz; De C.
- hérisson, m., pelon, m., bogue, f., anc. fr.
- éy'riss, m., ériss, m., ariss, m., éri, m., arissoun, m., arissou, m., éy'lissou, m., Midi de la France.
- riccin, m., Corse, c. p. M. Ed. Edmont.
- pëlon, m., plon, m., Poitou, Berry.
- péloun, péroun, pélou, Languedoc, Limousin, Creuse.
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- pëlou, plou, Limousin, Creuse.
- blou, m., provençal, Castor.
- pèlhou, m., puélò, m., pèlhota, f., lyonnais, Puitsp.
- pilhaou, m., Cheylade (Cantal), r. p.
- pèlouss, masc. sing., Portes (Gard), r. p.
- pélott, m., Mur de Barrez (Aveyr.), Carb.
- péloufo, f., péloufré, cévenol, Sauvages, 1783.
- pélok, m., Bas-Quercy, Roque-Ferrier, Enigmes.
- périchoun, m., Estang (Gers), Alman. de Gascogne, 1901, p. 49.
- pëlissok, m., Parentis (Land.), c. p. M. Ed. Edmont.
- béro, f., Limagne (P.-de-D.), Pommerol.
- palaloupë, f., Choumérac (Ardèche), r. p.
- bourse, f., Centre, Jaubert.
- borchô, m., Jujurieux (Ain), Philipon. (D'où éborcè = enlever l'enveloppe épineuse de la châtaigne.)
- bòron, m., Surjoux (Ain), c. p. M. Ed. Edmont.
- bobe, f., bogue, f., ébogue, f., bouguiy’, f., Bretagne franç., Normandie, Maine (D'où éboguë, éboguië = écorcer les châtaignes.)
- ègorce, f., cukëlhon, m., Savoie, Fen.
- gorce, f., sud du Bas-Berry, sur la lisière de la Marche, Trav. de la Soc. du Berry, 13e année, p. 347.
- bu-ô, m., Mauron (Morbihan), r. p.
- grofon, m., grëfon, m., env. d'Annecy, Const.
- grofa, f., Savoie, Revue Savois., 1893, p. 100.
- fora, f., env. de Bonneville (H.-Sav.), Const.
- fouron, m., Centre, Jaub.
- califëriò, m., Yonne, Jossier.
- bouorra, f., Chambéry, r. p.
- bourre, f., franç., Monet, 1635. — Mayenne, Dott.
- bourrissou~, m., Pays d'Albret, Ducornet.
- éoule, f., houle, f., May., Dott. (D'où éoulë et houlë = écorcer la ch.)
- chacon, m., Seignelay (Yonne), Henry.
- tsarpô, m., Saint-Georges de Mons (P.-de-D.), r. p. — Varennes (Allier), Duch.
- carup, m., Cassaigne (H.-Gar.), r. p.
- caric, m. Bigorre, c. p. M. Tarissan.
- scôgne, f., namurois, Pirsoul.
- boundou, m., Aveyr., Mistral, au supplément.
- cloçzenn-gistin, cloren-gesten, « bogue », cloçzenn guistin, clozrenn guistin « ebogue », digloçza, diglozra, digloëra, digloreiñ, digloëreiñ « éboguer des chateignes », bret. — P. Grég. [E. E.].
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Voir d'autres noms de la bogue dans l'Atl. ling. de Gilliéron et Edmont, fasc. 31, carte 1467.
Un lieu planté de châtaigniers est appelé :
- castangetum, castanetum, castagnetum, castagnuretum, castanaretum, castagnerium, castenaria, castenearia, castanhale, l. du m. â., Du C.
- castagnedo, f., castagnadèro, f., châtaigneraie, f., castagnal, m., castanè, m., en divers patois.
- castagnero, f. Bigorre, c. p. M. Tarissan.
- gorce, f., Eguzon (Indre), J. Tissier. (Sur ce mot voy. A. Thomas, Nouv. Ess. de phil. franç., 1905, p. 52 et 54 et Mél. d'étym., 1902, p, 86.
- gorciè, m., sud du Bas-Berry, sur la lisière de la Marche, Trav. de la Soc. du Berry, 13e année, p. 347.
- talé, f., poitevin, Levrier.
En Béarn : Castagnère, châtaigneraie à treillis. Le cimetière de Pau était autrefois établi dans une châtaigneraie ; aussi disait-on : ana ta las castanhères (aller aux châtaigneraies), Despy Castanhet, châtaigneraie à fruits. — L. Batcave.
- quistinit, kistinid, f. ; qistinik ; qistinecq, qestenecq, f. bret., quisstinêc, vann. Ernault, Gloss., 558 [E. E.].
Toponomastique : Le Castanier, Le Castagnier, Le Castagné, Le Castaniè, Le Chatagnier, Le Castanet, Le Châtenet, La Castagne, Les Châtaignes, Le Gros Chastanh, La Châtenaye, Le Chastenay, Châtenay, Le Chastenoy, Châtenois, La Châteigneraie, La Châteignère, Le Châtenier, noms de nombreuses local.
- Le Castanet des Perdutz en 1513, Le Castanet Perdu en 1789, Le Castanet-Vieil, loc. du Gard, Germer-Durand, 1868.
- Gortium en 1548, loc. du Gard, Bligny-Bondurand, Arch. civ. du Gard, 1904, III, 78.
- Castanum Mansus en 990, Castanetum en 1257, Castan-Grenier, Les Castans, La Gorce, La Gorge, loc. de l'Hér., Thomas.
- Castaing, Castagnac, Castanède, loc. de la H.-Gar., Saint-Charles, Arch. de la H.-G., 1887.
- Grandis Castanhus en 1244, Castang, Castagnol, Le Chastaing, Le Chastanet, La Gorsa en 1330, La Gorsade au XIIIe s., Les Gorses, Gorsabal en 1450, La Maugorsia, loc. de la Dordogne, De Gourgues.
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- castayhede, doc. du XIIIe s., Castagnède, aujourd'hui, Castéide, Basses-Pyr., Raym.
- Goursat, loc. du Limousin, Leroux, Arch. civ. de la H.-Vienne, 1882, p. 174.
- Le Castanhal en 1414, Le Castaniairau, Le Chastang, Chastanac en 1670, Chastanat, Le Chataignal, loc. du Cantal, Amé.
- Castanetus en 1011, La Chatane en 1465, Les Chastans, Les Chasteins, La Gorsa au XVe s., Gorciae en 1514, Les Gorces, Les Marrons, loc. de la Drôme, Brun-Dur.
- Prè-Chastenq = loc. des H.-Alpes, Romem.
- Le Châtaignat, loc. de l'Ain, Guigne.
- Chastaing, doc. de 1404, Châtain, aujourd'hui, nom de localité, Rédet.
M. L. Batcave ajoute :
- Ducastaîng, Castagn, Castagnet.
Et aussi :
- Castagn, nom de bœuf.
- Castagniné, Castagnole, noms de vaches d'après le pelage.
- Les Gorces, Les Gorciers, loc. de l'Indre, Hubert.
- Le Bois de la Gorce, lieu-dit dans la Vienne, Dict. Arch. de la Gaule, 1875, I, 268.
- Les Cattenières, Cambrésis, Boniface, 1866, p. 82.
- La Châtonnaie, Suisse rom., Jacc.
Onomastique : Du Castaing, Castaing, Castan, Castagne, Castaigne, Castany, Castagny, Castanet, Castarède (Gers), Chastagnier, Chatonnier, Pécastaing (H.-Pyr.), Lagorce (Limousin), Gorse, Gorsas, noms de famille. [Voir Additions à la fin du volume.]
M. Feller ajoute :
- Castin, Chatin.
Et M. Tarissan :
- Castagné, Castagnède, Castagnou, Hour-Castagnou.
- Le Questin ; Castain ; Le Castan ; de Quistinic, « de la Châteigneraye », Bretagne, Ernault, Gloss. 558 [E. E.].
« Castagnà = faire la récolte des châtaigniers. » Pays d'Albret, Duc.
- kistina, bret., kistinein, vann., chercher des châtaignes [E. E.].
Ce chaton est appelé :
- bourligò (f) en Bigorre, c. p. M. Tarissan.
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Les châtaignes que l'on conserve pelées et séchées au four sont appelées :
- auriols, m. Puylaroque (Tarn-et-Garonne), c. p. M. A. Perbosc.
Une châtaigne avortée ou vide est appelée :
- çuyèy’ré, m., gònlé, m., cévenol, D'Hombres.
- moque, f., Centre, Jaubert.
- chambrère, f., poitevin, Lalanne.
- castagno gacho, f., Saint-Ybars (Corr.), La Roche.
- ékëve-lhè, f., Alberville (Sav.), Brach.
- sabatò (f) Bigorre (parce qu'elles ressemblent à une semelle), c. p. M. Tarissan.
- messourgo’, f. Montauban (T.-et-G.), c. p. M. A. Perbosc. (messourgo = mensonge).
« Il n'y a que des chiens dans ces châtaignes = elles sont vides ou ne sont pas venues à maturité. » Le Coglais (Ille-et-V.), Daguet.
« Glourious coumo lou chastaniè que nostro touto so frucho = tous les fruits du ch. sont étalés à l'extrémité des branches. » Bas-Limousin, Clément-Simon.
« Ouliviè de toun gran, Castagnè de toun pèro, Amouré tiouné = ce qu'il y a de mieux c'est l'olivier planté par ton grand-père, le châtaignier planté par ton père et le mûrier planté par toi. » Cévennes, D'Hombres-Firmas, Rech. de mém., 193.
« Onado dé boutorels, Onado dé costognos = année de champignons, année de châtaignes. » Aveyr., Duval. — « Année de hannetons, année de châtaignes. » Limousin, J.-J. Juge, p. 174.
« Lu jour dé lo Sén-Barnabé Lo chatagno montro lou bé. » Dordogne, Descourades, p. 35. — « Al més dé mày Lou pélouss này = au mois de mai la bogue commence à se former. » Gard, c. p. M. P. Fesquet. — « Lou pélouss à la Madaléno Coumo uno testo de cézèro = la bogue à la Madeleine est grosse comme une tête de grive. » Gard, c. p. M. P. Fesquet. — «A l'Acêchon lôs grofons, A la Fête à Diu On dê les avê vyus = A l'Ascension les bogues poussent, à la Fête-Dieu on doit les avoir vues. » Savoie, Constantin.
« O Sént-Marsaou Lous pélous gros coum' un barjaou. » Bas-Limous., Clément-Simon.
« Mas qué véjo pér Sént-Roch Lous pélous d'un port de roc = pourvu
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que j'aperçoive à la Saint-Roch les châtaignes à portée d'un jet de pierres, cela suffit. » Provence, Mistral. « Sén-Michiaou séns pléjo, lous éscournïous jyétou la chastagnas = quand la Saint-Michel est sans pluie, même les branches sèches (c.-à-d. les plus mauvaises branches) donnent des ch. » Bas-Limousin, Clément-Simon.
« Quand del cinc al sieis d'agous Lous pastrés ont fretz as talous Traày maou la castagno al pélouss = quand du 5 au 6 août les bergers ont froid aux talons la châtaigne avorte dans la bogue. » Gard, c. p. M. P. Fesquet
« Quand ploou per Nostra-Dama (15 août), Es tout vi et tout castagna. » Cette, Armanac cetori, 1897.
- Quand plèu entre Nostros-Damos (entre Notre-Dame d'août et Notre-Dame de septembre), es tout vi e tout castagnos, Montauban (Tarn-et-Garonne), c. p. M. A. Perbosc.
- « Brouillards d'août emportent les châtaignes. » Deux-Sèvres, Statist. (Même proverbe en Limousin.)
« Pléjo dé Sont-Ferreol Boulounto pas l'oournal = pluie de Saint-Ferréol (18 sept.) ne favorise pas la châtaigne. » Aveyr., Duv.
« Pascos émprumiéros, Castagnados éndarriéros = Pâques hâtives, récoltes de ch. tardives. » Gard, c. p. M. P. Fesquet. « Ségados (moissons) éndarriéros, Castagnados émprumiéros. » Gard, c. p. M. P. Fesquet.
« Quand sou pas al soou pér San-Luc Las éspèrés pas déssus = quand les ch. ne sont pas à terre à la Saint-Luc, ne regarde pas sur l'arbre si elles y sont. » Gard, c. p. M. P. Fesquet.
« AI més d'ost la costogno diéou èssé dins un four, Ol més dé sétémbré dins un pous = Il faut à la ch. beaucoup de chaleur en août et de la pluie en sept. » Aveyr., Vayss.
« Pélous clars, chastagnos éspéssos = bogues claires, ch. épaisses. » Bas-Limous., J. Roux.
« A Sant-Martin La castagno é lou nouvéou vin. » Provence, Mistral.
« Quand lou pélou fissa la jaouta La vélhada sauta = quand la bogue peut piquer la joue, la veillée s'en va, c.-à-d. on ne veille plus. » Limousin, J. Roux.
« Le beurre est moins abondant à l'époque de la floraison des châtaignes. » Mayenne, Dottin.
« Castagnados, f. pl., l'époque de la récolte des châtaignes.» Cévenol, D'Hombres.
«Nosé, fillo é castagno Sa raubo cruebé la magagno. » Provence XVIIe s., Bugado provenç. — « Dé nouzé, dé fiyo, dé castagno
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La raoubo acato la magagno = De noix, de fille, de ch. la robe cache les défauts. » Gard, c. p. M. P. Fesquet. — « La castagna ès bella fuora, E dintré a la magagna. » Nice, Tosell.
- Chastagnè, charbouniè; Nougiè, cendré = bois de ch. fait beaucoup de charbon, bois de noyer beaucoup de cendre. » Bas-Limousin, Clément-Simon. — « Era légnon dé clouc Qué déchék mouri sa may at cant detg houc; Era dé castagne qu'ag pensec hé = le bois de peuplier a laissé mourir sa mère au coin du feu, le bois de châtaignier a manqué d'en faire autant ; ce sont de mauvais bois de chauffage. » Ariège, Castet, p. 57.
- Chevelure chasteigne = ch. de couleur de la ch. » docum. de 1250, Laborde, 1872, p. 229. — «Cheveux chastaigners clers », doc. de 1633, Bulletin du bibliophile, 1862, p. 875. — « Des yeux chastaigniers. » Larivey, Tromperies, 1611, p. 39. — « Chastain = couleur de ch. » Duez, 1664. — « Castagennc = châtain », toulousain, Doujat, 1637. — « Castagn = châtain ». Gironde, Moureau.
- guell-gistin (= brun de châtaignes), châtain, bret., P. Grég.;
- rouss-quisstin (= roux de ch.), vann. L'A. [E. E.]
« Il n'était pas plus grand que trois châtaignes et un agland. » Armanac de Louzèro, 1908, p. 18.
« Amassat lou milhoc è léchat la castagno; si l'u la perd, l'aouté qué la gagne = si vous êtes obligé de faire un choix entre récolter du maïs ou récolter des châtaignes, laissez les ch., il y aura toujours quelqu'un pour profiter de l'aubaine. » Bigorre, Annuaire de Saint-Pé, 1889.
« Qu'ha castagnat = il a récolté les châtaignes, il ne lui reste rien à faire, il a tout dépensé. La récolte des ch. est la dernière de toutes. » Béarn, Lespy.
« Aujourd'hui ai uno bello castagno = j'ai aujourd'hui un bel ennui, une belle disposition à ne rien faire. » Marseille, Rég. De La Col., p. 25.
«Avan dé minyà la castagne qué caou déhà lou périchoun = avant de manger la châtaigne il faut défaire l'enveloppe; on n'a pas de plaisir sans peine. » Estang (Gers), Alman. de Gasc., 1901, p. 49.
« Fisà vous én castagnos caoudos vou pétaran dins la man. = Fiez-vous aux ch. chaudes, elles vous péteront dans la main. » Cévennes, Sauvages, 1786.
« La castagnos del brasié Pétou quand son pas mordudos; Las fiyos
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dé Mounpélié plourou pas quand sou pas batudos = les ch. du brasier éclatent quand elles ne sont pas mordues; les filles de Montpellier pleurent quand elles ne sont pas battues. » Gard, c. p. M. P. Fesquet.
« Il dist montrant la mariée : «Elle n'ha garde de peter. — Pourquoi ? dist Pantagruel. — Pour ce, dist Panurge, qu'elle est bien entamée. — Quelle parole est-ce là ? dist Pantagruel. — Ne voyez-vous pas, dist Panurge, que les chastaignes qu'on fait cuire au feu, si elles sont entières elles pètent que c'est rage : et pour les engarder de peter l'on les entame. Aussi ceste nouvelle mariée est bien entamée par le bas, ainsi elle ne pétera poinct. » XVIe s., Rabelais.
« Un coeur naïf comme une châtaigne écossée. » Paris-Caprice, II (1869), p. 82.
« Flac coumo une této = mou comme une châtaigne bouillie, se dit d'un homme sans énergie. » Alais, Haon.
« Crébà quicon coumo une tèto = crever quelque chose comme on crèverait une châtaigne molle, c.-à-d. bouillie avec la peau. » Alais, Haon.
« Chastaignière, f. = instrument en fer pour faire rôtir les ch. » Gratien De Pont, Controverses d. sexes, 1534, fet 98, r°.
« Boursado, f. = ch. bouillie dans sa peau. » Sarlat, Colas.
En Béarn, sabate ou pelade, après avoir enveloppé la peau. L. Batcave.
« J'ai le temps de penser au mariage comme la châtaigne dans la poêle. » G. Sand. François le Champi, 1852.
« Qu met castagnos al brazuguet N'in cerco maïtos que n'in met = qui met des ch. au feu en cherche plus qu'il n'en a mis.» Tarn-et-G., Buscon.
« On dit proverbialement, de celui qui est sorti hors du jeu ou qui n'a plus d'argent pour jouer, qu'il est allé rôtir les marrons ou simplement au rôtir. » Dict. de Trévoux, 1752.
« Ne pas mâcher châtaigne à quelqu'un = lui dire crûment sa façon de penser. » Courrier burlesque de la guerre de Paris, 1650, 2e partie, p. 13 ; Vendômois, Mart. — « Je ne lui promets pas châtaigne mâchée. » Normandie. L. Dubois, Rech. s. la Norm., 1843, p. 355.
« A cui parés-vous ces châtaignes ? » Roman de la Rose, id. Méon, II, p. 201.
« Cela n'est pas peler chastaignes = cela n'est pas avoir du bien être. » Mistere de la conception, s. d. (vers 1500), fet 74, r°.
[123]
« Cado costognèto so bégudèto = à chaque châtaigne mangée il faut boire son petit coup. » Aveyr., Vayss.
« Jeusner à l'eau et à la chastagne = jeûner sévèrement. » Furetière, Roman bourg., 1666, éd. Jannet, p. 226.
« Les chastaignes crues engendrent des poux. » L. Joubert, Err. pop., 1600, p. 138. — De même en Bigorre, c. p. M. Tarissan.
« C'est un pays de Cocaigne, Les étrons d'asne y sont châtaignes. » Ode d'Horace en vers burlesques, 1653, p. 55. (Cf. Mélusine, VIII, 116 [E. E.])
« Pour faire peter quelqu'un. Prenez fleurs de chastaignes et les seichez au four tant qu'on puisse les réduire en poudre et d'icelles metterez dans le potage ou autre liqueur de qui vous voudrez avoir le plaisir. » XVIe s., D'Harmonville, Œuvres de Tabarin, 1850. — « La femme ne mangera point de châtaignes le soir de peur de scandaliser, pendant la nuit, le nez de son mari. » Supplément au Théâtre ital., 1697, p. 189.
« Gardez-vous de faire griller des ch. avant la Sainte-Catherine; le feu du ciel consumerait vos châtaigniers. » Limousin, J.-J. Juge, p. 135. — « On doit se garder de faire rôtir des ch. avant la Toussaint, car, si on le faisait, le charbon se mettrait au blé que l'on sème en ce moment. » Gers, Rev. d. trad. pop., 1895, p. 532.
« L'usage est de manger les châtaignes le 1er nov., veille des morts. On dit qu'on doit en mettre quelques-unes sous l'oreiller, en se couchant, pour empêcher les revenants de venir la nuit nous tirer par les pieds. » Marseille, Rég. De La Col., p. 276; cf. Jourdanne, p. 44.
Autrefois en médecine la châtaigne représentait une grosseur approximative : « Mel da inmodum castaneae parvae. » Constantinus Africanus, Opera, 1636, p. 195. — « In modum castaneae. » Moyen âge, P. Meyer, dans Romania, 1903, p. 279. = « Prenez du basilicon gros comme un marron.» Louyse Bourgeois, Rec. de secrets, 1635, p. 50.
« Je ne te doubte le pris d'une chastaigne. » Boca, Romans de Baud., 1841, I, 272.
« Moy qui n'ay vaillant une chastaigne. » J. Bouchet, Faitz et ditz de Molinet, 1531, fet 42 v°.
« Bouyour dé castagno = mauvais café, mauvaise boisson. » Marseille, Armana marsihés, 1891, p. 64. — «Jus de châtaigne = même sens. » argot milit., Bibi-Tapin, Bistrouille à l'armée du salut, s. d. (vers 1890).
[124]
« Un Pied de Châtaignier = un Limousin. » Paris, r. p.
« Porter des châtaignes en Limousin = faire une chose inutile. » Proverbe.
« Lou boun Diu castagnes da à qui nou las sap pelà = le bon Dieu donne des ch. à qui ne sait pas les éplucher. Se dit à propos de celui qui ne sait pas tirer parti de ce qu'il a. » Béarn, Lespy.
« Aco n'éy pas pourgà castagnas = ce n'est pas éplucher des ch., ce n'est pas une chose aisée à faire. » Béarn, Lespy. — « Ce n'est pas peler chastaignes = même sens. » XVe s., Mistere de la conception de la vierge Marie, s. d., fet 74, r°.
« Fare una castagna = faire la figue, faire la nique. » italien, Duez, 1678. — « Pélét aquére castagna = pelez cette ch., expression grivoise accompagnée d'un geste incongru. » B. Pyr., Larroque, Arrépouès, 1897.
« Se nou y ère pas anat, ne o'at habere pas castagnat = S'il n'y était pas allé, il n'aurait pas attrapé cette châtaigne. — Béarn, c. p. M. L. Batcave.
Une châtaigne ou un marron = coup de poing sur la figure, français vulgaire. — « Noémie vous allez faire pleuvoir les châtaignes = je vais vous donner des coups. » J. Rictus, Dimanche, 1905, p. 6.
« Castagnoto = croquignole, chiquenaude. » Provence, Mistral. — « Si nou y ère pas anat, nou s'at habéré pas castagnat = s'il n'y était pas allé, il n'aurait pas eu cette châtaigne. Se dit après une mésaventure ; il ne fallait pas qu'il y aille. » Béarn, Lespy.
« Plumer la châtaigne = l'éplucher ; il en plumera la châtaigne = il en subira les conséquences, il le payera cher. » Cotgrave, 1650. — Peler la châtaigne = être puni seul pour une faute faite par plusieurs; recevoir des horions pour les autres, par exemple en séparant deux combattants. » Mayenne, Dottin.
« A cui parés-vous ces chastaignes = qui voulez-vous tromper ? » Roman de la Rose, édit. Méon, t. II, p. 201. — « A qui peles-vous tel chastaingne ? = même sens. » anc. fr., God.
« Castagno = pudendum muliebre. » Gard, r. p. — « Faire péter la châtaigne = métamorphoser une fille en femme. » argot, L. Rigaud.
« Fayré pétà la castagno = faire claquer les doigts en signe de joie. » Provence, Mistr.
« Un nas dé castagno = un nez court. » Provence, Mistr.
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« Vous ressemblez à la chastaigne, on ne sait par où vous aborder. » J.-P. Camus, Diotrephe, 1626, I, 113. — « Ne sçachant par où empoigner ces chastaignes hérissées de toutes parts = est dit au figuré. » J.-P. Camus, Casilde, 1628, p. 151.
Ne savez-vous pas que la castenge Douce, plaisans ist de le (la) boisse (enveloppe) Aspre, poignant de grant angoisse. » Roi Guillaume, v. 1150, dans Du Cange, Gloss. franç.
« Tu n'est qu'un chadel (= fleur de châtaignier) = tu n'es qu'un blanc-bec, un pas grand chose. » Ardèche, Francus, Autour de Valgorge, 1879, p. 215.
« On appelait pendant la Restauration, en Provence, châtaigniers, les bonapartistes, parce que Bonaparte était né en Corse, pays de châtaigniers. » Mray Lafon, Boîte d'or, 1880, p. 40.
« Bille à châtaignes = figure grotesque. » argot, Delvau, 1883. — « Quel marron sculpté ! = quelle tête d'imbécile ! » Flévy D'Urville, Ordures de Paris, 1874, p. 131.
« Autrefois les paysans de Bretagne enlevaient les écorces des châtaigniers pour servir de bière à leurs enfants morts. » Voir l'Intermédiaire d. Cherch. et d. Cur., 1899, col. 433.
« Des marrons gardés dans la poche préservent des rhumatismes. Wallonie. J. Feller. — Cf. Flore, suprà, t. VIII, p. 209.
« Tirer les chastaignes du feu avec la patte du lévrier.» anc. fr. God. — « Faire comme le singe qui tire les marrons du feu avec la patte du chat. » Dict. de Trévoux, 1752. (Voir Œuvres de J. de La Fontaine, édit. des Grands Ecrivains, Paris, 1884, II, 441-444 (E. E.).
Symbolique. — « Une feuille de châtaignier signifie : Conseillez-moi ; un hérisson de chastaigne = je ne vous crains. » Traité curieux des couleurs, 1647, p. 68.
« Une image représentant un châtaignier chargé de fruits symbolise la douceur unie à une écorce dure. » La Feuille, Devises, 1693, p. 4.
« Les pelures brunes et lisses de la ch. envoyées à une femme indiquent symboliquement qu'elle n'est qu'une brute, qu'elle maltraite ses enfants, qu'elle n'est bonne qu'à manger ces épluchures comme les cochons. » Ruffey près Dijon, r. p.
« Quand un jeune homme recherche une fille en mariage il lui envoie d'avance des châtaignes, puis il va la trouver chez elle. Si la fille les a fait rôtir elle-même, c'est qu'il est agréé; s'il les
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trouve non rôties, c'est qu'il est refusé. » Ruffey, près Dijon, r. p. — « Quand un garçon qui recherche une fille en mariage reçoit de celle-ci ou de sa famille un panier de châtaignes, c'est qu'il est agréé. » Poncin (Ain), r. p.
Devinettes. —« Est mihi dura caro, rugosa veste soluta ; Includor corii tegmine phoenicei. Exterius natura hirto munivit echino; Mensam orno, panis dum vice solvo famem. » Hadrianus Junius. Emblemata et aenigmatum libellus, 1569, § 13. — « Qu'és aco : béou pay'ré, Méy'chanto mày'ré, Camiso negro é blanc enfant. » Provence, Mistral.— «Brancut pày'ré, Régagnado, mày'ré, Négro nouiriço, éfan blanc. » Lauraguais (H.-Gar.), P. Fagot, Folkl. du L. — « Rudé pày'ré, Rudo mày'ré, E douso filho. » Bas-Quercy, Roque-Ferrier. — Bel pày'ré, Rudo mày'ré, Pourido filholo (jolie fillette). » Aveyr., c. p. M. A. Perbosc. — « Hérissé le père, Noire la mère, Blanche la fille. » Haute-Sav., Const. — « Brossu l'pâre, Nêra la mâre, Blanthe le flyë (fille). » Haute-Sav., Const. — « Mày machanto, Pày grand, Pélho négro, Mày'natgié (enfant) blanc. » Pays d'Albret, Dardy, I, 330. — « Négra, négra couma una mora; Blanca, blanca couma una nora (bru, belle-fille). » Hérault, Roque-Ferrier. — Grand l'pâre, Malatroua mâre; Roba nêra é chemise blanche a la flyë qu'é u mêtên = Grand le père, petite mère, robe noire et chemise blanche à la fille qui est au milieu. » Haute-Sav., Const.
« Qui est-ce qui sort du feu pour péter? La châtaigne. » Haute-Sav., Const.
« Blanc dedans, velu au milieu et tanzé par dehors. » Questions énigmatiques, 1594, p. 5.
Castanea sativa (variété)
- major castanea, castanea altilis, lat. du XVIe s., Duchesne, 1544.
- marones, lat. du XVe s., de Bosco, 1496. (de Bosco, dit que c'est la latinisation du milanais marone.)
- chastaigne de Lombardie, anc. fr., Franklin, Rues de Paris, 1874, p. 161.
- chastaigne masle, franç., Cotgr., 1650.
- grosse châtaigne, franç., Morelius, 1558.
[127]
- chastaigne de Lombardie, fr. du XIIIe s., Crapelet, Rem. hist., 1831, p. 103.
- marron de Lyon, m., parisien, Solerius, 1549. — français moderne. — « C'est une bonne espèce de châtaigne qui vient du Dauphiné et est transportée à Lyon pour y être vendue. » Brugerinus, De re cibariâ, 1560, p. 624. — « Le Lyonnois est célèbre pour ses gros marons. » XVIIe s., Loret, Muze hist., édit. Liv., III, 501.
- maron, m., marron, m., franç., Duchesne, 1544; etc., etc. — « A la foire de Bourgogne on y porte de marrons. » Folie sainte de l'amant, 1597, p. 162.
- marrounié (l'arbre), marroun (le fruit), midi de la France.
- macaron, m., Saint-Pol (P-de-C.), c. p. M. Ed. Edm.
- sardonne, f., anc. franç., Oliv. de Serres, Th. d'agr., 1600, p. 631.
- daoufinén (l'arbre), m., daoufinénco (le fruit), f., Cévenol, D'Hombres.
- marron du Brésil, m., marron du Luc, franç., Fillassier, 1791. (Le Brésil est une localité du départ. de la Loire ; Le Luc se trouve dans le Var.)
- bôkéranda, f., Bas-Valais, Gillièron.
- marôn-na, Gênois, Cas. — morron, ficoul., Pir.
« Sauter comme un marron. » XVIIe s., Cyrano de Bergerac, édit. Jacob. p. 263.
« Ils brûlent, ces gros-là, ils brûlent ! = Cri des marchands de marrons grillés à Paris. » La Gaudriole, 1892, p. 190. - [J'ai entendu : chauds les marrons! chauds! — H. G.]
« Ils ont des têtes de marrons sculptés = laides et inintelligentes. » Durandeau, Civils, 1880, p. 6. (Il s'agit peut-être ici des marrons d'Inde ?)
- pèter des marrons = griller des marrons. — Belgique, J. Feller.
La locution « tirer les marrons du feu » pour autrui vient de La Fontaine, Fables, IX, 16. [H. G.] — Voir plus haut, p. 125.
Castanea sativa (variété)
- nouziyade, f.. Indre, Ephémér. de la Soc. d'agricult. de l'Indre, 1821, p. 67 et p. 70.
- nouzillarde, f., franç., Baltet, Fruits de table, 1888.
- nouzilhade, f., ouzilhado, f., Limousin, Bull. de la Soc. d'agricult.
[128]
de Limoges, 1840, p. 50. (Cette ch. a souvent la forme d'une noisette.)
- nouzilhate, f., poitevin, Levrier. — [J'ai entendu : nouzilhague. — E. E. ]
- nouzïlha, m., Aunis, L. E. Meyer.
- nouziyar du Mans, ouziyar, m., Mayenne.
- ozillarde du Poitou, franç., Fillassier, 1791. (Il y a aussi l'ozillarde de Tours qui est plus petite.)
Onomastique : Nouzeilhes (Béarn), L. Batcave.
Castanea sativa (variété)
- exhalade, f., franç. du Limousin, Cabanis, Principes de la greffe, 1781, p. 86.
- exhalade du Périgord, f., franc., Fillassier, 1791.
- égalade, f., marron bâtard, m., franç. de la Dordogne, Feuille du cultivateur, 10 oct. 1792.
- éy'jalado, f., Brive (Corr.), Lép.
- jalade, f., franç. de la Haute-Vienne, Texier-Olivier, Statist. de la H.-Vienne, 1808, p. 316.
Castanea sativa (variété)
- cari-ou, m., Brive (Corr.), Lép.
- cariva, f., cariéou, m., Tulle (Corr.), Lép.
- courivo, f., Haute-Vienne, Texier-Olivier, Stat. de la H. -Vienne, 1808.
- corivo, f., Dordogne, Feuille du cultiv., 10 oct. 1792.
- corive, f., canive, f., corne de bœuf, f., français de la Corrèze, Primes d'honneur, 1878. p. 397.
- châtaigne de Limoges, franç., Pomet, 1694, p. 258.
Castanea sativa (variété)
- figaré (l'arbre), m., Cévenol, Sauv., 1785. — figaret, m., Languedoc, Boucoiran.
- figaréto (le fruit), f., Gard, Annales de l'Agric. franç., 1815. p. 6.
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[Les compléments qui suivent viennent de Additions et corrections du tome 10 (Rolland, Flore populaire)]
[214]
Toponomastique. - M. L. Batcave nous communique la liste suivante :
- Castagnède, cant. de Salies, Castaède, XIIIe siècle (Fors de Béarn). - Castanhède, vers 1360. - Castanhède, 1385.
- Castagnolles, ruisseau.
- Castagnol, f., cne de Nay, 1536.
- Castagnoula, ruisseau.
[215]
- Castaing, h., cne d'Assat.
- Castaing, h., comm. d'Orthez, Castanh, 1376.
- Castaing, f., comm. d'Orthez, 1527.
- Castaing, fief, cne de Rontignon, 1538.
- Castaing, ruisseau.
- Castaings (grands), écart, cne de Castillon (cant. d'Arthez).
- Castède, ruisseau, 1538.
- Casteide Cami, cant. d'Orthez, Castaède, XIIIe siècle (fors). - Castahède, 1485 ; Castanhède, 1538.
- Casteide Candau. cant. d 'Arthez, Castaède Candau, 1402 ; Castaeda, 1538.
- Casteide-Doat, cant. de Montaner, Castaède de Montanères, 1372.
- Castanh, adjectif, châtain, vient de Castagn.
Les gens de Mesplède, canton d'Arthez, sont appelés Castagnoulets de M., leur pays ne produisant que de petites châtaignes, castagnoulètes.
Onomastique. - Pécastaing = (au) pied du châtaignier, [nom fréquent dans le Sud-Ouest. - H. G.]
Avant que, par le développement général du bien-être, la vie campagnarde se modelât sur la vie urbaine (et cela au détriment de la santé), le châtaignier avait une grande importance sociale par la valeur nutritive de ses fruits ; et la châtaigne faisait des races fortes.
Nous tirons ce qui suit d'un article « Châtaignes et Marrons » dans le Journal de la Santé du 20 janvier 1913 :
Cette grande valeur alimentaire explique peut-être pourquoi les personnes qui en font une nourriture quotidienne sont robustes et peuvent accomplir de rudes travaux. Ainsi ces ouvriers, ces maçons, ces gars trapus et vigoureux viennent des pays où fleurit le châtaignier, le Limousin, l'Auvergne, les Alpes, les Pyrénées, la Corse, pays de montagnes où l'été est assez chaud, mais où la neige recouvre le sol durant 4 à 5 mois d'hiver. Il faut se féliciter que le châtaignier fournissant une matière très nutritive et peu coûteuse soit l'arbre des pays pauvres, aux communications difficiles, et où la rareté du travail oblige les habitants à aller dans les grands centres louer leurs bras durant la bonne saison.
La châtaigne était déjà la principale nourriture du paysan romain. On se rappelle les paroles de Tityre invitant l'exilé au passage :
- sunt nobis mitia poma,
- Castaneæ molles, et pressi copia lactis.
[216]
Le manque de place m'empêche de reproduire une très jolie poésie de M. Jean Aicard, Fruits d'hiver, où l'on voit en action l'emploi et le rôle social de la châtaigne. - H. G.
C'est probablement à tort que le nom propre Nouzeilhes, d'Orthez (Basses-Pyr.) a été donné à propos d'une variété de la châtaigne. La famille est originaire de la Gascogne, et ce nom doit probablement être reporté à l'onomastique du noisetier.
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- Voir aussi : Poésie sur la châtaigne [Tome X, 210]